Macron est depuis hier soir au Burkina, le pays de Sankara, le pays que le grand Sankara, le créateur des CDR, le grand révolutionnaire qui a lutté contre l"impérialisme et le capitalisme.
Le pays de celui qui a été assassiné par ceux dont Macron est l'héritier Franceàfric.
Un héros anti impérialiste assassiné parce qu'il voulait que toutes les richesses de son pays soient partagées entre tous les Burkinabè et que plus un centime n'entre dans les poches de ces vautours Franceàfric....
Macron est dans un pays les plus pauvres au monde et il vient en colonialiste.
RMC Kaboré le président Burkinabè voleur de la révolution de 2014, en bon valet du colonialisme a fermé les écoles du pays pour la visite de Macron.
Macron est tout de suite à l'Université de Ouagadougou et il y fait un discours.
Un discours. Pourquoi ?
Parce qu'il craint la révolution, il craint que les Burkinabè reprennent le véritable programme de Sankara et ne mettent en place l'humanocratie.
Lui qui a gardé Le Drian le ministre de la défense de Hollande qui a remis au pouvoir les terroristes MNLA et les jihadistes Ansardine au Mali... 
Avec le jihadiste Ahmada Ag Bibi pro charia à Kidal devenu député RPM de l'Internationale Socialiste
Avec la ministre terroriste Nina Wallet Intalou protégée par Serval et Barkhane après avoir organisé les attaques terroristes de 2012
Le chef d'état major qu'il a nommé a, lui, participé au génocide au Rwanda....
Et Macron voudrait faire croire au Burkinabè que la Franceàfric c'est fini !!!!!
Il ne parle 
pas aux pauvres majoritaires au Burkina mais à la proto-formoisie compradore et à leurs profs membres de la haute Formoisie. Une
minorité qui a la chance d'aller à l'Université et qu'il incite à venir
 en France étudier...
Macron fait comme Stolypine il veut développer une classe intermédiaire qui trahit les pauvres.
Stolypine
 après la révolution de 1905 avait développé une petite classe de 
propriétaires dans les campagnes avec pour objectif de développer une 
classe traitre à la population majoritaire pauvre
De
 la même manière Macron veut créer une nouvelle bourgeoisie de start-up en recrutant dans cette proto-formoisie compradore étudiante des universités coloniales. Une bourgeoisie traitre aux 
pauvres. Il choisit de parler aux étudiants burkinabè dans cette 
optique. Parmi ces petits miliciens de l'impérialisme - dont beaucoup des médiocres MPP -, Macron veut recruter des anti Sankara, anti humanocrate qui préserveront 
les intérêts impérialistes.
Les étudiants présents dans la salle sont les étudiants qui veulent bien pactiser avec l'impérialisme.
Sur les réseaux sociaux des Burkinabè expliquent que la plupart des étudiants ont refusé de participer à cette mascarade.
Il rend hommage dans le même discours à Sankara pour plaire à la jeunesse africaine et au criminel Franceàfric Chirac.
Un peu plus loin dans le discours on l'entend rendre hommage à Chirac au moment où il parle de la santé en Afrique.
Chirac qui était au pouvoir en 1987 avec Mitterrand, Chirac un des assassins de Sankara avec Foccart, Houphouet et Kadhafi ! 
Macron veut faire croire que le colonialisme est fini et que lui ne l'aurait pas connu.
Le colonialisme n'a jamais cessé d'exister.
De Gaulle a organiser de fausses indépendances. L'Afrique subsaharienne n'a jamais cessé d'être un territoire sous esclavage...
La mortalité infantile en zone Franceàfric est QUINZE FOIS PIRE qu'en "métropole esclavagiste" !
Un bébé meurt en France, quinze bébés meurent en Afrique - pour un même nombre de naissance.
Les présidents et hommes politiques qui ont tenté de rendre leur pays indépendant ont tous été tués, Sylvanus Olympio au Togo en 1963, Thomas Sankara au Burkina Faso en 1987, Patrice Lumumba au Congo en 1961, Amilcar Cabral au Cap Vert en 1973..... Le président de Côte d'Ivoire Laurent Gbagbo est à la Haye il n'était pas assez coopératif avec la Franceàfric et refusait de laisser la totalité du port d'Abidjan à Bolloré.
Et Yves Guéna a avoué avant de mourir qu'il savait depuis cinquante ans que De Gaulle tentait d'assassiner Sékou Touré...... en l'accusant de paranoïa !!!!
L'Afrique subsaharienne est un territoire d'occupation esclavagiste. 
Pour payer des salaires de misères, il faut réprimer les populations et empêcher toute révolte.
Les troupes françaises sont là pour cela...
Et elles n'ont jamais été aussi nombreuses qu'au pire moment de la colonisation.
Le comportement de Macron dit l'inverse de ce qu'il veut montrer. Il tutoie les étudiants qui lui posent des questions. On l'entend dire "
Les terroristes ont été envoyé au Mali par Sarkozy et mis au pouvoir par Hollande. 58 millions de dollars leur a été donnés.
Iyad Ag Ghali a été protégé par Hollande et Le Drian (son ministre des affaires étrangères) qui est allé le cacher à l’hôtel Laïco au Burkina chez Compaoré quand celui ci était menacé....
Pour le réchauffement climatique, il faut être gonflé quand on est un pays gros consommateur de carbone d'oser parler du réchauffement climatique sans dire que ce sont les pays européens qui sont responsable de réchauffement du sahel ...
C'est les pays consommateur de carbone qui doivent payer les dégâts des pays non consommateur
M. Macron nous parle d'aide de la France à l'Afrique :
C’est
 ce changement de méthode que je proposerai demain au sommet UE Afrique.
 Nous devons être plus efficaces, plus au contact des besoin du terrain,
 en ayant davantage une culture de l’évaluation; parfois notre aide 
publique au développement ne correspond pas aux besoins, elle fait 
plaisir au gouvernement, mais c’est une mauvaise méthode. Elle doit être
 évaluée. Si elle est efficace il faut la poursuivre, sinon il faut la 
rediriger. 
CONCLUSION
Macron veut tout faire pour préserver les intérêts Franceàfric en Afrique. 
Les bénéfices des patrons français sont colossaux. En versant des salaires 20 fois inférieurs aux salaires français on peut faire beaucoup d'argent, pour exemple, Bolloré qui fait 80% de ses profits en Afrique en payant 50€/mois dans ses plantations en Afrique Subsaharienne.
C'est avec l'argent volé aux Africains que Vincent Bolloré a acheté Canal Plus !
La Révolution a commencé au Togo depuis le 19 août 2017, elle a commencé de façon rampante en 2012, elle va forcément renverser le dictateur Gnassingbé et donc s'étendre ....
Le Burkina c'est le pays de Sankara donc les pays des CDR et de l'humanocratie...
C'est en réalité de cela dont a le plus peur Macron, les CDR, le vrai pouvoir du peuple et sa véritable autonomie...
C'est pour cette raison qu'il a choisi le Burkina Faso, le Pays des Hommes Intègres....
Mais Macron ne s'adresse pas à la population du Burkina mais à l'élite du pays, les étudiants. Les étudiants sont membres de la proto formoisie compradores, certains sont destinés à devenir des proto hauts formois. 
Macron comme Stolypine l'avait fait un Russie en 1905 suite à la révolution ratée, annonce vouloir créer une classe sociale allié au pouvoir... Une nouvelle bourgeoisie capitaliste.
Il veut développer cette haute formoisie, la cajoler, lui proposer des cadeaux (ce qu'il a fait dans son discours) pour qu'elle trahisse le grande majorité de la population, pauvre...
Mais il s'y prend mal... 
Ce président Franceàfric veut faire croire à ces proto hauts formois qu'il n'est pas un "colonialiste"... en les poussant à se mentir.... et à mettre dans leur poche les discours de Sankara....
Mais ces actes sont révélateurs de son racisme et de son colonialiste. Après le discours, dans les questions réponses, il tutoyait les étudiants et leur parlait de manière irrespectueuse pour un Président de la République 
"vas - y" "
t'en a qu'une de question".
Édité par Yanick Toutain
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COMPLÉMENT : DISCOURS ENTIER DE MACRON 
A OUAGADOUGOU (SOURCE : JEUNE AFRIQUE)
    Le président français a délivré un long discours "à l'Afrique", ce 
mardi 28 novembre devant des étudiants de l'université de Ouagadougou, 
qui devrait faire date, tant les sujets abordés ont été nombreux. Nous 
vous livrons ici l'intégralité de cette intervention.   
C’est un discours fleuve que le président français à délivré ce 
mardi à l’université de Ouagadougou. Sécurité, éducation, démographie, 
assassinat de Thomas Sankara, culture, francophonie… La palette des 
sujets abordés dans ce texte préparé en lien direct avec le Conseil 
présidentiel pour l’Afrique installé fin août par Emmanuel Macron est 
vaste.
Nous vous proposons ici le texte complet de ce discours :
« Je voudrais tout d’abord exprimer ma profonde reconnaissance au 
président Kaboré et à Monsieur le président de l’université et à vous 
tous, mesdames, messieurs, de m’accueillir ici dans votre pays, dans 
votre région et dans ce lieu où votre présence et vos visages me donnent
 une vision pleine de promesses d’avenir et qui se construit ici. Merci,
 Monsieur le président, de l’accueil qui nous est réservé depuis hier 
soir dans votre pays, de cette journée que nous allons passer ensemble 
et de m’avoir permis de m’adresser à vous dans ce cadre.
Je suis également reconnaissant à chacun d’entre vous d’avoir 
suspendu pour quelques heures la tâche la plus précieuse au monde : la 
construction de l’avenir que vous osez inventer selon la belle formule 
d’un de vos compatriotes. « Cet avenir que vous osez inventer », vous 
l’avez reconnue, c’est une formule de Thomas SANKARA à qui je souhaite 
solennellement rendre hommage.
Il n’y a plus de politique africaine de la France !!
Alors on m’a dit, ici c’est un amphithéâtre marxiste et panafricain. 
Donc je me suis dit : « C’est peut-être l’endroit où je dois aller pour 
m’exprimer. »
Parce que je ne vais pas venir vous dire que nous allons faire un 
grand discours pour ouvrir une nouvelle page de la relation entre la 
France et l’Afrique. Ou je ne suis pas venu ici vous dire quelle est la 
politique africaine de la France comme d’aucuns le prétendent. Parce 
qu’il n’y a plus de politique africaine de la France !!
Il y a une politique que nous pouvons conduire, il y a des amis, il y
 a des gens avec qui on est d’accord, d’autres non. Mais il y a surtout 
un continent que nous devons regarder en face. Alors, il n’est jamais 
aisé, compte tenu de notre histoire partagée pour un président français 
de venir parler comme cela de l’Afrique, et je n’aurais pas la 
prétention ici d’exprimer la complexité et la diversité d’un continent 
de 54 pays.
D’abord parce que ça a quelque chose de terriblement arrogant 
d’essayer d’expliquer en quelque sorte qu’il y aurait une unité absolue,
 une homogénéité complète ; 54 pays, avec autant d’histoire, avec plus 
encore d’ethnies et de langues, avec des relations qui ne sont pas les 
mêmes à l’égard de la France et un passé des traumatismes bien souvent 
différents.
