et Yanick Toutain
#IpEaVaEaFaF
01/07/2019
"Des cours étaient même donnés pour PRÉPARER la participation des masses à des affrontements avec la police : le but était que le cycle provocation-répression amène la police à frapper les manifestants et donc à entraîner ouvriers et étudiants à se battre contre la police.
L'exact contraire de la véritable technique révolutionnaire (léniniste, trotskyste) de la fraternisation révolutionnaire et donc du recrutement de policiers et de militaires comme délégués révocables sécurité.
Cette technique contre-révolutionnaire connut un coup d'arrêt le 21 juin 1973."
Deux réunions des organisations d’extrême gauche servent à préparer la manifestation contre le meeting d'Ordre nouveau à la Mutualité le 21 juin47. La première se déroule à l’imprimerie de la Ligue communiste, représentée par Michel Recanati47. La Cause du peuple est représentée par Alain Geismar, le PCMLF par Jean-Luc Einaudi. "Ligne rouge" (groupe marxiste-léniniste) et l’Alliance marxiste révolutionnaire de Nicolas Baby sont aussi présents. Tous tombent d’accord sur « une volonté commune de tout faire pour tenter d’empêcher la tenue du meeting et d’aller jusqu’à l’affrontement violent avec les forces de police qui ne manqueraient pas d’en assurer la protection47. Chaque organisation doit mobiliser son service d’ordre et ses militants et de les équiper en vue de l’affrontement47La Ligue communistefut dissoute et David Rousset contacté pour une médiation auprès du ministère de l'Intérieur, qui lui permit de se reconstituer sous le nom de Ligue communiste révolutionnaire, à la condition expresse de dissoudre l'essentiel de son service d'ordre, qui comptait alors des milliers de membres entraînés sous la responsabilité de la Commission très spéciale (CTS), à la tête de laquelle son fils Pierre Rousset et Daniel Bensaïd avaient en 1971 succédé à Henri Weber.
.
De son côté, Régis Debray, explique dans Politique Hebdo que la provocation était transparente « pour un enfant de huit ans 54».
Daniel Bensaïd, cofondateur et leader de la Ligue communiste, continue cependant à défendre le principe de cette manifestation et dénonce dans Rouge] du 13 juillet 1973, tous ceux qui "s’en trouvent soulagés, justifiés" et estiment avoir eu "raison d’être absents"54..
.
De son côté, Régis Debray, explique dans Politique Hebdo que la provocation était transparente « pour un enfant de huit ans 54».
Daniel Bensaïd, cofondateur et leader de la Ligue communiste, continue cependant à défendre le principe de cette manifestation et dénonce dans Rouge] du 13 juillet 1973, tous ceux qui "s’en trouvent soulagés, justifiés" et estiment avoir eu "raison d’être absents"54..
"Provocation… et après ?
La notion même de provocation est trop ponctuelle, trop instantanée pour permettre de mesurer les modifications réelles du rapport de force. Or, c’est là le résultat décisif du 21 juin. Marcellin a voulu utiliser la Ligue pour ranimer la peur du rouge au couteau entre les dents, c’est son rôle de ministre de l’Intérieur. Il a exposé cyniquement des policiers pour raffermir les rangs de la police, il l’avait déjà tenté en mars 1970 à l’occasion de la banalisation du campus de Nanterre. Il a voulu, à travers la Ligue, frapper la IVeInternationale, c’est son intérêt de flic international du capital.
Quel est le résultat ? La provocation démasquée, Marcellin apparaît comme le suspect n° 1 de l’affaire, comme un casseur assermenté, comme le coupable possible. L’alerte est donnée dans le mouvement ouvrier sur le rôle des fascistes, sur leur utilisation par le pouvoir, sur leurs affinités avec les CDR. Contre la répression, le front se trouve raffermi et, pour la première fois depuis des dizaines d’années, le PCF prend la défense d’une organisation trotskiste !
Certains dans le mouvement ouvrier disent que la Ligue est tombée dans une provocation policière. Certains au gouvernement disent que Marcellin est tombé dans une provocation gauchiste
Comme quoi, cette provocation bonne à tout ne permet guère de voir plus loin que le coup pour coup, de mesurer les transformations réelles du rapport de forces. Et tous les déserteurs du 21 juin n’en seront pas quittes avec un tel argument.
