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lundi 20 novembre 2017

SDF au Havre : adolescents venus d'Afrique et d'Albanie

Par Julie Amadis
#IpEaVaEaFaF
Le 20/11/2017










Un rassemblement avait lieu ce soir pour dénoncer le sort des mineurs isolés en France au Havre devant le Palais de Justice.

Des  éducateurs et des travailleurs de l'"aide sociale à l'enfance", des militants politiques et associatifs et des jeunes étaient présents pour dénoncer ce que vivent actuellement de plus en plus de jeunes isolés en France.

Des adolescents sont venus me raconter leur histoire. Ils étaient désireux de faire connaître au public leur trajectoire difficile.



Adrian (faux nom), Albanais de 16 ans et demi actuellement hébergé par les Nids, structure de la protection de l'enfance qui aide les jeunes en difficulté.


"ça fait un an que je suis en France. J'ai dormi 2 semaines dans la rue.
Une semaine ici et une semaine à Paris. C'était en novembre, il faisait froid, c'était dur.
Après je suis allé aux Nids.
Je sais que quand j'aurai 18 ans je retournerai dans la rue."

Pourquoi êtes - vous venu en France ?

"Parce que dans mon pays c'est la corruption. Il n'y a aucune règle. C'est pas possible."

Adama (faux nom) 14 ans Ivoirien


"J'ai 14 ans. Je suis au collège Jacques Monod et je dors à l’hôtel. Il n'y a pas de place en foyer pour moi. A l’hôtel, ce qu'ils nous donnent à manger, c'est immangeable.
Ici, on ne peut pas s'exprimer.

J'ai dormi un mois dehors. Je pensais que la France c'était les droits de l'homme. C'est tout le contraire."

Vous êtes passé par où pour migrer en France ?


"Par la Libye. La Libye c'est un enfer."

C'est comment. Vous pouvez raconter ?

"Il y a une cour avec 4000 personnes dedans et ils nous tapent. Et parfois ils tuent aussi. Mais moi, je suis un enfant donc ça a été. Si tu as de la chance, ils te tapent pas. Si tu as pas de chance ils te tapent."

DES PROFESSIONNELS DE L'AIDE A L'ENFANCE EN COLÈRE

Le témoignage d'une responsable d'une structure d'aide à l'enfance :

"Notre département est un des plus endetté de France et il y a des coupes financières.
On coupe sur les étrangers et les jeunes mineurs.
Avant il y avait APJM (Accueil provisoire du jeune majeur).  On pouvait aider les jeunes jusqu'à leur 21 ans. Maintenant ce sera limité à 18 ans.
C'est une directive que nous avons eu en interne en septembre.
Sachant que l'âge médian de l'autonomie d'un jeune c'est 26 ans. Eux à 18 ans, ils seront dehors sans rien.
Avant on avait la possibilité de les accompagner jusqu'à 21 ans. Là on les fout dehors. Ils appellent cela "dispositif de droit commun"


Une personne qui travaille aux Nids :

"Quand les jeunes arrivent chez nous. Ils sont en bout de course. Ils ont souvent dormi dehors avant. Il faut pour venir chez nous que l'aide sociale à l'enfance ait été saisie.
Il y a les jeunes qui nous sont confiés et les autres.
Avant on pouvait les accompagner jusqu'à leur 21 ans alors qu'au jour d'aujourd'hui, on nous oblige  à tout abandonner notre travail à leur 18 ans.


CONCLUSION

Ils sont 31000 enfants (chiffre 2012 pas de nouvelles statistiques) à être SDF en France.
Et une éducatrice me disait ce soir que "ça avait beaucoup augmenté depuis deux,trois ans".

A Paris, ils seraient 500 à dormir dans la rue tous les soirs d'après un article du Monde écrit il y a un mois :

"Tribune. Chaque nuit, à Paris, près de 500 enfants dorment dans la rue, trouvent refuge avec leurs parents dans les services d’urgences d’hôpitaux, ou, pour les plus chanceux, chez des tiers, faute de places disponibles auprès du 115." Le Monde

 Et la situation va encore s'empirer d'après les témoignages des travailleurs sociaux qui travaillent auprès de ces jeunes car il leur sera interdit d'accompagner les jeunes en difficulté isolés après leur 18 ans. Les jeunes le disent, ils seront dans la rue à leur 18 ans !

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