Néanmoins, si je ne veux pas m’improviser historien tout 
particulièrement dans l’université qui a pris le nom d’un des plus 
grands historiens du continent, je veux m’exprimer ici au pays des 
hommes intègres  parce que je sais  qu’on ne parle pas qu’au Burkina 
Faso,  ni même uniquement à l’Afrique de l’Ouest, ni même uniquement en 
Afrique francophone ;  parce que ces barrières qu’on a longtemps mises 
dans nos représentations,  dans nos lectures politiques,  dans nos 
analyses, ce ne sont plus les barrières de l’Afrique d’aujourd’hui,  de 
la vôtre.
Ces barrières entre une Afrique francophone ou une Afrique 
anglophone,  entre une Afrique du Nord  et une Afrique subsaharienne,  
entre une Afrique francophone et lusophone aussi, toutes ces 
barrières-là sont artificielles, elles ne viennent que plaquer en 
quelque sorte un passé qui doit passer,  des représentations qui ont 
été,  des constructions qui doivent évoluer.
Je suis comme vous d’une génération qui n’a jamais connu l’Afrique comme un continent colonisé
Je parlerais donc ici devant vous de l’Afrique comme d’un continent 
pluriel, multiple, fort, et comme d’un continent où se joue une partie 
de notre avenir commun.
Je vous parlerais avec sincérité mais aussi avec une profonde amitié.
 Je suis comme vous d’une génération qui n’a jamais connu l’Afrique 
comme un continent colonisé.
Je suis d’une génération dont l’un des plus beaux souvenirs 
politiques est la victoire de Nelson Mandela et son combat contre 
l’apartheid, chassé par une solidarité panafricaine allant de l’Alger à 
Rabat, de Luanda à Conakry. C’est cela l’histoire de notre génération.
Aussi je me refuse à toujours revenir sur les mêmes représentations 
d’hier. Il y a eu des combats, il y a eu des fautes et des crimes, il y a
 eu des grandes choses et des histoires heureuses. Mais j’ai une 
conviction profonde, notre responsabilité n’est pas de nous y enferrer, 
 notre responsabilité n’est pas de rester dans ce passé et de vivre 
l’aventure pleine et entière de cette génération.
Je suis d’une génération de Français pour qui les crimes de la 
colonisation européenne sont incontestables et font partie de notre 
histoire. Je me reconnais dans les voix d’Albert Londres et d’André GIDE
 qui ont dénoncé les milliers de morts du Chemin de fer du Congo, et je 
n’oublie pas que ces voix  alors ont été minoritaires en France comme en
 Europe.
Je suis aussi d’une génération qui a été impressionnée par la 
détermination de la jeunesse burkinabè à défendre à deux reprises et 
parfois au prix de sa vie les acquis de la démocratie et de l’Etat de 
droit.
Je suis d’une génération où on ne vient pas dire à l’Afrique  ce 
qu’elle doit faire,  quelles sont les règles de l’Etat de droit mais où 
partout on encouragera celles et ceux qui en Afrique veulent prendre 
leurs responsabilités, veulent faire souffler le vent de la liberté et 
de l’émancipation comme vous l’avez fait ici.
Et je suis d’une génération qui observe, que partout sur le continent
 africain, la jeunesse africaine réclame avec impatience de participer à
 la construction du destin de son pays et de la mondialisation. Je suis 
d’une génération de Français pour qui l’Afrique n’est ni un encombrant 
passé, ni un voisin parmi d’autres. La France entretient avec l’Afrique 
un lien historique indéfectible, pétri de souffrance, de déchirements, 
mais aussi si souvent de fraternité et d’entraide.
L’Afrique est gravée dans la mémoire française, dans la culture, dans
 l’Histoire, dans l’identité de la France et c’est là une force et une 
fierté que je veux cultiver, que je veux porter comme un atout de la 
France, pour la France et pour l’Afrique dans notre rapport au monde.
Je constate qu’il y a un incident technique. Je voudrais juste 
m’assurer qu’il n’y a pas de troubles qui vont au-delà. Tout va bien ? 
Que celui qui a pris les étincelles le disent au lieu de se tenir 
dignement. (coupure de son)
Nous sommes une génération dont les destins mêlés, qu’on le veuille 
ou non, parce que nous avons cette Histoire commune mais parce que nos 
parents, nos frères, parfois nos enfants ont fait ce choix d’enjamber 
les continents et les mers. Et je suis, comme vous, d’une génération 
convaincue que les diasporas africaines de France sont aussi au cœur de 
notre ouverture du monde. Et je suis aussi convaincu, comme nombre 
d’entre vous dans cette salle, que nous ne pouvons simplement nous 
regarder comme étant à des milliers et des milliers de kilomètres, mais 
comme étant aussi souvent de sang, d’Histoire et de destins mêlés.
J’entends souvent dire que la force de l’Afrique, c’est sa jeunesse. 
Quand je vois les chiffres, qu’il s’agisse du Faso comme de toute la 
région, il est difficile de dire le contraire. Mais permettez-moi de 
dire que la force de la France, surtout en Europe aujourd’hui, c’est 
aussi sa jeunesse. Et sa jeunesse, elle est en partie issue de cette 
Histoire commune. Sa jeunesse, pour partie, elle regarde aussi 
l’Afrique. Elle nous écoute quand nous parlons d’Afrique parce que nous 
lui parlons à elle-même. La jeunesse française est aussi pour partie une
 jeunesse sénégalaise, ivoirienne, guinéenne, burkinabé, nigérienne, 
malienne ; elle est aussi tout cela. Et donc lorsque je vous parle de 
vous, je vous parle aussi de moi.
Enfin, je suis d’une génération profondément européenne. D’une 
génération qui est fortement attachée à son pays mais aussi à ce qu’il 
peut construire avec les autres. J’en tire la conviction intime que ce 
n’est pas simplement un dialogue franco-africain que nous devons 
reconstruire ensemble, mais bien un projet entre nos deux continents, 
mais bien une relation nouvelle, repensée à la bonne échelle, où l’Union
 européenne saura parler et construire avec l’Union africaine et avec 
l’Afrique tout entière. C’est bien à cette échelle que les choses 
aujourd’hui se jouent.
C’est pour toutes ces raisons que j’ai tenu à être devant vous 
aujourd’hui, ici au Burkina Faso, et dans ce lieu. Un lieu où on ne peut
 pas tricher, un lieu qui résume les deux visages de l’Afrique : celui 
de ses formidables opportunités mais aussi celui de ses difficultés, des
 épreuves, du combat quotidien que chacun d’entre vous mène avec courage
 pour forger son propre destin. Je ne serai pas du côté de ceux qui 
voient dans l’Afrique le continent des crises et de la misère, mais je 
ne serai pas non plus du côté de ceux qui vantent une Afrique enchantée,
 une Afrique soudainement parée de toutes les vertus et érigée en 
modèle.
L’Afrique est le continent central, global, incontournable car c’est ici que se télescopent tous les défis contemporains
Je ne serai pas de ceux qui se voilent la face et ignorent la 
difficulté de votre quotidien. De ceux qui ignorent les grèves, les 
années blanches, les difficultés d’accéder à des manuels, à une bourse, 
parfois tout bonnement à une vie simple et heureuse. Je serai du côté de
 ceux qui portent un regard lucide. Ceux qui considèrent que l’Afrique 
n’est ni un continent perdu, ni un continent sauvé. Je considère que 
l’Afrique est tout simplement le continent central, global, 
incontournable car c’est ici que se télescopent tous les défis 
contemporains.
C’est en Afrique que se jouera une partie du basculement du monde. Si
 nous échouons à relever ces défis ensemble, alors l’Afrique tombera 
dans l’obscurité, c’est possible. Elle régressera, elle reculera. Mais 
avec elle, l’Europe aura les mêmes difficultés, parce que s’ouvrira une 
longue période de migration, de misère, des routes de la nécessité et de
 la douleur plus encore qu’aujourd’hui.
Mais si nous parvenons à relever ensemble ces défis, si nous sommes à
 la hauteur de ce grand moment de bascule que nous sommes en train de 
vivre, alors ici se jouera une partie de la croissance du monde. Alors 
ici, cette jeunesse sera une jeunesse de réussite et de conquête parce 
qu’il y a tout à conquérir. Alors ce sera une ère de développement, de 
croissance et d’opportunités nouvelles pour les Africains comme pour 
toutes celles et ceux qui voudront à leurs côtés mener cette aventure.
Ce grand moment de bascule, c’est celui où en Afrique, nous devons 
justement relever tous les défis. Le terrorisme qui a frappé deux fois 
notre capitale mais qui chaque jour, de manière insidieuse, bouscule les
 équilibres et la stabilité du pays. Le changement climatique qui ravage
 le Sahel plus que toute autre région dans le monde, qui au lac Tchad, 
dans toute la bande sahélo-saharienne, bascule des populations entières,
 plonge dans la pauvreté la plus complète des femmes et des hommes qui 
vivaient de l’agriculture, de la vente du poisson ou de routes 
commerciales qui vivaient depuis des siècles et des siècles.
La démographie, avec 450 millions de jeunes à insérer sur le marché 
du travail en Afrique d’ici 2050 ; l’urbanisation puisque l’Afrique sera
 dans quelques années le continent des mégalopoles ; et enfin la 
démocratie, combat que vous avez ici mené et gagné et qui reste le 
combat d’une grande partie de la jeunesse africaine. Surtout, vous 
connaissez ce qu’aucun autre continent n’a connu, ce qu’aucune autre 
génération n’a connu : le cumul en même temps de tous ces défis.
Votre génération a une responsabilité immense, celle de devoir le 
plus rapidement possible relever ces défis tous ensemble. Vous ne pouvez
 pas simplement gagner le défi du changement climatique en oubliant les 
autres, vous ne pouvez pas simplement gagner la bataille contre le 
terrorisme si, dans le même temps, vous ne gagnez pas celui du 
développement économique et de la stabilité. C’est tout en se (coupure 
de son)… beaucoup d’autres ont échoué, là où beaucoup d’autres se sont 
dit : « Ce combat n’est pas pour nous. Nous pouvons en faire 
l’économie », là où beaucoup d’autres s’étaient habitués.
Si je suis venu m’adresser à vous, c’est que beaucoup de choses 
résident en vous. Je vous en dois quelques-unes. Vos gouvernants vous en
 doivent aussi beaucoup, mais c’est en vous que réside une partie de la 
solution. Dans votre volonté de prendre ce chemin, dans votre force de 
caractère et votre détermination à réussir ce temps de bascule, dans 
notre capacité ensemble à relever ce défi. La solution ne viendra pas de
 l’extérieur, mais elle ne viendra pas non plus du statu quo ou des 
vieilles habitudes.