Rouge, 13 juillet 1973"
Elucubrations justificatrices du saboteur d'humanocratie Daniel Bensaid fier de son attaque provocatrice et irresponsable du 21 juin 1973
La notion même de provocation est trop ponctuelle, trop instantanée pour permettre de mesurer les modifications réelles du rapport de force. Or, c’est là le résultat décisif du 21 juin. Marcellin a voulu utiliser la Ligue pour ranimer la peur du rouge au couteau entre les dents, c’est son rôle de ministre de l’Intérieur. Il a exposé cyniquement des policiers pour raffermir les rangs de la police, il l’avait déjà tenté en mars 1970 à l’occasion de la banalisation du campus de Nanterre. Il a voulu, à travers la Ligue, frapper la IVeInternationale, c’est son intérêt de flic international du capital.
Quel est le résultat ? La provocation démasquée, Marcellin apparaît comme le suspect n° 1 de l’affaire, comme un casseur assermenté, comme le coupable possible. L’alerte est donnée dans le mouvement ouvrier sur le rôle des fascistes, sur leur utilisation par le pouvoir, sur leurs affinités avec les CDR. Contre la répression, le front se trouve raffermi et, pour la première fois depuis des dizaines d’années, le PCF prend la défense d’une organisation trotskiste !
Certains dans le mouvement ouvrier disent que la Ligue est tombée dans une provocation policière. Certains au gouvernement disent que Marcellin est tombé dans une provocation gauchiste
Comme quoi, cette provocation bonne à tout ne permet guère de voir plus loin que le coup pour coup, de mesurer les transformations réelles du rapport de forces. Et tous les déserteurs du 21 juin n’en seront pas quittes avec un tel argument.
Rouge, 13 juillet 1973"
Elucubrations justificatrices du saboteur d'humanocratie Daniel Bensaid fier de son attaque provocatrice et irresponsable du 21 juin 1973
Jumeau-camoufleur le groupe réformiste "Extinction-rébellion" réutilise le cycle provocation-répression-mobilisation, la technique contrerévolutionnaire de la droite JCR-LC de Daniel Bensaid pseudo trotskyste des années 68-73
Comme ils sont les défenseurs des classes spoliatrices qui veulent garder bonne conscience sur le climat et ne pas être mis au banc des accusés, ils sont bien entendu soutenus par toute la Formoisie collabo du capitalisme EELV Jadot, par les capitalistes de LREM Castaner et le PS avec Olivier Faure ... ainsi que par l'Innovoisie artistique aux émissions carbone gigantesques et .... les médias parlent d'eux !
Marion Cotillard dont les revenus sont estimés au minimum à 4 Millions d'euros (Paris Match) pour l'année 2016 soutient bien entendu Extinction rebellion.
Il est sur que passer de 4 millions par an à 12 000 euros, cela peut inciter Marion Cotillard à soutenir un groupe d'imposteurs pseudo écologistes qui ne lui demanderont pas de guérir sa pathologie consumériste en apprenant à vivre avec 1000 euros par mois pour sauver la planèteMarion Cotillard aurait gagné au minimum 4 millions de revenus en 2016. Paris Match
Elle devra diviser par 333 son niveau de crime écologique ! On comprend que Marion Cotillard soutienne les imposteurs du capitalisme : Greenpeace, Extinction Rebellion etc !
Ce que craint par dessus tout la Bourgeoisie c'est que les jeunes mobilisés pour #FridaysForFuture s'auto-organisent avec des délégués révocables #1pour25Manifestants écologistes gazés: Marion Cotillard demande des comptes au gouvernement https://t.co/g99PcLUPHe pic.twitter.com/2nvTgDSx4c— BFMTV (@BFMTV) 1 juillet 2019
Alors elle promotionne largement ce groupe provocateur"Extinction rebellion" anti auto organisation de la jeunesse, anti délégués révocables.
EXTINCTION REBELLION AU HAVRE
MANIPULATEURS DE JEUNES ET SABOTEURS DE L'HUMANOCRATIE
Nous avons vu au Havre comment ils ont empêché que les jeunes s'auto-organisent en mobilisant la parole en fin de manifestation alors qu'ils n'étaient absolument pas représentatifs du mouvement des lycéens.
