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mercredi 12 novembre 2014

Riad Sattouf mangeait des bananes tous les jours en Libye, moi je mange tous les jours des pommes de terre en France

Par Julie Amadis

Le 10/11/14

voir aussi :

La Banque Alimentaire : Voyage au cœur de la vie des pauvres

 

RIAD SATTOUF MANGEAIT DES BANANES TOUS LES JOURS EN LIBYE MOI JE MANGE TOUS LES JOURS DES POMMES DE TERRE EN FRANCE


Le petit Riad Sattouf se goinfre de bananes dans le Libye de son enfance. "La banane c'est le fruit du peuple" répète Kadhafi. C'est le fruit produit abondamment dans le pays. Et dans la période de pénurie, on peut toujours se nourrir ...  de bananes.
Alors quand la famille de Riad vient chercher sa ration de nourriture, elle a le droit à des kilos de
bananes et à ....  presque rien d'autre.
Mais la mère de Riad est rassurée et heureuse de voir que son petit mange ! Alors que eux adulte sont écœuré de manger toujours la même chose. Et ils finissent par choisir de se priver de nourriture.
C'est dans cette BD "l'arabe du futur" que l'on trouve cette épisode autobiographique de la vie du célèbre écrivain de bandes dessinées Riad Sattouf.
Certes, certains contradicteurs Libyens disent que les bananes.... ils ne les avaient même pas vues
À la page 24, j'apprends grâce à une jolie illustration les quelques exemples de menus offerts par l'État. Les boîtes de corned-beef et les bananes. Je n'en ai jamais mangé et il n'y a qu'une seule chose dont je me souviens : c'est les boîtes de thon et la farine. Je suis sûre que beaucoup de Libyens seraient prêts à témoigner et jurer sur le Saint Coran que leurs enfants n'avaient jamais vu la couleur d'une moindre banane. Les chiquitas étaient réservées aux proches du régime, livrées en avion spécial du Costa Rica. (Les inexactitudes de l’Arabe du futur Tahani Khalil GHEMATI )


Lui c'est le thon et la farine dont il a une indigestion...

Ce n'est pas les bananes en France que l'on a en abondance mais les pommes de terre !

Le Français moyen en 2014 ne vit pas comme le Libyen des années 80. Il peut trouver tous les produits qu'il désire dans son supermarché préféré !
Mais le Pauvre, lui, doit se contenter de ce que l'on lui donne. Et les associations, comme la banque alimentaire, récupèrent les surplus de production agricole.
Le surplus agricole, en France, c'est la pomme de terre !

.Comme Riad Sattouf qui mange des bananes en abondance, j'ai mangé des pommes de terre en abondance. Pendant trois jours à tous les repas je me goinfrais d'un plat de pommes de terre !


Les bénévoles de la Banque Alimentaire m'ont dit :

"Les pommes de terre, vous en prenez autant que vous voulez. On en a tellement que on va pas savoir quoi en faire".

Comme je n'avais reçu qu'un peu de pâtes et pas de féculents (pas de riz, pas de semoule ...) !!!
Pour 15 jours, même pour 5 jours (car ça dure en moyenne 5 jours le colis), ça ne faisait vraiment pas assez pour me nourrir en quantité suffisante.
Alors je me suis servie et j'ai pris un gros sac de patates !

Ces pommes de terre devaient provenir des surplus agricole. Depuis 1987, à la demande de Coluche, les surplus de la PAC (Politique Agricole Commune) doivent être reversés aux associations d'aide aux plus pauvres.
"Les banques alimentaires contribuent ainsi utilement à la résorption des excédents de production agricole en en faisant bénéficier les plus démunis (principales denrées visées : lait, fruits, légumes, céréales)." wikipédia la banque alimentaire

BANQUE ALIMENTAIRE : 70% DU COÛT EST PAYE PAR..... LES PAUVRES
LES BÉNÉFICIAIRES DE LA BANQUE ALIMENTAIRE NE COUTENT RIEN A L’ÉTAT

Alors que 70 % des frais de fonctionnement de la structure sont financés par nous les bénéficiaires ! Nous donnons 2,90 euros par colis tous les 15 jours. Et cet argent sert à l'association pour couvrir les charges de fonctionnement.
"Les bénéficiaires paient une participation symbolique de 2,90 € par colis (donc tous les 15 jours) afin de préserver leur dignité. Mais pas seulement car ces petites sommes représentent tout de même au final 404 000 euros et donc 70 % du financement des frais de fonctionnement de la structure (camion, essence, frigos...)." ( Delio Descarrega, Président de la Banque Alimentaire, Le Havre)
Les produits alimentaires que l'on nous donne ne sont pas achetés !
Ce sont des produits qui devaient finir à la poubelle !


Et nous rendons service à la grande distribution car ça leur coûterait plus cher de garder ces surplus que de nous les donner. Voici ce que nous précise le wikipédia "Banque alimentaire" :
"Les surplus coûtaient en effet plus cher à stocker qu’à distribuer gratuitement aux pauvres !"

NOUS MANGEONS LES RESTES 

Nous ne mangeons que les restes de ceux qui ont les moyens de se nourrir.
La grande majorité des produits frais sont à consommer le jour où il nous sont distribués ou le lendemain. Pour les surgelés, la date limite de consommation est presque toujours dépassée de 1 mois ou 2. Pour les conserves et les produits secs (pâtes) la moitié des produits ne sont pas périssables rapidement.



Je n'aurai jamais osé manger de tel produit avant ! Mais quand on a pas le choix, on les mange. Et ces produits ne sont pas mauvais pour autant ...



Mais on apprend aussi à manger des produits périmés et à manger tout ce que l'on vous donne. Car on ne peut se permettre de gacher la nourriture.

Nous sommes un peu les Renards de la société. Nous mangeons les restes.

UN COLIS EST DISTRIBUE TOUS LES 15 JOURS MAIS AU BOUT DE 5 JOURS TOUT EST MANGE !



La Banque Alimentaire, c'est le mardi. Et on y vient une fois tous les 15 jours.

Au bout de 4, 5 jours, il ne reste plus rien ! Il faut refaire des courses.
On va au supermarché. On regarde le prix des produits au kilo et on prend les moins chères !
Au début, ça prend du temps. Ensuite, les produits qu'il faut prendre sont connus et ça va vite de se servir dans les rayons !

On fait aussi le décompte de la nourriture dépensée à chaque repas.
On se dit "faut que je tienne jusqu'à mardi prochain". Et puis, on attend avec impatience la prochaine distribution ! On en rêve même ! Et le dernier lundi, il reste de l'eau au café, des pates au beurre ...

Voilà l'univers du pauvre en France.
Quand on a des projets et que l'on a la chance de pouvoir avoir une activité intellectuelle, on oublie la faim. Mais on compte toujours les jours qu'il reste avant la prochaine distribution de nourriture.

Quand vous devenez très pauvre, votre fonctionnement biologique et psychologique change. Vous n'obéissez plus à votre estomac et à vos envies culinaires. Vous apprenez à votre estomac à obéir au diktat du rationnement !

Avec moins de 3 euros par jour, heureusement que des associations comme les Restos du cœur et la Banque Alimentaire sont là pour limiter les dégâts de votre santé !

La Banque alimentaire récupère la nourriture invendable et nous mangeons ce que les autres ne veulent pas !

Mes grands parents, quand j'étais petite fille, et que je critiquais le repas que je ne trouvais pas bon,  me répétait toujours :
"ne te plaint pas, tu n'as pas connu la guerre"

Peut être que manger pendant la guerre, ça ressemble un peu à manger quand on est pauvre.








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