Je veux être à vos côtés. Celui qui aidera l’Europe à saisir cette 
chance, celle d’écouter la jeunesse africaine, d’en tirer le meilleur et
 de mettre son potentiel au profit de l’ensemble du monde. Et cela 
commence en venant devant vous, à votre écoute, à l’écoute de toutes les
 voix. J’irai écouter la jeunesse partout où elle se trouve, partout où 
elle s’exprime. Cet après-midi ensemble dans une école, demain en Côte 
d’Ivoire puis après-demain au Ghana sur des terrains de football. J’irai
 partout écouter ce qui s’exprime, ce qui se dit, ce qui se veut. Mais 
d’autres m’aideront aussi pour entendre votre message et j’ai tenu à ce 
qu’ils soient présents à mes côtés aujourd’hui.
J’ai pris l’engagement d’avoir une France au rendez-vous du défi de développement
Ce sont les membres du Conseil présidentiel pour l’Afrique. Pour 
l’Afrique car ils seront un lien permanent avec vous comme le sont les 
organisations que je n’oublie pas, qui œuvrent au quotidien sur le 
terrain aux côtés des populations. Et présidentiel car votre voix me 
sera restituée sans filtre, sans intermédiaire, sans concession. C’est 
ce qu’ils ont commencé à faire il y a quelques jours, lorsque nous avons
 préparé ensemble ce déplacement.
Ce sont des jeunes femmes et de jeunes hommes qui ont accepté de 
prendre sur leur temps pour venir être, en quelque sorte, vos 
porte-voix, pour venir à la rencontre, pour venir écouter, partager leur
 expérience. Non pas me dire ce qu’il faudrait me dire ou ce qu’on dit à
 un président de la République depuis parfois bien longtemps. Non ! Me 
dire ce qui se dit, ce qui se ressent, ce qui se veut, ce qui est 
attendu, ce qui est nécessaire. C’est ce qu’ils continueront de faire en
 veillant au respect des engagements pris devant vous.
Parce que je suis venu pour prendre des engagements et j’en ai déjà 
pris. J’ai pris l’engagement d’avoir une France au rendez-vous du défi 
de développement. Beaucoup de ce que je viens de rappeler et de ce que 
je vais dans un instant détailler ne serait pas possible si la France 
n’était pas à la hauteur de ce défi et ne décidait pas d’être à la 
hauteur en termes d’aide publique au développement. Je sais que c’est 
très attendu. Aussi ai-je pris l’engagement, dès le début de mon mandat,
 d’atteindre à la fin de celui-ci les 0,55 % du revenu national brut en 
termes d’aide publique au développement. C’est un engagement ferme, il 
est exigeant.
Il est exigeant. Il supposera des efforts, nous les ferons. Parce que
 ces efforts, c’est la contribution française à la réussite de tout un 
continent, de nombreux pays, parce que c’est une part de notre réussite 
aussi. Et donc, dans les prochains mois, une stratégie sera détaillée, 
préparée par le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, qui 
année après année, expliquera très précisément comment nous y 
parviendront avec des engagements financés et avec des financements à la
 clef.
Mais je ne veux pour autant pas que nous nous arrêtions aux chiffres.
 L’aide publique au développement, nous savons parfois ce que ça peut 
dire, ce que cela a pu dire. Un argent qui va trop peu sur le terrain, 
trop peu justement aux jeunes ou ceux qui en ont le plus besoin. Et 
donc, cette philosophie qui a été changée il y a plusieurs années en 
France sous l’autorité de Jean-Michel SEVERINO dont je salue ici la 
présence, et qui est aujourd’hui portée à la tête de l’AFD, l’Agence 
Française de Développement par Rémy RIOUX, également à mes côtés, c’est 
cette transformation que nous avons conduite depuis plusieurs années, 
conduisant à avoir une politique de développement française plus proche 
du terrain, plus à l’écoute des besoins, travaillant de manière plus 
délocalisée au contact des besoins.
Parfois, notre aide publique au développement ne répond pas aux besoins
Nous devons passer une nouvelle étape, franchir encore un nouveau 
seuil. Je souhaite que nous réfléchissions dans les prochains mois avec 
vous peut-être à un nouveau nom, à une nouvelle philosophie, à des 
nouvelles modalités d’action, comme ce que nous avons su faire ensemble 
il y a quelques semaines au Sahel avec l’Alliance pour le Sahel. 
C’est-à-dire savoir avoir une aide publique au développement plus 
spécifique où nous nous mettons ensemble autour de la table, de manière 
directe, avec les étudiants, avec les ONG, avec les associations, avec 
les entreprises et où la France, avec ses partenaires africains, se met 
en situation d’agréger l’aide multilatérale, l’aide d’autres puissances 
européennes pour être plus efficace.
Non pas pour avoir des cathédrales que nous construisons à notre 
gloire, non. Pour poursuivre des projets dont les Africains ont besoin. 
L’Alliance pour le Sahel lancée en juillet dernier, elle associe 
l’Allemagne, l’Union européenne, la Banque africaine de développement, 
la Banque mondiale et le PNUD avec l’ensemble des membres du G5 Sahel. 
Et elle permet de manière beaucoup plus efficace, avec méthode, 
d’intervenir ainsi sur le terrain.
C’est ce changement de méthode que je proposerai à tous demain au 
sommet entre l’Europe et l’Afrique à Abidjan. C’est ce changement de 
méthode que nous avons commencé mais qui doit se poursuivre de manière 
indispensable, où nous devons être plus efficace, plus au contact des 
besoins du terrain, en désintermédiant parfois notre organisation et en 
ayant davantage collectivement une culture de l’évaluation.
Parfois, notre aide publique au développement ne répond pas aux 
besoins. Elle fait plaisir à des gouvernements français ou africains. 
C’est une mauvaise méthode. Elle doit être évaluée ; elle doit être 
évaluée. Si elle est efficace, il faut la poursuivre. Si elle ne l’est 
pas, il faut la réorienter vers des projets portés sur le terrain et des
 projets que nous accompagnerons. C’est cette nouvelle philosophie, 
cette nouvelle volonté qui accompagnera l’engagement ferme en termes de 
financement pris par la France.
Mesdames et messieurs, chers amis, les mots sont importants parce 
qu’ils sont le début d’un choix partagé, d’une histoire partagée, d’un 
imaginaire commun. C’est pourquoi la proposition avec laquelle je viens 
devant vous, ce n’est pas de décréter seul une nouvelle étape de notre 
relation, non. C’est avec humilité de vous proposer d’inventer ensemble 
une amitié. Nous avons tout pour y parvenir. Une histoire, des liens, 
des aventures familiales, des passions communes avec tout ce qu’elles 
emportent. Des déchirements, des volontés folles de faire et surtout une
 amitié pour agir. Car il s’agit bien ensemble de peser sur les grands 
équilibres du monde de demain.
C’est la responsabilité de dire que les drames qui se déroulent sous nos yeux en Libye sont un crime contre l’humanité
C’est cela aujourd’hui ce que, avec vous, je suis venu faire. 
Proposer d’inventer une amitié pour agir. Et le ciment de l’amitié, 
c’est de commencer par tout se dire. C’est de ne faire l’impasse sur 
aucun des périls qui peuvent emporter, de manière irréversible, la 
stabilité de l’Afrique mais aussi avec elle de l’Europe. C’est de les 
identifier et chacun de prendre sa part de responsabilité. Le premier 
péril qui pèse sur chacune de nos consciences, c’est l’atteinte à notre 
dignité humaine. C’est la responsabilité de dire que les drames qui se 
déroulent sous nos yeux en Libye sont un crime contre l’humanité.
Elles sont le stade ultime de la tragédie que nous avons laissé 
prospérer sur ce que j’appelle les routes de la nécessité. Ces routes du
 Sahel, de la Libye, de la Méditerranée, ultimes car elles nous ramènent
 au pire désastre de notre histoire partagée : celui de l’esclavagisme, 
celui de la traite des êtres humains. C’est une histoire complexe, 
millénaire. Une histoire de l’Afrique avec elle-même et de l’Afrique 
avec l’Europe. Mais c’est un crime contre l’humanité aujourd’hui sous 
nos yeux. Il faut le nommer, non pas pour accuser l’autre comme je 
l’entends parfois. Non pas pour dire : « Le problème est ailleurs. » 
Non, pour agir avec force, avec vigueur.
Je proposerai demain à Abidjan, lors du sommet rassemblant l’Europe 
et l’Afrique, aux côtés du président OUATTARA et du président CONDE, une
 initiative euro-africaines pour mettre un terme à cette stratégie 
portée par tous ceux qui veulent notre destruction. La stratégie des 
terroristes, des trafiquants d’armes et d’êtres humains qui conduisent à
 la tragédie que nous voyons sous nos yeux. Une initiative qui doit 
commencer par frapper les organisations criminelles, les réseaux de 
passeurs qui agissent impunément depuis les centres urbains de la Corne 
de l’Afrique et de l’Afrique de l’Ouest jusqu’aux côtes européennes.
Je salue, à ce titre, les actions courageuses qui ont déjà été prises
 par les autorités nigériennes. Je proposerai également que l’Afrique et
 l’Europe viennent en aide aux populations prises au piège en Libye, en 
apportant un soutien massif à l’évacuation des personnes en danger. 
C’est un devoir et c’est le nôtre. D’abord, comme nous l’avons lancé le 
28 août dernier à Paris, en ayant une action des pays européens et de 
l’Union européenne en lien étroit avec l’Union africaine dont je salue 
sur ce sujet l’engagement, qui consiste au Niger et au Tchad à aller 
envoyer des missions de l’OFPRA mais aussi de tous les équivalents 
européens, pour travailler en lien étroit avec le HCR afin d’identifier 
les femmes et les hommes qui peuvent bénéficier de la protection du 
droit d’asile. Nous devons, dès là-bas, les protéger et les ramener en 
Europe.
Nous avons commencé à envoyer les premières missions et je m’engage à
 ce que la France et l’Europe à ses côtés puisse être à la hauteur de ce
 défi. Mais dans le même temps, nous devons aussi encourager le travail 
de l’Organisation internationale des migrations pour travailler avec 
tous les Etats africains d’origine et aider au retour dans les états 
d’origine. Nous ne pouvons pas laisser des centaines de milliers 
d’Africains qui n’ont aucune chance d’obtenir le droit d’asile, qui vont
 passer parfois des années en Libye prendre tous les risques dans la 
Méditerranée, courir à ce drame. Il est donc indispensable d’œuvrer pour
 leur retour et d’aider à cet l’égard l’Organisation internationale des 
migrations.
La France a commencé à faire ce travail en lien étroit avec les 
autorités tchadiennes et nigériennes. Je veux ici remercier les 
présidents DEBY et ISSOUFOU. Mais face à l’ampleur de la tragédie qui 
est sous nos yeux, il faut changer d’échelle dans notre mobilisation. 
Alors que la Libye cherche encore la voix de sa stabilisation, nous ne 
pouvons laisser les autorités libyennes affronter seules ce défi. Nous 
avons là l’opportunité, le devoir historique de donner un sens concret 
au partenariat entre l’Europe et l’Afrique. La France sera au 
rendez-vous. Je souhaite que l’Europe tout entière le soit.
L’armée française fait partie des rares armées européenne qui a la possibilité d’agir en si peu de temps
Le deuxième impératif c’est la lutte contre le terrorisme. Je le dis 
ici parce que nous avons ce destin tragique en comment ; nos deux pays 
durant ces dernières années ont été bousculés, frappés meurtrie par le 
terrorisme.