Durant 10 15 min, à la fin de la manifestation, ce sont des militants trentenaires d"extinction rebellion" qui ont pris la parole sur le parvis de l'Hotel de Ville pour recruter les jeunes dans leur organisation. Ils les ont appelés à venir à leur réunion politique qui se tenait au café "Le Bistrot".
#FridaysForFuture au Havre #24mai2019 Les jeunes qui veulent sauver la planète manipulés par des adultes électoralistes sabotant leur auto-organisation !
Leurs revendications sont clairement en faveur des classes spoliatrices capitalistes, formoise et innovoise.
Pas un mot sur la nécessité de détruire le capitalisme qui a détruit la Terre par une révolution humanocrate en remplaçant les criminels écologiques au pouvoir actuellement par des délégués révocables !
Pas de proposition de Nuremberg des pollueurs avec des délégués révocables justice pour juger tous les criminels écologiques !
Et ... pour empêcher que les jeunes ne désignent leurs délégués révocables pour prendre leur pouvoir et sauver la Terre.... ils proposent un jumeau camoufleur d'"assemblée citoyenne" - un remake de la France Insoumise dénoncée maintenant par ses propres militants comme magouille permettant à un petit groupe secret de décider à la place des autres !
NOUS EXIGEONS :
- La reconnaissance de la gravité et de l’urgence des crises écologiques actuelles et une communication honnête sur le sujet.
- La réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone en 2025, grâce à une réduction de la consommation et une descente énergétique planifiée.
- L’arrêt immédiat de la destruction des écosystèmes océaniques et terrestres, à l’origine d’une extinction massive du monde vivant.
- La création d’une assemblée citoyenne chargée de décider des mesures à mettre en place pour atteindre ces objectifs et garante d’une transition juste et équitable. Site d'Extinction Rebellion
Pas un mot sur la nécessité de détruire le capitalisme qui a détruit la Terre par une révolution humanocrate en remplaçant les criminels écologiques au pouvoir actuellement par des délégués révocables !
Pas de proposition de Nuremberg des pollueurs avec des délégués révocables justice pour juger tous les criminels écologiques !
Et ... pour empêcher que les jeunes ne désignent leurs délégués révocables pour prendre leur pouvoir et sauver la Terre.... ils proposent un jumeau camoufleur d'"assemblée citoyenne" - un remake de la France Insoumise dénoncée maintenant par ses propres militants comme magouille permettant à un petit groupe secret de décider à la place des autres !
Ces militants d'"Extinction rebellion" travaillent clairement au service du capitalisme !
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
COMPLEMENTS
Les fariboles auto-justificatriceS du reformiste contre-revolutionnaires Daniel Bensaid
Daniel Bensaïd
juillet 1973
Manifestation anti-fasciste
21 juin, provocation ou pas
Dans les veillées mortuaires, la retenue et la décence sont de mise. Les attaques contre le défunt deviennent obliques, les polémiques rampantes. L’attitude de la gauche respectueuse envers la Ligue communiste dissoute relève de cette pudeur-là. On chuchote, on murmure avec condescendance, on laisse échapper que la Ligue serait tombée dans une provocation.
Le PSU y aurait échappé par clairvoyance. Le PCF par expérience. Régis Debray, docte et paternaliste, explique dans Politique Hebdo que la provocation était transparente « pour un enfant de huit ans », à la minute même ; c’est aussi l’avis de la direction confédérale CFDT.
Tous s’en trouvent soulagés, justifiés. S’il y avait provocation, leur sage passivité l’a déjouée. Ils avaient raison d’être absents ! Mais le 20 juin, pour la défense des libertés, ce n’est pas la menace de provocation qui expliquait l’absence de la Fen, de la CFDT, du PS… Et si le 20 avait eu lieu le 21, si le PCF lui-même et la CGT avaient fait coïncider la défense des libertés avec la manifestation antifasciste, la provocation aurait-elle encore été possible ?
Dans les veillées mortuaires, la retenue et la décence sont de mise. Les attaques contre le défunt deviennent obliques, les polémiques rampantes. L’attitude de la gauche respectueuse envers la Ligue communiste dissoute relève de cette pudeur-là. On chuchote, on murmure avec condescendance, on laisse échapper que la Ligue serait tombée dans une provocation.
Le PSU y aurait échappé par clairvoyance. Le PCF par expérience. Régis Debray, docte et paternaliste, explique dans Politique Hebdo que la provocation était transparente « pour un enfant de huit ans », à la minute même ; c’est aussi l’avis de la direction confédérale CFDT.
Tous s’en trouvent soulagés, justifiés. S’il y avait provocation, leur sage passivité l’a déjouée. Ils avaient raison d’être absents ! Mais le 20 juin, pour la défense des libertés, ce n’est pas la menace de provocation qui expliquait l’absence de la Fen, de la CFDT, du PS… Et si le 20 avait eu lieu le 21, si le PCF lui-même et la CGT avaient fait coïncider la défense des libertés avec la manifestation antifasciste, la provocation aurait-elle encore été possible ?
La vision policière de l’histoire…
Selon une conception dite événementielle, l’histoire se réduit à une suite chronologique d’événements : le déclenchement de la Guerre de 14 dépend de la provenance de l’arme qui tua l’archiduc à Sarajevo, le sort de l’Empire reste lié à l’interminable course entre Grouchy et Blucher dans les brumes de Waterloo, bref, la face du monde tient au nez de Cléopâtre ! C’est souvent ainsi qu’on enseigne l’histoire à l’école. Les classes sociales, leurs intérêts, leurs affrontements disparaissent derrière le quotidien, le bon plaisir des grands hommes, l’événement journalistique qui feraient basculer le sort de l’humanité.
- Armand. Rouge n° 213, juillet 1973
Cette conception mène droit à une vision policière de l’histoire : la société y est à la merci du coup de main, du complot, de la provocation, du grain de sable qui suffit à la faire basculer. Marcellin participe pleinement de cette vision : incapable de comprendre le mouvement des forces sociales qui vont le submerger, Marcellin ne voit que complots (internationaux) et noirs desseins ourdis contre l’ordre établi par des puissances ténébreuses.
Selon une conception dite événementielle, l’histoire se réduit à une suite chronologique d’événements : le déclenchement de la Guerre de 14 dépend de la provenance de l’arme qui tua l’archiduc à Sarajevo, le sort de l’Empire reste lié à l’interminable course entre Grouchy et Blucher dans les brumes de Waterloo, bref, la face du monde tient au nez de Cléopâtre ! C’est souvent ainsi qu’on enseigne l’histoire à l’école. Les classes sociales, leurs intérêts, leurs affrontements disparaissent derrière le quotidien, le bon plaisir des grands hommes, l’événement journalistique qui feraient basculer le sort de l’humanité.
- Armand. Rouge n° 213, juillet 1973
Cette conception mène droit à une vision policière de l’histoire : la société y est à la merci du coup de main, du complot, de la provocation, du grain de sable qui suffit à la faire basculer. Marcellin participe pleinement de cette vision : incapable de comprendre le mouvement des forces sociales qui vont le submerger, Marcellin ne voit que complots (internationaux) et noirs desseins ourdis contre l’ordre établi par des puissances ténébreuses.
… et son pendant réformiste
À cette hantise policière du complot répond, symétriquement, la hantise réformiste de la provocation. Pour les épiciers du mouvement ouvrier, acharnés à empiler des bulletins dans leur bas de laine électoral, les mouvements sociaux qui leur échappent apparaissent comme suscités et manipulés.
Les plus aveugles ont ainsi réussi à présenter la grève générale de 1968 (une grève de dix millions d’hommes !) comme une provocation destinée à saper les progrès électoraux de la gauche. Gérard Monatte, à la fois réformiste et policier, l’a dit on ne peut plus clairement : « On peut se poser la question de savoir, d’une part, si le gouvernement a été réellement inconscient ou, d’autre part, si effectivement on pouvait compter sur un réflexe de peur devant un déchaînement de violences pour tenter de faire modifier la représentation politique de l’Assemblée nationale, les élections de 1967 ayant pratiquement réduit la marge de sécurité du groupe majoritaire. »
La contre-manifestation organisée par les groupes d’extrême gauche, la Ligue, le PSU le 9 mars 1971 à l’occasion d’un meeting d’Ordre nouveau peut aussi être présentée comme une provocation préélectorale destinée à effrayer les électeurs modérés à cinq jours des municipales… Et encore, la dernière manifestation du 21 juin pourra faire figure de provocation préparatoire à la campagne des cantonales !