Nos deux pays ont été frappés et  meurtris par un terrorisme 
islamiste qui s’est construit dans la zone irako-syrienne, qui s’est 
construit aussi aujourd’hui dans la bande sahélo saharienne.
La France a été à vos côtés au rendez-vous, et je salue ici la 
décision courageuse prise par mon prédécesseur François HOLLANDE 
lorsqu’il a décidé de manière extrêmement rapide d’intervenir au Mali 
pour stopper l’avancée des terroristes.
C’était la bonne décision et l’armée française fait partie des rares 
armées européenne qui a la possibilité d’agir en si peu de temps. Nous 
l’avons fait parce que la France a toujours été aux côtés de l’Afrique 
lorsque sa stabilité, lorsque sa vie était en jeu. Comme l’Afrique a 
toujours été aux côtés de la France lorsqu’il en était de même pour 
nous ; est cela notre histoire.
Mais aujourd’hui  nous continuons à être présents. Au-delà de la 
présence de la Minusma c’est bien la force Barkhane présente dans la 
bande sahélo-saharienne, qui assure la stabilité où des milliers de 
Françaises et de Français que je veux ici saluer et remercier risquent 
chaque jour leur vie pour lutter contre le terrorisme dans la région,  
pour protéger vos enfants, pour vous aider et pour gagner cette bataille
 contre le terrorisme. Je veux ici avec vous les remercier pour leur 
courage et avoir une pensée pour leur famille et pour les victimes.
Mais vous le savez, l’ambition des jeunes soldats français de 
Barkhane c’est de permettre à leurs frères d’armes burkinabés,  
nigériens,  maliens, mauritaniens, tchadiens de rejoindre leur poste et 
de protéger leurs populations. C’est cela ce qu’ils veulent,  c’est cela
 ce que je veux.
C’est pour cela que nous avons d’ailleurs lancé ensemble la force G5 
Sahel. Ces forces ont pour objectif de coordonner les forces armées des 
pays membres du G5,  de pouvoir agir sur le terrain sur les zones 
frontalières les plus difficiles et répondre au défi comme celui que 
vous visez ici au Burkina Faso.
Nous devons accélérer ce travail lancé en juillet dernier. La France a
 apporté son soutien financier, militaire, notre coopération est 
exemplaire ; nous avons aussi formé,  organisé un état-major maintenant 
intégré.
Les premières expériences ont été faites  avec succès. Je veux 
aujourd’hui que nous puissions conduire les premières victoires des 
forces du G5 Sahel. Il est indispensable, dans les prochaines semaines 
et les prochains mois, que ces forces communes  en particulier dans le 
fuseau qui vous concerne conduisent  à terrasser ces terroristes, à  
mener les premières victoires, elles  sont indispensables pour vos 
armées, pour votre population et pour ce chemin que nous menons ensemble
 contre le terrorisme.
C’est un fardeau que nous partageons et demain ce sont en effet des 
organisations régionales plus fortes et plus réactives qui ont vocation à
 prendre le relais. Je sais que c’est aussi la volonté profonde du 
président de l’Union africaine  Alpha CONDE à qui je veux rendre ici 
hommage et qui n’a jamais ménagé sa peine sur tous les conflits 
africains pour rendre l’Afrique plus présente dans le règlement de ces 
conflits.
Mais pour que l’Union africaine soit en effet plus présente et plus 
crédible encore il faut ces forces  régionales militaires crédibles, 
construites,  organisées comme celles que nous sommes en train d’édifier
 pour le G5.
Et je veux saluer à ce titre la volonté aussi du Rwanda, du Sénégal  et d’autres pays africains d’accélérer cette évolution.
C’est le sens de l’histoire. C’est aussi pourquoi je soutiendrai au 
Conseil de sécurité des Nations Unies l’initiative de l’Union africaine 
visant à assurer un financement autonome et prévisible aux opérations 
militaires africaines.
La France poursuivra bien sûr pour accompagner ce travail, les 
actions de formation que nous menons pour renforcer les capacités 
sous-régionales.
L’Afrique n’a jamais connu autant de blocages, autant d’impasses autour de ces constitutions ou de ces élections
La troisième menace qui peut miner l’Afrique ce sont les conflits 
politiques. Les plus optimistes diront que l’Afrique n’a jamais connu 
aussi peu de conflits entre Etats. Les plus réalistes – parmi lesquels 
je me compte – observeront que l’Afrique n’a jamais connu autant de 
conflits internes,  autant de blocages, autant d’impasses autour de ces 
constitutions ou de ces élections.
Dans ce domaine  je vous l’ai dit, et je ne vous donnerais pas de 
leçon. Le président de la République française n’a pas à expliquer dans 
un pays africain comment  on organise la Constitution,  comment on 
organise des élections ou la vie libre de l’opposition.
Je n’attends d’ailleurs pas cela d’un président africain pour ce qui 
concerne l’Europe. Mais c’est son rôle d’être aux côtés de ceux qui 
travaillent au quotidien, à rendre la démocratie et l’Etat de droit 
irréversible. Je pense à ceux qui agissent pour l’éducation, les Droits 
de l’homme, la justice, la liberté de la presse, je pense aux Etats qui 
le font et aux gouvernements et je salue l’action du président KABORE, 
je pense aux ONG, aux journalistes, aux universitaires, à toute cette 
collectivité du pluralisme démocratique, indispensable pour l’Afrique.
En venant ici, au Burkina Faso, j’ai une seule certitude, que le 
changement, le renouveau générationnel dans un continent dont 70 % de la
 population a moins de 30 ans, ce n’est pas une option, c’est une loi 
mathématique. Et ceux qui pensent que, aujourd’hui, en Afrique, on peut 
avoir la même politique qu’on a parfois eue depuis des décennies et des 
décennies, qui voudraient retarder le cours de l’histoire, n’ont pas 
regardé le Burkina Faso à coup sûr, mais n’ont pas compris qu’il y avait
 un ferment essentiel à ce changement, leur propre jeunesse, la jeunesse
 africaine, qui elle est en train de tourner une page.
Alors, j’appliquerai à mes interlocuteurs la même exigence que celle 
que je me suis fixé à moi-même, celle de préparer l’avenir, celle de 
faire une place à la jeunesse, celle d’investir en elle, je serai aux 
côtés de ceux qui font le choix de la responsabilité et pas celui du 
déni, partout où j’aurai de tels partenaires, je travaillerai avec eux 
sans calcul. Et c’est le cas ici, cher ROCH. Et partout où cela ne sera 
pas le cas, la France ne se privera pas d’un lien direct avec la 
jeunesse, les universités, les ONG, les entrepreneurs pour avec eux 
construire l’avenir.
Le quatrième péril, c’est l’obscurantisme, c’est l’emprise de l’extrémisme religieux sur les esprits
Le quatrième péril, c’est l’obscurantisme, c’est l’emprise de 
l’extrémisme religieux sur les esprits, et là aussi, je n’aurai aucune 
naïveté. C’est une menace bien plus redoutable parfois que le 
terrorisme, car elle est massive, diffuse, quotidienne, elle s’immisce 
dans les écoles, dans les foyers, dans les campus, dans la vie 
politique. Cette menace n’a pas de frontières, ni de continent, tout 
simplement, parce qu’elle s’attaque à ce qu’il y a de plus intime, la 
foi et la religion, pour en détourner le sens, pour en transformer la 
transcendance en négation de l’autre.
Je n’ai, là-dessus, pas de leçon à donner, moi, qui suis le président
 d’un pays qui est aussi confronté à un défi de ce type à l’intérieur de
 mes propres frontières et dans un pays laïc, où la séparation de l’Etat
 et de la religion est complète, mais je veux ici parler à toutes les 
consciences, aux vôtres, vous pouvez être totalement athée, laïc, et le 
revendiquer, vous pouvez croire dans l’islam, la religion catholique, 
dans l’animisme ou tout autre, vous pouvez être musulman, évangéliste, 
ne laissez jamais la religion dans laquelle vous croyez faire ce 
pourquoi elle n’a jamais été faite, ne laissez jamais la religion vous 
convaincre que c’est une aventure de destruction de l’autre.
Ne laissez jamais, au nom de votre religion, certains faire croire 
qu’ils pourraient dominer, voire détruire ceux qui ne croient pas ou ne 
croient pas pareil, ne laissez jamais, au nom de votre religion, 
asservir les consciences ou les individus. Toutes les religions sont des
 religions construites sur un message d’amour et d’espoir, elles ont des
 différences, elles se sont parfois combattues, mais nous avons un 
devoir, celui de construire des Etats libres, séparés du religieux et 
d’assurer l’exercice libre des consciences et adultes, mais chaque 
conscience a un devoir, c’est sa part de responsabilité, c’est de ne 
jamais laisser sa religion détournée de sa fonction première, je vous le
 dis, parce que, ici, aussi, votre responsabilité est immense.
Je veux ici remercier le prince héritier d’Arabie Saoudite qui s’est très clairement exprimé sur ce sujet
Il est temps aujourd’hui de faire barrage à l’extrémisme religieux, 
il ne faut lui laisser aucun espace en le combattant partout, dans les 
écoles, dans les universités, dans toutes les formes de citoyenneté, le 
combattre au quotidien, le combattre dans les discours politiques, et 
dans l’action. Je veux rendre ici hommage au roi du Maroc pour le rôle 
éminent qu’il joue, et pour les mots qu’il a su trouver pour provoquer 
cette prise de conscience, compte tenu du rôle éminent qui est le sien.
Mais la priorité doit être pour nous d’aller encore plus loin dans ce
 combat, nous devons éradiquer le financement de l’extrémisme et de ses 
chemins détournés de la religion, c’est le message que j’ai fait passer à
 nombre d’Etats, qui parfois sont intervenus pour financer, qui des 
fondations, qui des écoles, qui des mouvements prétendus libres pour 
parfois conduire au pire. L’Arabie Saoudite a rejoint ce combat, et je 
veux ici remercier le prince héritier d’Arabie Saoudite qui s’est très 
clairement exprimé sur ce sujet lorsque je l’ai vu il y a quelques 
semaines.
Je soutiens sa détermination à fermer toutes les fondations qui 
pendant plusieurs décennies ont entretenu l’extrémisme en Afrique et en 
Europe, c’est un mouvement courageux qui aura tout mon soutien, nous le 
suivons de près, je compte aussi sur le Qatar, la Turquie et l’Iran pour
 s’engager fermement dans ce combat ; ce sera l’enjeu de notre lutte 
commune dans les prochains mois. Nous ne devons plus accepter que 
quelque réseau que ce soit finance dans nos pays de manière directe ou 
détournée des fondations, des organisations qui nourrissent 
l’obscurantisme ou l’extrémisme.
Ce sera l’enjeu de la conférence sur la lutte contre le financement 
du terrorisme, que j’organiserai à Paris l’année prochaine. Mais il ne 
faut pas simplement fermer les écoles qui enseignent la rupture et la 
régression. Il faut en ouvrir d’autres qui bâtissent le socle commun de 
connaissances, qui nous rassemblent, nous devons bâtir une école qui 
libère les esprits et non qui les enferme, c’est pourquoi l’éducation 
sera la priorité absolue du nouveau partenariat que je vous propose.
C’est le sens de mon engagement aux côtés du président MACKY SALL 
pour co-parrainer la reconstitution du partenariat mondial pour 
l’éducation, je me rendrai en février à Dakar pour cela. Et j’aurai deux
 priorités, d’abord, je veux que la France s’engage massivement pour 
contribuer à la formation des professeurs, le ministre de l’Education 
nationale qui m’accompagne dans ce déplacement est tout particulièrement
 engagé dans ce combat, nous prendrons des engagements concrets, mais il
 est indispensable que la France aide tous les Etats d’Afrique qui le 
veulent pour réussir cette bataille contre l’obscurantisme, à former les
 enseignants, et à construire justement la stratégie qui permettra de 
former les esprits partout sur le territoire.
Ensuite, je serai aux côtés de tous les chefs d’Etat et de 
gouvernements africains qui feront le choix de la scolarisation 
obligatoire des jeunes filles. Je défendrai leur choix, et je demanderai
 à l’Agence française de développement de soutenir en priorité les 
programmes visant à la scolarisation des jeunes filles, je fixerai, à 
nos ambassades, l’objectif d’attribuer des bourses d’études en France en
 priorité à des jeunes filles. N’ayez pas peur, je n’ai pas dit qu’il 
n’y en aura que pour les jeunes filles, j’entendais cette mâle réaction 
visant à protester.
Mais je vous le dis avec la même franchise, je regarde avec 
inquiétude, parfois dans certains quartiers de mon propre pays, la 
déscolarisation des jeunes filles progresser, et je le vois dans 
certains pays africains, si l’Afrique veut réussir, et la France avec 
elle, ce grand basculement du monde, nous devons former tout le monde et
 éduquer tout le monde, et nous devons éduquer les jeunes filles, nous 
devons avoir des jeunes filles et des femmes libres, libres de choisir.
Et je vous le dis pour vous, jeunes hommes qui êtes-là, c’est bon 
pour vous, la société que vous, vous préparez, la société que nous 
allons construire, ça ne doit pas être celle d’hier, et parfois encore 
trop souvent celle d’aujourd’hui, ça ne doit pas être une société où ce 
sont les hommes qui vont dire ce qui est bon pour les femmes, qui vont 
leur choisir leur destin, qui vont dire : l’éducation est bonne pour 
moi, mais très peu pour elle. Ce n’est plus acceptable.
Il y a pas de vecteur de progrès plus puissant pour une société que 
l’émancipation des jeunes filles, le Soleil des indépendances, celui 
qu’a fait briller Ahmadou KOUROUMA, est porté par une héroïne africaine,
 qui incarne tous les espoirs d’un continent. Ce sera ma fierté que la 
France aide à faire briller le Soleil des indépendances de cette 
nouvelle génération de femmes africaines.
Cela m’amène à un cinquième défi, que nous ne pouvons pas éluder, 
c’est celui de la démographie. Y a-t-il des voix qui veulent 
s’exprimer ? Ne pas en parler, c’est irresponsable, dire : tout va bien,
 Madame la Marquise, c’est formidable, il n’y a pas de problème, on va 
continuer ensemble comme on a toujours fait, et on va s’apercevoir qu’il
 y a une démocratie extraordinairement dynamique, mais dans nombre de 
pays qui déjà n’ont pas la croissance pour faire vivre une génération, 
une démographie qui fait basculer encore de l’autre côté, c’est ne pas 
partager une préoccupation que nous devons avoir en commun.
70 % de jeunes, c’est ça l’Afrique, alors, oui, c’est une chance, je 
vous l’ai dit, j’y crois, si je n’y croyais pas, je ne serais pas là. 
Mais c’est surtout une immense responsabilité. Alors la démographie, ça 
ne se décrète pas, et là aussi, ça ne se dicte pas, aucun président ne 
va dire : ma démocratie doit être celle-ci ou celle-là, et a fortiori 
pas un président français pour l’Afrique, mais elle renvoie à des choix 
personnels, intimes, dans lesquels personne ne doit s’immiscer. Et c’est
 là le cœur du sujet.
7,8, 9 enfants par femme, est-ce qu’à chaque fois, dans 
chaque famille, vous êtes bien sûr que c’est le choix de cette jeune 
femme ?
Elle doit être un choix, en particulier pour les jeunes filles et 
pour les femmes, et posez-vous bien la question, partout, vous avez fait
 7,8, 9 enfants par femme, est-ce qu’à chaque fois, dans chaque famille,
 vous êtes bien sûr que c’est le choix de cette jeune femme ? Il y a 
dans mon pays des familles qui ont fait ce choix, il y a en France des 
familles où il y a 7, 8, 9 enfants par femme, c’est leur choix, c’est 
très bien, je n’ai pas à en juger, je n’en parle d’ailleurs jamais. Et 
je n’ai pas à en juger pour une famille et une femme africaine, mais je 
veux être sûr que partout en Afrique, ce soit bien le choix de cette 
jeune fille ou de cette femme.
Je veux le choix pour une jeune fille de pouvoir, si elle le 
souhaite, continuer ses études, de continuer à se former, de trouver un 
emploi, de créer une entreprise, de pouvoir faire ce choix, elle et 
personne d’autre, je veux partout en Afrique qu’une jeune fille puisse 
avoir le choix de ne pas être mariée à 13 ans ou à 14 ans et commencer à
 faire des enfants, non pas parce qu’un président de la République 
l’aura voulu, parce que vous l’aurez voulu, parce que vous l’aurez 
voulu, mais nous devons avoir ce débat responsable, fort, celui de la 
liberté du choix, celui qui va avec la démocratie, celui qui va avec la 
route que vous avez choisie.
C’est une conviction profonde qui m’a poussé à faire de l’égalité 
femmes/hommes la grande cause de mon mandat, en France d’abord, où nous 
avons encore d’énormes progrès à accomplir pour assurer une égalité 
réelle dans notre société, et c’est une cause que je porte aussi dans 
mon action internationale, et que je partage avec vous, aujourd’hui, la 
démographie peut être une chance, mais donc, à condition que chaque 
jeune fille, chaque femme ait la possibilité de choisir son destin dans 
nos sociétés, quelles qu’elles soient.
Le défi démographique, c’est bien sûr aussi l’accès de tous à la 
santé, essentiel combat, dans ce domaine, la France est et restera le 
deuxième contributeur du Fonds mondial pour la lutte contre le sida, la 
tuberculose et le paludisme, je peux vous confirmer ces engagements. Et 
je tiens ici à rendre hommage à l’engagement du président CHIRAC qui a 
permis à la France de contribuer aux résultats spectaculaires dans la 
réduction de ces pandémies. Mais la santé, ce n’est pas seulement 
l’accès aux médicaments, c’est la mise en place d’un véritable système 
de santé, comme ont réussi à le faire des pays, comme le Rwanda, et là 
aussi, dans ce domaine, il faut changer de modèle, l’Afrique n’a pas 
besoin uniquement qu’on lui envoie des médecins ou des infirmiers 
étrangers, il le faut parfois, et nous continuerons à le faire, mais ces
 médecins existent, ils sont formés, et souvent bien formés en Afrique, 
je pense au Sénégal, je pense à la Tunisie.
Ce dont l’Afrique a besoin, ce sont de financements pour ouvrir des structures de soins
Ce dont l’Afrique a besoin, ce sont de financements pour ouvrir des 
structures de soins où ces médecins pourront exercer avec les meilleures
 technologies, c’est de développer la télémédecine, les infrastructures 
indispensables, je demanderai pour cela aux fonds d’investissements 
privés français, aux assureurs français, de proposer aux pays africains 
de devenir les actionnaires privilégiés des champions africains de la 
Santé. Concrètement, je veux que des financements privés français 
servent demain à ouvrir des cliniques de qualité à Abidjan, Dakar, 
Ouagadougou. La France doit aussi avoir ce rôle.
Enfin sur la santé, nous nous trouverons aussi aux côtés de ceux qui 
combattent contre le trafic de faux médicaments, ce fléau parcourt toute
 l’Afrique, il touche non seulement les malades, mais bien souvent les 
plus pauvres, dans une injustice au carré, ce combat que la France a 
initié avec plusieurs autres à Cotonou, en 2009, je souhaite que nous 
puissions le poursuivre, l’accroître, pour éradiquer ce fléau.
Enfin, la menace qui peut amplifier toutes les autres et les rendre 
hors de portée, c’est le changement climatique, le changement climatique
 n’est pas une lubie pour pays développés, ça n’est pas une 
préoccupation dont certains simplement devraient s’attacher à passer 
leur quotidien, non, le changement climatique, c’est vital, c’est ce qui
 peut transformer, bousculer des régions entières, dans le Pacifique, ou
 en Afrique, l’Afrique, des rives du lac Tchad au bassin du Congo, est 
tout entière en première ligne des effets du changement climatique, elle
 peut aussi, mes amis, être à l’avant-garde des solutions, elle peut 
aussi réussir là où l’Europe n’a pas toujours su apporter les bonnes 
réponses.
La secrétaire d’Etat m’accompagne ici, et elle mène aux côtés du 
ministre d’Etat ce combat, c’est pour cela que j’ai souhaité que 
l’Afrique soit à nos côtés lors du sommet du 12 décembre prochain à 
Paris. Nous aurons des projets concrets, et en particulier des projets 
africains, face auxquels nous mettrons des financements concrets, 
publics et privés, pour permettre d’avoir des résultats rapides.
Je souhaite que la France par ses entreprises et ses opérateurs soit 
le partenaire privilégié de l’Afrique, dans le domaine de l’adaptation 
aux changements climatiques. Je pense en particulier aux énergies 
renouvelables, c’est le sens que je donnerai en inaugurant demain, avec 
le président KABORE, la centrale solaire de Zagtouli. Avec ce projet, 
j’ai la fierté de penser que la France et d’autres pays européens 
pourront ainsi contribuer aux côtés du gouvernement burkinabè à changer 
un peu la vie, à changer le quotidien des coupures d’électricité, à 
rendre l’énergie plus accessible, mais aussi plus propre.
Je veux que l’Afrique soit un lieu de financement de ces innovations radicales dans la lutte contre le réchauffement climatique
La lutte contre le réchauffement climatique doit être le terrain de 
l’innovation, de l’entreprenariat, d’un défi commun où nous devons 
réussir ensemble, où les formations doivent se multiplier, où les 
investissements nouveaux doivent se multiplier, ça n’est pas simplement 
quelque chose que vous allez avoir à subir, comme la planète entière, 
non, c’est un défi dans lequel nous devons ensemble réussir.
C’est pour cela que je veux que l’Afrique soit un lieu d’innovations 
radicales, de financement de ces innovations radicales dans la lutte 
contre le réchauffement climatique, et que l’Afrique prenne toute sa 
part, non seulement le 12 décembre prochain à Paris, mais dans le cadre 
du pacte mondial pour l’environnement, que la France a lancé et qui doit
 être porté dans le cadre de l’ONU. Je pense aussi à la ville durable, 
500 millions d’urbains en plus sur le continent en 2025, personne n’a 
jamais relever un tel défi. Ce sera votre défi, le nôtre. Cela peut être
 une chance et cela peut être une catastrophe.