Brandi à tort et à travers, le spectre de la provocation constitue l’alibi de prédilection des réformistes : sous prétexte de déjouer la provocation, ils abdiquent toute responsabilité dans la lutte des classes, capitulant pour amadouer l’électorat démocrate et finissant par se mettre à sa remorque.
Un auteur bien peu clairvoyant, Bernard Thomas, a consacré récemment un gros volume aux provocations policières (édité chez Fayard). Il est tellement fasciné par son sujet que la politique se réduit dans son livre à un chassé-croisé de provocations réciproques, à un immense théâtre absurde de gendarmes et de voleurs. Au point que la grève des mineurs de 1948 devient une gigantesque manipulation policière de Jules Moch, le Marcellin « socialiste » de l’époque. Que Moch ait exploité la chose à sa façon, certes, mais la colère des mineurs, l’occupation des puits, ce mouvement social profond ne pouvaient naître de ses dossiers et de ses bureaux. De même, la manifestation antifasciste de Clichy en 1937 est présentée comme une simple provocation de la Cagoule pour diviser le Front populaire.
Moralité : la provocation nous guette : la meilleure façon de l’éviter, c’est de ne rien faire. Les vraies questions ne sont pas posées : quelle était la façon la plus efficace de combattre le fascisme en 1937 ? Quelle était la tactique de lutte la plus payante pour le prolétariat en 1968 ?
Devant la menace absolue et mystérieuse de la provocation érigée en épouvantail, il n’y a plus qu’à attendre et se taire !
À cette hantise policière du complot répond, symétriquement, la hantise réformiste de la provocation. Pour les épiciers du mouvement ouvrier, acharnés à empiler des bulletins dans leur bas de laine électoral, les mouvements sociaux qui leur échappent apparaissent comme suscités et manipulés.
Les plus aveugles ont ainsi réussi à présenter la grève générale de 1968 (une grève de dix millions d’hommes !) comme une provocation destinée à saper les progrès électoraux de la gauche. Gérard Monatte, à la fois réformiste et policier, l’a dit on ne peut plus clairement : « On peut se poser la question de savoir, d’une part, si le gouvernement a été réellement inconscient ou, d’autre part, si effectivement on pouvait compter sur un réflexe de peur devant un déchaînement de violences pour tenter de faire modifier la représentation politique de l’Assemblée nationale, les élections de 1967 ayant pratiquement réduit la marge de sécurité du groupe majoritaire. »
La contre-manifestation organisée par les groupes d’extrême gauche, la Ligue, le PSU le 9 mars 1971 à l’occasion d’un meeting d’Ordre nouveau peut aussi être présentée comme une provocation préélectorale destinée à effrayer les électeurs modérés à cinq jours des municipales… Et encore, la dernière manifestation du 21 juin pourra faire figure de provocation préparatoire à la campagne des cantonales !
Brandi à tort et à travers, le spectre de la provocation constitue l’alibi de prédilection des réformistes : sous prétexte de déjouer la provocation, ils abdiquent toute responsabilité dans la lutte des classes, capitulant pour amadouer l’électorat démocrate et finissant par se mettre à sa remorque.
Un auteur bien peu clairvoyant, Bernard Thomas, a consacré récemment un gros volume aux provocations policières (édité chez Fayard). Il est tellement fasciné par son sujet que la politique se réduit dans son livre à un chassé-croisé de provocations réciproques, à un immense théâtre absurde de gendarmes et de voleurs. Au point que la grève des mineurs de 1948 devient une gigantesque manipulation policière de Jules Moch, le Marcellin « socialiste » de l’époque. Que Moch ait exploité la chose à sa façon, certes, mais la colère des mineurs, l’occupation des puits, ce mouvement social profond ne pouvaient naître de ses dossiers et de ses bureaux. De même, la manifestation antifasciste de Clichy en 1937 est présentée comme une simple provocation de la Cagoule pour diviser le Front populaire.