Pour ma part, j’ai la conviction que c’est en Afrique qui est en 
train d’être inventée la ville durable de demain. C’est pourquoi je 
ferai de la ville durable l’enjeu du prochain sommet entre l’Afrique et 
la France, que j’ai accueillerai en France, en 2020. Ce sera pour moi 
l’opportunité, non seulement de réunir les chefs d’Etat et les 
gouvernements, mais d’élargir cette rencontre à d’autres acteurs, comme 
les maires des grandes agglomérations françaises et africaines, les 
entreprises, la société civile, pour que, là aussi, il en ressorte des 
partenariats concrets, qui nous permettront de réussir ce défi de la 
ville durable, qui nous permettront d’inventer avec innovation ce défi 
de la ville africaine du 21ème siècle, c’est indispensable.
Mesdames, Messieurs, chers amis, face à ces menaces, vous le voyez, 
il y a une réponse, celle d’une action résolue, lucide partagée, sur 
chacun des défis que je viens d’évoquer, en vous présentant avec 
franchise, l’importance de ce qui est à faire de part et d’autre, moi, 
je ne vous donne pas de leçon, je vous dis quelle sera ma part, je vous 
dis aussi avec beaucoup de franchise, quelle sera la vôtre, les 
habitudes qu’il faudra parfois rompre, les faux discours dans lesquels 
nous nous étions parfois enfermés.
Mais il y a aussi quelque chose d’inédit, un chemin que jamais 
jusqu’alors nous n’avons emprunté ensemble, celui d’une émancipation en 
partage, celui d’un risque pris, d’un risque qui était jusque-là caché, 
que j’évoquais tout à l’heure en creux, celui de la jeunesse, c’est 
cette part de risque qui nous permettra de créer, d’oser inventer 
l’avenir, et de faire ensemble deux révolutions fondamentales pour le 
continent africain, celui de la mobilité, cette révolution profonde, 
qu’il nous faut repenser, et la révolution de l’innovation.
La révolution de la mobilité, c’est celle qui nous permettra de 
repenser nos liens, mais aussi la circulation des femmes et des hommes 
en Afrique, et entre l’Afrique et l’Europe. La mobilité, c’est d’abord 
celle des étudiants, et je sais ici vos attentes. La France est bien 
souvent la première destination, je veux qu’elle soit la première 
destination, non pas par habitude, mais par choix, par désir, pas 
nécessairement pour l’ensemble des études, mais pour nourrir les 
échanges entre nos pays, pour cela, je veux que la France vous accueille
 mieux, cela veut dire offre des places et des formations dans les 
filières qui correspondent à vos besoins, cela veut dire aussi, offrir 
les conditions d’une véritable circulation dans la durée. Et j’en prends
 devant l’engagement aujourd’hui.
Je souhaite que tous ceux qui sont diplômés en France 
puissent y revenir, quand ils le souhaitent et aussi souvent qu’ils le 
souhaitent
Je souhaite que tous ceux qui sont diplômés en France puissent y 
revenir, quand ils le souhaitent et aussi souvent qu’ils le souhaitent, 
grâce à des visas de circulation de plus longue durée, parce qu’étudier 
en France, c’est une relation privilégiée qui doit se prolonger et qui 
ne doit pas se soumettre à une date couperet. C’est l’ensemble de cette 
mobilité que nous devons repenser. Je vois trop souvent des jeunes 
Africains qui viennent étudier ou en fait demander un visa d’étudiant 
pour rester en France, ça n’est pas une bonne voie, ça n’est pas une 
bonne méthode, et la France, dans la durée, ne peut pas les accueillir.
Et là-dessus, je serai intraitable, parce que c’est un contournement,
 je vois des étudiants qui veulent accéder à des formations en France, 
pour cela, je leur dis : nous allons mieux adapter les filières pour 
répondre à vos besoins. Et puis, je vois deux aberrations, une fois 
qu’ils ont été formés, qu’ils ont étudié en France, que nous avons 
investi, soit, il y a une date couperet, et ils doivent revenir, alors 
même qu’ils voulaient poursuivre leurs études en France. Nous devons en 
finir avec cela et faciliter les carrières, la fluidité et leur 
permettre de rester plus souplement, même si des améliorations ont été 
faites ces dernières années.
Mais ils ont parfois peur de revenir dans leur pays, parce qu’ils se 
disent : si je reviens, je ne pourrai plus revenir en France. Je perds, 
en quelque sorte, cet avantage d’être déjà là, et ils ne font pas 
bénéficier leur pays, ils ne font pas bénéficier l’Afrique de ce qu’ils 
ont appris, et là aussi, c’est une erreur pour tout le monde. Ce visa de
 circulation de longue durée, c’est celui qui permettra ces allers 
retours choisis, organisés c’est celui qui permettra cette mobilité de 
liberté plutôt que cette mobilité de nécessité, et ces chemins terribles
 que j’évoquais tout à l’heure.
C’est pourquoi mon projet aussi est de contribuer à renforcer la 
présence de nos établissements ici, en lien et en partenariat avec vous.
 Renforcer vos établissements et vos cursus universitaires, c’est 
multiplier les partenariats, les échanges, les formations croisées, les 
doubles diplômes, qui répondront à vos attentes, et qui nous permettront
 mutuellement de mieux apprendre l’un de l’autre. J’ai demandé à mes 
deux ministres, de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur,
 de la Recherche et de l’innovation, de travailler au doublement des 
partenariats universitaires que nous avons avec l’Afrique.
Si l’Ecole Polytechnique lance des partenariats en Côte d’Ivoire, 
d’autres écoles, d’autres écoles françaises, d’autres universités 
peuvent aussi le faire, et je me félicite, ici, des efforts entrepris 
pour un rapprochement entre un établissement d’enseignement supérieur 
français et l’Ecole d’ingénieurs de 2iE de Ouagadougou. Ce rapprochement
 – et je vous réaffirme tout notre engagement derrière ce projet – ce 
rapprochement permettra de renforcer son statut de grande école 
d’ingénieurs de référence sur le continent africain, dans les domaines 
de l’eau, de l’énergie et de l’environnement.
J’appelle donc les universités et les écoles françaises de commerce, 
d’ingénieurs, de management à ne pas perdre davantage de temps et à 
venir à votre rencontre pour développer ces parcours croisés auxquels 
aspirent nos deux jeunesses.
Et ce changement profond qui consiste à revoir, à révolutionner toute
 notre façon de penser est indispensable. Moi je ne veux pas qu’un jeune
 Burkinabè dès qu’il se dit « je vais faire des études » n’ait qu’un but
 : aller faire des études en France ! Non. Je veux qu’il puisse mener 
toutes ses études au Burkina s’il le veut. Nous devons donc lancer tous 
ces partenariats ; nous devons multiplier les cours en ligne, les 
partenariats, les doubles diplômes qui permettront ici à Ouagadougou 
d’avoir un diplôme d’une université française parce qu’il y aura un 
partenariat ; et que si il veut et doit aller en France c’est pour faire
 une formation spécifique ou c’est parce qu’il l’a choisi, pas parce 
qu’il y est contraint.
Ce changement profond c’est celui que nous vous devons parce que nous
 vous devons l’accès au même contenu. Si la francophonie a un sens – et 
c’est le projet qu’elle doit porter – c’est celui de permettre à tous 
les étudiants francophones d’avoir accès aux mêmes supports pour mener 
leurs projets et leurs études. C’est pour cette raison que j’ai demandé à
 l’Agence universitaire de la francophonie d’être à mes côtés, je veux 
qu’elle devienne la porte d’entrée pour vous donner accès à tous à une 
bibliothèque numérique des savoirs et des formations.
Nous construirons l’accès à cette bibliothèque à partir des campus 
numérique francophone. Je sais qu’il y en a,  il y en a un ici même à 
l’université Joseph Ki-Zerbo. Et nous allons les renforcer en impliquant
 les opérateurs de téléphonie mobile et les fournisseurs d’accès pour 
vous apporter dans ces campus des meilleurs points de connexion pour un 
accès de haut débit.
Je souhaite que la France puisse accueillir 1000 nouveaux talents africains chaque année
Et l’objectif c’est de pouvoir accéder aux mêmes manuels, aux mêmes 
contenus à Lyon, à Bordeaux, à Bobo-Dioulasso où à Ouagadougou. La 
mobilité ce ne sont pas seulement les études c’est une circulation plus 
large, une circulation croisée, la circulation choisie des talents.
C’est pourquoi je souhaite que la France puisse accueillir 1000 
nouveaux talents africains chaque année dans le domaine de la création 
d’entreprises, dans la recherche, dans l’innovation dans la culture, 
dans le sport.
Je vous rassure : pas pour dire qu’ils doivent uniquement aller 
réussir en France ! Non, pour que la France accélère leur réussite, mais
 pour qu’ensuite ils puissent revenir, démultiplier leurs efforts,  leur
 réussite ; et que ce passeport Talents et le visa qui va avec, qui 
permet cette liberté de mobilité permettent à toutes celles et ceux qui 
sont dans cette salle – qui veulent réussir, transformer – d’avoir accès
 à la plateforme de la francophonie, d’avoir accès à toutes les 
facilités de la réussite en France pour démultiplier et revenir tirer le
 continent africain.
En parallèle, je souhaite que plus de jeunes Français puissent aussi 
venir travailler en Afrique. Business France augmentera dès 2018 le 
nombre des jeunes volontaires français travaillant dans des entreprises 
en Afrique. Et je demanderai également à nos ambassades de recruter 
davantage de volontaires en privilégiant les candidats qui parlent ou 
ont commencé l’apprentissage d’une langue africaine.
Le point d’entrée de cette mobilité croisée ce sera ici à 
Ouagadougou ; La Maison de la Jeunesse que j’ai décidé de créer, un lieu
 accessible à tous au centre ville de votre capital qui vous sera 
spécifiquement consacré. Je remercie les autorités burkinabés pour leur 
appui dans la mise en œuvre de ce projet. Nous allons accélérer 
fortement dans les prochains mois les choses.
Cette maison de la jeunesse elle sera ouverte avant le 14 juillet 
prochain et vous pourrez l’inaugurer officiellement à cette date.
Elle rassemblera Campus France, France Volontaires, les instituts de 
recherche, un incubateur pour les jeunes créateurs d’entreprise ; tout 
ce qui est à destination de la jeunesse et permettra non seulement de 
l’accueillir mais de réussir,  d’étudier, de faire, d’entreprendre, de 
s’informer, de se projeter vers le reste du monde. Ce sera pour vous.
La deuxième révolution que nous pouvons conduire ensemble, cette 
révolution qui permettra le sursaut de la jeunesse, c’est celle de 
l’innovation et avec elle de l’entreprenariat. C’est la seule révolution
 qui peut apporter les 450 millions d’emplois dont l’Afrique aura besoin
 d’ici 2050.
Concrètement la France sera au rendez-vous en consacrant plus d’un 
milliard d’euros pour soutenir les PME africaines. Au travers de cette 
initiative, l’Agence française de développement,  la Banque publique 
d’investissement – et je remercie les deux dirigeants qui m’accompagnent
 –  mais aussi je le souhaite que les fonds d’investissement privés 
français seront les premiers partenaires des jeunes entreprises 
africaines.
Concrètement ce fonds que nous allons créer permettra avec l’Agence 
française de Développement et la Banque publique d’investissement de 
faire même peut-être plus qu’un milliard d’euros, je veux que nous 
puissions multiplié par 10 cet objectif en associant des fonds privés, 
d’autres partenaires européens, des fonds privés européens pour avoir 
une enveloppe qui permettra de financer les projets des entrepreneurs, 
des innovateurs africains.
D’abord dans le numérique, c’est le sens du programme Digital Africa 
qui permettra d’identifier les start-up africaines les plus prometteuses
 et accompagnera leur croissance ; mais aussi dans l’agriculture dont 
l’Afrique a profondément besoin. C’est plus que 60% de la population 
active, c’est le secteur dans lequel nous allons continuer et nous 
devons investir, et cette initiative financera des PME africaines qui 
accéléreront la transformation de l’agriculture africaine. Partout nous 
devons par cette initiative et l’aide que nous apportons accélérer ces 
transformations et ces transitions.
Je veux que l’Afrique soit une priorité de la diplomatie économique française
De manière générale,  cette initiative s’adressera tout particulièrement -vous l’avez compris aussi – aux femmes entrepreneuses.
La France sera également au rendez-vous en investissant dans les 
infrastructures africaines de demain. C’est le sens des efforts qui ont 
été menés pour financer de grands projets d’investissement comme le 
train urbain de Dakar, le métro d’Abidjan où celui de Casablanca.
C’est aussi le sens du fonds doté de 300 millions d’euros pour le 
soutien à des projets d’infrastructures en Afrique qui conduira ses 
premiers investissements dans les toutes prochaines semaines.
C’est aussi ce que l’Union européenne et l’Union africaine en 
particulier avec des opérateurs comme la BAD doivent continuer à 
développer sur le terrain ; nous devons partout en Afrique développer 
les infrastructures de la croissance, les infrastructures numériques,  
les infrastructures de transports et les infrastructures de l’énergie. 
Ce combat initié pour partie par la France il y a quelques années doit 
maintenant connaître une nouvelle phase, non plus celle des grandes 
déclarations,  celle de la mise en œuvre avec les grands bailleurs 
régionaux, avec les banques régionales pour que partout où c’est 
nécessaire sur le terrain ces infrastructures soient déployées.
Je veux que l’Afrique soit une priorité de la diplomatie économique 
française que les entreprises françaises investissent davantage en 
Afrique, pas seulement les grands groupes que vous connaissez mais aussi
 les PME, les entrepreneurs et plusieurs d’entre eux accompagnent 
également ma délégation. Plus exactement la constitue.
Pour plusieurs raisons ; parce que je veux là aussi qu’ils changent 
leur propre regard sur l’Afrique mais qu’ils changent le vôtre. Je veux 
que le monde économique français et européen qui se déploie, qui 
investit en Afrique puisse le faire aussi différemment comme le font 
déjà certains fonds d’investissement ou certains acteurs qui ont initié 
ce changement de méthode il y a quelques années ; parce que le soutien 
de l’Etat français, indispensable et qui continuera à leurs côtés, ne 
sera pas accordé sans contrepartie En effet,  je souhaite que les 
entreprises françaises soient porteuses d’un partenariat exemplaire, un 
partenariat exemplaire qui refuse la corruption, qui se plie aux appels 
d’offres, qui se plie aux règles édictées par les institutions 
africaines qui comme l’OADA font progresser la bonne gouvernance.
Les entreprises françaises qui viendront investir en Afrique et se 
développer et qui auront le soutien de l’Etat français seront 
exemplaires car je leur demanderai aussi d’investir dans la formation 
professionnelle,  ce sera une condition que je fixerai à nos 
entreprises.
Pour bénéficier du soutien de l’Etat français, elles devront 
s’engager dans la durée, financer des bourses, s’engager à développer 
des offres répondant aux besoins de formation et enfin privilégier 
l’emploi local. Ne vous trompez pas, et je dis à la jeunesse africaine, 
ne commettez pas les erreurs que nous avons ensemble commis par le 
passé, il n’y a pas d’Eldorado de l’investissement et de la croissance 
unilatérale, il n’y a pas de bon investissement d’un Etat ou 
d’entreprise quand ce ne sont que les intérêts de cet Etat qui sont le 
but.
La France, elle n’investira plus uniquement pour faire des opérations
 de gouvernement à gouvernement où il n’y a aucune retombée sur la 
population locale ; elle n’investira plus pour que des grands groupes 
participent parfois à des opérations de corruption organisée ; elle 
n’investira plus pour que la jeunesse n’ait aucune retombée de ce qui se
 passe et qui s’investit ; elle n’investira plus et leurs entreprises 
avec pour qu’il n’y ait pas un développement de l’emploi local et des 
engagements pris ; mais elle sera vigilante avec vous monsieur le 
président, avec tous les dirigeants et la jeunesse africaine pour faire 
en sorte que d’autres ne répliquent pas aujourd’hui, parfois avec une 
forme de fascination étonnante les erreurs que nous avons commis 
ensemble hier et qui arrivent à de nouveaux investisseurs, avec des 
entreprises qui proposent des milliards mais pas un emploi pour les 
Africains, qui proposent des milliards avec la répétition des mêmes 
erreurs du passé et qui peuvent sembler être des solutions de facilité 
pour aujourd’hui mais en répliquant les troubles, les erreurs parfois 
les crimes d’hier. Cette exigence que j’aurai pour la France je veux que
 nous l’ayons ensemble pour les investisseurs du monde entier, pour tout
 le continent africain.
Et la condition de cette innovation c’est la recherche ; je souhaite 
que les conditions soient créées pour permettre aux chercheurs africains
 et européens de travailler ensemble des programmes communs. Ce qui a 
été fait avec succès dans le cadre de l’Union européenne avec le Conseil
 européen de la recherche doit pouvoir être étendu aux universités 
africaines.
Nous devons donner les moyens financiers de structurer des réseaux de
 chercheurs européens et africains. C’est un des sujets que je porterai 
dans le cadre du sommet d’Abidjan où je serai avec le président KABORE 
dès demain.
Je veux que d’ici cinq ans les conditions soient réunies 
pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain 
en Afrique
Mesdames et Messieurs, je terminerai par ce qui doit nous permettre 
ensemble d’écrire cette nouvelle relation d’amitié dans la durée au-delà
 des menaces, des craintes et de nos intérêts partagés. Aujourd’hui, 
nous sommes orphelins, nous sommes orphelins en quelque sorte d’un 
imaginaire commun, nous souffrons d’un imaginaire qui nous enferme dans 
nos conflits, parfois dans nos traumatismes, d’un imaginaire qui n’est 
plus le vôtre, n’est plus le nôtre, et je veux reconstruire cet 
imaginaire commun et d’avenir autour de trois remèdes.
Le premier remède c’est la culture, dans ce domaine, je ne peux pas 
accepter qu’une large part du patrimoine culturel de plusieurs pays 
africains soit en France. Il y a des explications historiques à cela 
mais il n’y a pas de justification valable, durable et inconditionnelle,
 le patrimoine africain ne peut pas être uniquement dans des collections
 privées et des musées européens. Le patrimoine africain doit être mis 
en valeur à Paris mais aussi à Dakar, à Lagos, à Cotonou, ce sera une de
 mes priorités. Je veux que d’ici cinq ans les conditions soient réunies
 pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain
 en Afrique.
Ça supposera aussi un grand travail et un partenariat scientifique, 
muséographique parce que, ne vous trompez pas, dans beaucoup de pays 
d’Afrique ce sont parfois des conservateurs africains qui ont organisé 
le trafic et ce sont parfois des conservateurs européens ou des 
collectionneurs qui ont sauvé ces œuvres d’art africaines pour l’Afrique
 en les soustrayant à des trafiquants africains, notre histoire mutuelle
 est plus complexe que nos réflexes parfois !
Mais le meilleur hommage que je peux rendre non seulement à ces 
artistes mais à ces Africains ou ces Européens qui se sont battus pour 
sauvegarder ces œuvres c’est de tout faire pour qu’elles reviennent. 
C’est de tout faire aussi pour qu’il y ait la sécurité, le soin qui soit
 mis en Afrique pour protéger ces œuvres. Donc ces partenariats 
prendront aussi toutes les précautions pour qu’il y ait des 
conservateurs bien formés, pour qu’il y ait des engagements académiques 
et pour qu’il y ait des engagements d’Etat à Etat pour protéger ces 
œuvres d’art, c’est-à-dire votre histoire, votre patrimoine et, si vous 
m’y autorisez, le nôtre.
La culture c’est aussi ce qui doit permettre de changer les regards 
que nous portons l’un sur l’autre et c’est avec cette ambition que j’ai 
décidé de lancer en 2020 une Saison des cultures africaines en France. 
Qu’est-ce que c’est cette Saison ? C’est un constat simple, ce que me 
disait l’un des membres du Conseil présidentiel, plutôt l’une des 
membres, c’est de dire c’est formidable en France si on veut connaître 
l’Afrique on peut aller au musée dit du Quai Branly ou dans beaucoup 
d’autres musées, on voit l’Afrique que moi je n’ai jamais connue, on 
voit l’Afrique d’il y a 500 ans ou mille ans mais on ne voit pas la 
scène artistique contemporaine de l’Afrique et c’est vrai !
Et donc on ne connaît pas l’Afrique, la jeunesse française connaît 
très mal l’Afrique, elle commence à en connaître la littérature, j’y 
reviendrai, mais elle en connaît mal la peinture, la vitalité théâtrale,
 cinématographique, sculpturale, la richesse de toute la création 
artistique. Et donc cette Saison des cultures africaines en France, 
inédite, doit permettre de faire connaître à la France, aux jeunes 
Français la création des jeunes générations africaines dans la mode, 
dans la musique, dans le cinéma, dans le design.
Je souhaite aussi que cette Saison des cultures soit l’occasion de 
valoriser une autre forme d’histoire et je le dis avec beaucoup de 
solennité dans cette université. L’histoire de l’Afrique ne peut pas 
être seulement écrite par des spécialistes européens de l’Afrique, il 
convient de valoriser, de poursuivre et d’aider au parachèvement d’une 
histoire de l’Afrique écrite par les Africains. Je pense d’une part 
évidemment à l’histoire et l’historiographie africaine qui est 
indispensable et encore une fois votre université porte le nom d’un de 
ses artisans éminents mais je pense aussi à l’histoire de l’Afrique par 
son cinéma.