Moralité : la provocation nous guette : la meilleure façon de l’éviter, c’est de ne rien faire. Les vraies questions ne sont pas posées : quelle était la façon la plus efficace de combattre le fascisme en 1937 ? Quelle était la tactique de lutte la plus payante pour le prolétariat en 1968 ?
Devant la menace absolue et mystérieuse de la provocation érigée en épouvantail, il n’y a plus qu’à attendre et se taire !
La provocation du 21 juin ?
Alors, la Ligue communiste est-elle tombée dans une provocation le 21 juin ? Peut-être. Le dispositif policier, sa vulnérabilité, la protection obstinée accordée par le pouvoir à Ordre nouveau, tout cela était insolite. Les observateurs l’ont souligné, les manifestants l’ont ressenti. Mais qu’il y ait eu un piège, une provocation du pouvoir, ne permet pas pour autant de répondre positivement à la question : fallait-il ne rien faire le 21 ? Fallait-il rester chez soi ?
Ce sont ces questions qu’éludent, en se ruant sur l’aubaine de la provocation, toutes les mauvaises consciences.
Entendons-nous bien. Toute manifestation, inégalement certes, peut être prétexte à provocation, toute manifestation en comporte le risque. Et dans toute manifestation, il y a des provocateurs appointés, la chose est depuis longtemps connue. Le problème n’est pas d’exclure tout risque, mais de limiter les possibilités et la portée des provocations.
Il y a des provocations limpides. Les plus claires sont celles qui n’impliquent aucun mouvement de masse, qui sont relativement autonomes par rapport aux processus sociaux. Il suffisait d’un comparse pour incendier le Reichstag et d’une poignée pour orchestrer à l’automne 1969 les attentats à la bombe à Rome et Milan.
Lorsque le 10 mai 1968 nous dépavions la rue Gay-Lussac, les militants du PCF présents hurlaient à la provocation et peut-être des provocateurs ont-ils charrié leur part de pavés. Résultat : le pouvoir gaulliste a dû céder parce que la volonté de 10 000 barricadiers débordait largement le cadre d’une petite machination policière. De la première manifestation convoquée au lycée Chaptal, en 1970, pour protester contre l’arrestation du lycéen Guiot, on a dit qu’elle allait conduire au massacre, qu’elle servirait le pouvoir. Partis 3 000, les lycéens se retrouvèrent 20 000 après une longue marche dans Paris et le pouvoir dut céder. Le 22 mars dernier, manifester contre la loi Debré malgré l’interdiction prêtait à la provocation. Nous étions 100 000, il n’y eut pas le moindre problème. Autrement dit, plus la mobilisation est massive, moins la provocation est aisée. Ainsi, s’il y a eu provocation le 21 juin, ceux qui avaient déclaré forfait, qui avaient déserté, en portent une responsabilité plus grande que les manifestants eux-mêmes. Si nous avions été plusieurs dizaines de milliers, comme c’était possible, les provocations de Marcellin auraient été bousculées comme de minables ruses de guerre.
Comparons donc ce qui est comparable : la manifestation antifasciste du 21 juin et la manifestation anti-impérialiste du 20 janvier contre l’ambassade américaine, le jour du renouvellement du mandat présidentiel de Nixon. Des comités de mobilisation avaient été mis en place dans les quartiers, les facultés, les lycées, de nombreuses personnalités et organisations avaient signé l’appel. La manifestation fut presque aussi violente que le 21 juin, mais, après les bombardements de Hanoï, personne n’a parlé de provocation. Les combattants vietnamiens ont rendu hommage aux manifestants. Pour être sûr de ne pas tomber dans une provoc, le clairvoyant PSU avait déjà fait défection.
S’il y a eu erreur politique le 21 juin, elle ne réside pas dans la décision de riposter, mais dans les modalités de la riposte : misant sur l’indignation spontanée qu’aurait suscitée un meeting raciste, les organisateurs de la contre-manifestation ont négligé la mobilisation prolongée préparatoire qui aurait pu élargir le soutien de masse à la contre-manifestation, en populariser l’idée dans l’avant-garde ouvrière. Laisser entendre comme le font le PCF, la CFDT, le PSU et autres Debré qu’il ne fallait pas manifester parce qu’il y avait risque de provocation, c’est ne pas voir que ce risque s’augmente de leur propre passivité, qu’ils cèdent sans combattre au chantage à la provocation, au lieu d’y répondre par l’élargissement de la mobilisation.