Les pionniers du cinéma africain de Paulin SOUMANOU VIEYRA à Ousmane 
SEMBENE se sont battus pour faire émerger la voix d’une Afrique 
indépendante, libre de porter son propre regard sur elle-même et nous 
devons continuer d’avoir une culture, une volonté de porter justement ce
 regard libre. La France en conserve précieusement la trace au sein de 
la cinémathèque Afrique qui rassemble près de 1.700 films coproduits par
 la France dans plus de 30 pays. Cette mémoire de l’Afrique et de son 
cinéma je veux la mettre à la disposition à la fois de la jeunesse 
africaine et de la jeunesse française, ce sera un des grands objectifs 
de cette Saison des cultures africaines.
Le deuxième ciment de cette aventure commune c’est le sport, en 2024 
la France accueillera le monde entier à Paris et je souhaite que les 
sportifs français y brillent, je vous rassure, mais je souhaite 
également que ces Jeux olympiques puissent valoriser l’excellence 
sportive africaine. Pour cela, les sportifs africains de haut niveau 
doivent disposer des moyens de pleinement développer leur potentiel. 
C’est pourquoi j’ai demandé au Comité d’organisation des Jeux olympiques
 de prévoir dès à présent un plan pour permettre aux sportifs africains 
de venir s’entraîner en France dans les meilleures installations.
Mais je souhaite aussi que l’Afrique puisse se doter des meilleures 
installations sportives pour ses sportifs et pour ses jeunes, 
d’installations durables qui survivent au seul usage d’une compétition 
internationale. Et donc dans le cadre de l’organisation de ces Jeux 
olympiques de 2024 je souhaite que nous puissions en lien avec le Comité
 des Jeux olympiques et dans le cadre de ce partenariat entre l’Union 
européenne et l’Union africaine organiser le développement et 
l’investissement dans ces infrastructures sportives et ces 
installations.
Cette initiative que je souhaite porter d’envergure européenne 
reconnaîtra le sport comme un puissant vecteur de développement et de 
croissance des économies africaines. L’économie du sport ce ne doit pas 
seulement être la vente des maillots même quand ce sont les maillots des
 meilleures équipes européennes, ce qui est parfois et souvent le cas 
dans beaucoup de villes en Afrique, même si je ne saurai m’opposer à la 
vente du maillot de l’Olympique de Marseille, mais cela doit aussi être 
le développement d’une vraie filière économique ici en Afrique.
Et là aussi en matière de sport il est nécessaire que les jeunes 
Africains aient les infrastructures qui leur permettent de s’entraîner 
pour les Jeux olympiques mais que dans cette période de temps qui nous 
est offerte nous puissions avoir une vraie stratégie commune pour 
développer ce secteur économique et cette création de richesse. Je 
porterai dans les prochaines semaines une initiative rassemblant de 
grands acteurs du monde sportif qui encouragera à la fois les 
investissements dans le domaine des équipements sportifs et les 
investissements des sportifs dans l’économie africaine.
Enfin, en nous retrouvant ensemble par ce qui nous unit par-delà ou 
par avant la culture et le sport dans cet amphithéâtre même le ciment 
principal qu’il y a entre nous, celui tellement évident qu’on finit par 
ne plus le mentionner, c’est la langue, j’allais dire la langue 
française. Oui, c’est bien la langue française mais à vrai dire il y a 
bien longtemps que cette langue française, notre langue, n’est plus 
uniquement française. Elle a parcouru le monde entier et elle est ce qui
 nous unit. Notre langue française c’est une chance pour nous et notre 
langue a un avenir, ça n’est pas simplement un patrimoine à protéger et 
cet avenir se joue pour beaucoup en Afrique, ici.
Son avenir, son rayonnement, son attractivité n’appartient plus à la 
France. La francophonie c’est un corps vivant, un corps par-delà nos 
frontières dont le cœur bat quelque part pas loin d’ici. Et je veux que 
vous ayez conscience de cela, moi j’en suis fier, je suis fier que la 
langue dans laquelle je suis né, à laquelle je dois tout, la langue dans
 laquelle on m’a fait grandir, par laquelle je peux convaincre, la 
langue par laquelle quelqu’un comme moi qui vient d’une famille de 
province peut devenir président de la République française parce qu’il 
apporte des arguments et des émotions à d’autres qui à un moment le 
suivent, ce soit aussi votre langue.
Je veux une francophonie forte, rayonnante, qui illumine, qui conquiert
Soyez-en fiers parce que c’est une langue qui va permettre à une 
jeune fille burkinabé de faire la même chose demain, de convaincre les 
jeunes de sa génération et de prendre les responsabilités, d’aller 
conquérir quelque chose qui n’est pas forcément à elle au début, cela 
nous l’avons en partage. Alors je vous le dis très simplement, faîtes le
 vivre, ne la regardez pas comme une langue que certains voudraient 
ramener à une histoire traumatique, elle n’est pas que cela puisqu’elle 
est la langue de vos poètes, de vos cinéastes, de vos artistes, vous 
l’avez déjà réacquise, vous vous l’êtes déjà réappropriée ! La langue 
française du Burkina-Faso, la langue française du Sénégal, elle n’est 
déjà plus seulement française, elle est déjà la vôtre, alors portez-la 
avec fierté !
Et cette francophonie, ce n’est pas la francophonie française, non, 
elle a depuis bien longtemps échappé à la France. Je veux une 
francophonie forte, rayonnante, qui illumine, qui conquiert parce que ce
 sera la vôtre, portez-la avec fierté cette francophonie, défendez-la, 
mettez-y vos mots, mettez-y vos expressions, transformez-la, changez-la à
 votre tour ! Parce que je vais vous faire une confession, le français 
que nous avons appris les uns et les autres a été un moment figé par une
 académie comme un instrument de pouvoir, même si elle fait un travail 
formidable évitant certaines dérives de certains qui confondent le 
combat politique avec l’anecdote du temps.
C’était un travail important mais avant ce Français classique de 
l’Académie il y avait un français irrigué de tant et tant de patois et 
de langues vernaculaires, lisez le français de Rabelais, vous vous 
rendre compte ! Mais le français d’Afrique, des Caraïbes, de Pacifique, 
ce français au pluriel que vous avez fait vivre c’est celui-là que je 
veux voir rayonner, portez-le avec fierté, ne cédez à aucun discours qui
 voudrait en quelque sorte renfermer le français dans une langue morte 
ou combattre le français comme une langue trop chargée par un passé qui 
n’est pas à la hauteur du nôtre ! Non, allez avec une francophonie 
conquérante et je serai à vos côtés !
Pour cela, j’ai décidé que le représentant personnel du président de 
la République française pour la francophonie ce ne serait pas comme 
classiquement un ministre, ce serait une personnalité à part, c’est 
pourquoi j’ai demandé, je remercie d’avoir accepté, à Leïla SLIMANI qui 
est ici à mes côtés de prendre cette fonction. Parce qu’elle écrit et 
qu’elle fait vivre cette langue, notre langue, de part et d’autre de la 
Méditerranée dans des imaginaires mêlés et qu’elle appartient à une 
génération qui veut cette conquête, qui veut ouvrir cette nouvelle voie 
en marche, oui.
Et je lui ai demandé d’abord avec vous et toutes celles et ceux qui 
voudront participer à ce défi, de conduire en lien bien entendu avec 
l’Académie française dont je veux ici saluer le rôle et l’engagement 
tout personnel de madame Hélène CARRERE d’ENCAUSSE qui avec beaucoup de 
rigueur et de détermination porte notre langue française et son 
exigence, en lien donc avec l’Académie française qu’elle puisse 
progressivement construire un dictionnaire de la francophonie plus 
riche, plus large que le français de France mais qui est ce français de 
la francophonie que nous avons en partage, avec les auteurs, les 
intellectuels, les créateurs de toute la francophonie.
Je lui ai demandé aussi en s’entourant de plusieurs intellectuels 
africains, je pense notamment à Alain MABANCKOU, de réfléchir à un 
nouveau projet pour la francophonie pour en faire un outil de 
rayonnement culturel pour la création africaine, un instrument au 
service de l’intégration économique, c’est cette ambition que nous 
devons avoir pour la francophonie ! La lutte pour la francophonie c’est 
la volonté de réinventer dans cette langue que nous avons en commun un 
avenir heureux, là où nous aurions pu n’avoir qu’un passé fait de 
traumatismes.
C’est cette volonté de dire nous avons des formidables opportunités 
de richesses culturelles, de création, d’imaginaire en commun mais aussi
 d’opportunités économiques parce que nous aurons un espace linguistique
 d’une puissance inédite à travers tous les continents et au premier 
chef en Afrique ! Se renfermer sur telle ou telle langue, refuser la 
langue française pour avoir un effet de mode pour la langue anglaise 
dans le continent africain c’est ne pas regarder l’avenir ! Le français 
ce sera la première langue de l’Afrique et peut-être du monde si nous 
savons faire dans les prochaines décennies, prenons ce défi ensemble, 
allons-y, portons-le !
Mais je vous le dis non pas comme on donne une leçon, non pas en vous
 disant « je veux que ce soit ainsi », je vous le dis très simplement, 
je crois très profondément que c’est bon pour nous tous, mais ça ne 
dépend que d’une chose, votre volonté, votre détermination.
Je voulais vous dire de cette nouvelle histoire de la francophonie 
que nous ouvrons avec Leila SLIMANI, de cette nouvelle ambition et 
j’aurai l’occasion en début d’année prochaine d’en détailler toutes les 
ambitions et d’expliquer cette nouvelle page de la francophonie qu’avec 
vous,  je veux pouvoir écrire.
Soyons conquérants, soyons ambitieux ; et je serais après demain au 
Ghana pour illustrer cette approche dans un pays anglophone qui se 
tourne vers la francophonie,  qui fait ce choix,   qui fait ce pas en 
avant.
Je veux ensemble que nous ayons cet esprit de conquête, je veux qu’il y ait une ambition partagée.
Voilà  Mesdames et Messieurs au moment de se retirer  je crois qu’il 
est de coutume ici au Burkina Faso de demander la route. C’est ce que je
 vais faire en vous demandant non seulement la route mais aussi les 
destinations que nous devons prendre ensemble. Au bout de cette route  
nous avons le choix entre l’envie de nous retrouver ou la tragédie de 
nous ignorer. Je vous propose non seulement de nous retrouver, mais de 
ne plus nous séparer.
Felwine SARR écrit cette belle formule « l’Afrique n’a personne à 
rattraper, elle ne doit plus courir sur les sentiers qu’on lui indique, 
mais marcher prestement sur le chemin qu’elle se sera choisie ». 
Alors marchons ensemble sur ce chemin si vous en êtes d’accord et 
apprenons à nous aimer fort de notre histoire partagée et de notre 
devenir commun.
C’est la proposition que je suis venu vous faire aujourd’hui avec 
beaucoup d’humilité. C’est la même proposition que je ferai demain à mes
 homologues africains et européens.
Vous ne lirez jamais chez moi des leçons pour l’autre, vous ne lirez 
jamais chez moi non plus des propos faciles pour faire plaisir, vous 
l’avez compris, mais vous trouverez toujours une exigence partagée parce
 que j’ai la volonté de réussir avec vous ; alors quoi que nous 
puissions en dire demain cette route comme cette destination elle est 
entre vos mains, parce que c’est vous qui connaissez la route. Je vous 
remercie. »