Fallait-il donc dénoncer les menées fascistes verbalement et attendre les bras croisés que les syndicats, le PC, le PS daignent s’en préoccuper ? Alors que déjà, les nazis d’Ordre nouveau sévissaient à Nice ? Alors que leur campagne raciste débouchait sur les ratonnades de Grasse ? Alors qu’elle conduit aujourd’hui à l’assassinat d’un travailleur portugais à Ivry et à l’attaque de la fête du PCF à Clamart ? C’est à cela qu’il faut répondre.
Alors, la Ligue communiste est-elle tombée dans une provocation le 21 juin ? Peut-être. Le dispositif policier, sa vulnérabilité, la protection obstinée accordée par le pouvoir à Ordre nouveau, tout cela était insolite. Les observateurs l’ont souligné, les manifestants l’ont ressenti. Mais qu’il y ait eu un piège, une provocation du pouvoir, ne permet pas pour autant de répondre positivement à la question : fallait-il ne rien faire le 21 ? Fallait-il rester chez soi ?
Ce sont ces questions qu’éludent, en se ruant sur l’aubaine de la provocation, toutes les mauvaises consciences.
Entendons-nous bien. Toute manifestation, inégalement certes, peut être prétexte à provocation, toute manifestation en comporte le risque. Et dans toute manifestation, il y a des provocateurs appointés, la chose est depuis longtemps connue. Le problème n’est pas d’exclure tout risque, mais de limiter les possibilités et la portée des provocations.
Il y a des provocations limpides. Les plus claires sont celles qui n’impliquent aucun mouvement de masse, qui sont relativement autonomes par rapport aux processus sociaux. Il suffisait d’un comparse pour incendier le Reichstag et d’une poignée pour orchestrer à l’automne 1969 les attentats à la bombe à Rome et Milan.
Lorsque le 10 mai 1968 nous dépavions la rue Gay-Lussac, les militants du PCF présents hurlaient à la provocation et peut-être des provocateurs ont-ils charrié leur part de pavés. Résultat : le pouvoir gaulliste a dû céder parce que la volonté de 10 000 barricadiers débordait largement le cadre d’une petite machination policière. De la première manifestation convoquée au lycée Chaptal, en 1970, pour protester contre l’arrestation du lycéen Guiot, on a dit qu’elle allait conduire au massacre, qu’elle servirait le pouvoir. Partis 3 000, les lycéens se retrouvèrent 20 000 après une longue marche dans Paris et le pouvoir dut céder. Le 22 mars dernier, manifester contre la loi Debré malgré l’interdiction prêtait à la provocation. Nous étions 100 000, il n’y eut pas le moindre problème. Autrement dit, plus la mobilisation est massive, moins la provocation est aisée. Ainsi, s’il y a eu provocation le 21 juin, ceux qui avaient déclaré forfait, qui avaient déserté, en portent une responsabilité plus grande que les manifestants eux-mêmes. Si nous avions été plusieurs dizaines de milliers, comme c’était possible, les provocations de Marcellin auraient été bousculées comme de minables ruses de guerre.
Comparons donc ce qui est comparable : la manifestation antifasciste du 21 juin et la manifestation anti-impérialiste du 20 janvier contre l’ambassade américaine, le jour du renouvellement du mandat présidentiel de Nixon. Des comités de mobilisation avaient été mis en place dans les quartiers, les facultés, les lycées, de nombreuses personnalités et organisations avaient signé l’appel. La manifestation fut presque aussi violente que le 21 juin, mais, après les bombardements de Hanoï, personne n’a parlé de provocation. Les combattants vietnamiens ont rendu hommage aux manifestants. Pour être sûr de ne pas tomber dans une provoc, le clairvoyant PSU avait déjà fait défection.
S’il y a eu erreur politique le 21 juin, elle ne réside pas dans la décision de riposter, mais dans les modalités de la riposte : misant sur l’indignation spontanée qu’aurait suscitée un meeting raciste, les organisateurs de la contre-manifestation ont négligé la mobilisation prolongée préparatoire qui aurait pu élargir le soutien de masse à la contre-manifestation, en populariser l’idée dans l’avant-garde ouvrière. Laisser entendre comme le font le PCF, la CFDT, le PSU et autres Debré qu’il ne fallait pas manifester parce qu’il y avait risque de provocation, c’est ne pas voir que ce risque s’augmente de leur propre passivité, qu’ils cèdent sans combattre au chantage à la provocation, au lieu d’y répondre par l’élargissement de la mobilisation.
Fallait-il donc dénoncer les menées fascistes verbalement et attendre les bras croisés que les syndicats, le PC, le PS daignent s’en préoccuper ? Alors que déjà, les nazis d’Ordre nouveau sévissaient à Nice ? Alors que leur campagne raciste débouchait sur les ratonnades de Grasse ? Alors qu’elle conduit aujourd’hui à l’assassinat d’un travailleur portugais à Ivry et à l’attaque de la fête du PCF à Clamart ? C’est à cela qu’il faut répondre.
Provocation… et après ?
La notion même de provocation est trop ponctuelle, trop instantanée pour permettre de mesurer les modifications réelles du rapport de force. Or, c’est là le résultat décisif du 21 juin. Marcellin a voulu utiliser la Ligue pour ranimer la peur du rouge au couteau entre les dents, c’est son rôle de ministre de l’Intérieur. Il a exposé cyniquement des policiers pour raffermir les rangs de la police, il l’avait déjà tenté en mars 1970 à l’occasion de la banalisation du campus de Nanterre. Il a voulu, à travers la Ligue, frapper la IVeInternationale, c’est son intérêt de flic international du capital.
Quel est le résultat ? La provocation démasquée, Marcellin apparaît comme le suspect n° 1 de l’affaire, comme un casseur assermenté, comme le coupable possible. L’alerte est donnée dans le mouvement ouvrier sur le rôle des fascistes, sur leur utilisation par le pouvoir, sur leurs affinités avec les CDR. Contre la répression, le front se trouve raffermi et, pour la première fois depuis des dizaines d’années, le PCF prend la défense d’une organisation trotskiste !
Certains dans le mouvement ouvrier disent que la Ligue est tombée dans une provocation policière. Certains au gouvernement disent que Marcellin est tombé dans une provocation gauchiste
Comme quoi, cette provocation bonne à tout ne permet guère de voir plus loin que le coup pour coup, de mesurer les transformations réelles du rapport de forces. Et tous les déserteurs du 21 juin n’en seront pas quittes avec un tel argument.
Rouge, 13 juillet 1973
www.danielbensaid.org
La notion même de provocation est trop ponctuelle, trop instantanée pour permettre de mesurer les modifications réelles du rapport de force. Or, c’est là le résultat décisif du 21 juin. Marcellin a voulu utiliser la Ligue pour ranimer la peur du rouge au couteau entre les dents, c’est son rôle de ministre de l’Intérieur. Il a exposé cyniquement des policiers pour raffermir les rangs de la police, il l’avait déjà tenté en mars 1970 à l’occasion de la banalisation du campus de Nanterre. Il a voulu, à travers la Ligue, frapper la IVeInternationale, c’est son intérêt de flic international du capital.
Quel est le résultat ? La provocation démasquée, Marcellin apparaît comme le suspect n° 1 de l’affaire, comme un casseur assermenté, comme le coupable possible. L’alerte est donnée dans le mouvement ouvrier sur le rôle des fascistes, sur leur utilisation par le pouvoir, sur leurs affinités avec les CDR. Contre la répression, le front se trouve raffermi et, pour la première fois depuis des dizaines d’années, le PCF prend la défense d’une organisation trotskiste !
Certains dans le mouvement ouvrier disent que la Ligue est tombée dans une provocation policière. Certains au gouvernement disent que Marcellin est tombé dans une provocation gauchiste
Comme quoi, cette provocation bonne à tout ne permet guère de voir plus loin que le coup pour coup, de mesurer les transformations réelles du rapport de forces. Et tous les déserteurs du 21 juin n’en seront pas quittes avec un tel argument.
Rouge, 13 juillet 1973
www.danielbensaid.org
www.danielbensaid.org
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire