ARTICLES

jeudi 23 avril 2015

2 ans après l'effondrement du Rana Plaza : "menaces, intimidation, licenciement, agression physique" exercés sur les employés qui veulent créer un syndicat



Plus de 1134 personnes sont mortes dans l'effondrement
d'un immeuble de 8 étages à Savar, près de Dhaka
  24/4/2013 Photographe: Strdel/AFP/Getty Images Gardian)
Par Julie Amadis
#IpEaVaEaFaF
Le 23/04/15


Munir, employée de cette usine, (... )
"Ils m'ont frappé avec des crosses de hockey, m'ont cassé la jambe droite. (...)Un des gangsters a hurlé que s'il m'entendait prononcer à nouveau le nom du syndicat, il me couperait la langue." 
(cf infra)


Déjà 2 ans que l'immeuble des usines textiles des grandes marques de vêtements occidentales telles que C&A, Mango et Benetton s'est effondré. Il est situé à Savar, faubourg ouest de Dacca, la capitale du Bangladesh.
L'effondrement avait fait 1134 morts (le véritable chiffre n'a été connu que bien plus tard...).
Le scandale avait été d'autant plus important que il s'agissait d'une volonté délibérée de laisser les employés dans l'immeuble alors que les risques étaient connus.
"Selon des médias bangladais, la veille de la catastrophe, des inspecteurs avaient découvert des fissures dans l'immeuble et avaient requis son évacuation et sa fermeture. Les commerces et la banque qui occupaient les niveaux inférieurs avaient fermé immédiatement, mais les salariés des ateliers de confection s'étaient vu enjoindre de revenir le lendemain, leur encadrement déclarant que l'immeuble était sûr8,9. (wikipédia)
Juste après ce drame, j'avais écrit cet article, mettant l'accent sur la responsabilité de ces marques occidentales qui décentralisent et paient leurs employés un salaire de misère ! Le voici intégralement:
[On notera que les 200 décès annoncés au début cachaient le véritable total des morts dans cette tragédie : 1134 morts] 


vendredi 26 avril 2013 (Revactu)

32€ par mois: 230 morts au Bangladesh, 230 morts du capitalisme pour des salaires de misère



Description de l'image  Logo C&A.svg.

par Julie Amadis

USINE DANGEREUSE
POUR UN SALAIRE DE MISÈRE

Germinal n'est plus en France il est au Bangladesh. Ce ne sont pas les mines qui s'écroulent, ce sont les usines du XXIème siècle !

« Plus de 200 personnes sont mortes dans l'effondrement d'un immeuble de huit étages, qui abritait des ateliers de confection à Savar, au Bangladesh. Des ouvriers s'étaient publiquement inquiétés la veille de fissures. » titre L'express
[Mais dès le mois de décembre, on savait que ce n'étaient pas 200 mais 1134 morts dans la tragédie].

Pour que le travailleur européen et américain puisse s'acheter ses fringues préférés sans trop se ruiner, il faut bien que quelqu'un les fabrique à bon marché. Le Bangladesh est devenu une gigantesque usine de textile.
« Il s’agit du pire accident dans l’histoire industrielle de ce pays défavorisé qui a fait du secteur textile le pivot de son économie. » Libération
Au Bangladesh, les gens sont payés 32 euros par mois et les usines sont dangereuses.
Revenu

Les salaires au Bangladesh

31,80 € de revenus moyen / mois
source Banque Mondiale, 2008
En 2010, le salaire minimum était de 18 euros par mois !
"Les défenseurs des droits des travailleurs rejettent la proposition de salaire minimum au Bangladesh. Ce 27 Juillet, le Conseil national des salaires du Bangladesh a recommandé au Gouvernement de ce pays d’élever le salaire minimum légal dans le secteur de l’habillement à 3.000 Takas par mois (33 euros). Cette proposition doit être avalisée par le Gouvernement dans les deux prochaines semaines. Actuellement le salaire minimum légal fixé pour le secteur de l’habillement s’élève à 1.662 Takas (18€) par mois. Il n’a pas été revu depuis 2006 alors qu’entretemps l’augmentation des prix des produits de base a été multiplié jusqu’à trois fois."

C&A, MANGO ET BENETTON NIENT LEUR RESPONSABILITÉ

Comme pour l'ouvrier Jackson, dans le Talon de Fer de Jack London, les responsables directs nient leur responsabilité.
— J’ai fait sauter la courroie de la main droite, et j’ai voulu ôter le caillou avec ma gauche. Je n’ai pas regardé si la courroie était bien dégagée. Je croyais que ma main droite avait fait le nécessaire, j’allongeai vivement le bras gauche... mais pas du tout, la courroie n’était qu’à moitié dégagée... et alors mon bras fut broyé.
— Vous avez dû souffrir atrocement, dis-je avec sympathie.
—Dame, l’écrasement des os, ça n’était pas drôle.
Ses idées semblaient un peu confuses au sujet de l’action en dommages-intérêts. La seule chose claire pour lui, c’est qu’on ne lui avait pas accordé la moindre compensation. D’après son impression, cette décision adverse du tribunal reposait sur le témoignage des contremaîtres et du sous-directeur, qui, selon sa propre expression, n’avaient point dit ce qu’ils auraient dû dire. Et je résolus d’aller les trouver.
Le plus net de tout cela, c’est que Jackson se trouvait réduit à une situation lamentable. Sa femme était en mauvaise santé, et ce métier de fabricant ambulant ne lui permettait pas de gagner de quoi nourrir sa famille. Il était en retard pour son loyer, et son aîné, un garçon de onze ans, travaillait déjà à la filature.

Toutes les marques de vêtements européennes citées comme responsables disent n'avoir pas fait travailler de gens pour leur compte dans cette immeuble.
Le journal Libération indique que la marque Mango fait fabriquer ses vêtements dans cette immeuble : « Cet immeuble de huit étages, Rana Plaza, situé à la périphérie de la capitale, Dacca, abritait cinq ateliers de confection notamment liés à la marque espagnole Mango et au britannique Primark. ».
Pourtant selon l'express la même marque aurait déclarée ne pas avoir de lien avec cette affaire :
« La marque espagnole Mango et l'italien Benetton ont affirmé qu'aucun de leurs fournisseurs bangladais n'était impliqué. »
Description de l'image  Benetton logo.png.Benetton aurait contrairement à ce qu'elle affirme un lien avec cette usine d'habillement d'après la Fédération des ouvriers du Textile :
« La Fédération des ouvriers du textile a aussi fourni des documents liés à des commandes de Benetton à un atelier de confection, New Wave Style, mais l’italien a affirmé que «les gens impliqués dans l’effondrement de l’atelier au Bangladesh n’étaient pas des fournisseurs de Benetton».
De même, C&A dont on a retrouvé des étiquettes sur les lieux nie en bloc :
« Le groupe de défense des ouvriers du textile, Clean Clothes Campaign, basé à Amsterdam, a pour sa part affirmé que des étiquettes de la marque européenne C&A avaient été retrouvées. C&A a dit à l’AFP ne plus avoir de lien avec un fabricant basé au Rana Plaza depuis octobre 2011. » (Libération)
Tous ces hypocrites nient leur responsabilité:
« Le bâtiment s’est effondré comme un château de cartes peu après l’embauche mercredi, à Savar. Il s’agit du pire accident dans l’histoire industrielle de ce pays défavorisé qui a fait du secteur textile le pivot de son économie. » Libération

Alors même que l'accident était prévisible, ce sont les patrons qui ont la responsabilité des pressions exercées pour contraindre les ouvriers à continuer à y travailler
« Des ouvriers du textile travaillant au sein du bâtiment s'étaient publiquement inquiétés la veille de fissures mais leurs responsables ont ignoré les mises en garde, leur enjoignant d'embaucher normalement le jour suivant. (...) Selon des ouvriers, leurs responsables leur avaient demandé de rester à leur poste en affirmant qu'il ne s'agissait que d'un exercice d'alerte incendie. » L'Express
Mais les vautours du capitalisme esclavagiste ont le mot "droits humains" quand il s"agit de renverser le président Gbagbo ou d'imposer des élections truquées au Mali. La notion de SMIC mondial ou l'exigence du SMIC en Afrique, ces gangsters n'en veulent pas :
« Selon Tessel Pauli, une porte-parole de Clean Clothes Campaign, une association de défense des travailleurs du textile basée à Amsterdam, cet accident est "symptomatique" des problèmes dans ce secteur au Bangladesh. "Ces accidents montrent un échec des marques (étrangères) à faire de la sécurité une priorité. Ils savent ce qui doit être fait et ne le font pas", a-t-elle dénoncé mercredi. » L'Express
Ils s'ingénient à brouiller les pistes sur les propriétaires réels des usines où travaillent leurs esclaves
« Selon l'Association des fabricants et exportateurs de textile au Bangladesh (BGMEA), les ateliers de confection situés dans l'immeuble employaient plus de 2600 ouvriers. La chaîne britannique de vêtements à bas prix, Primark, a indiqué que l'un de ses fournisseurs était basé au Rana Plaza. 
Walmart a de son côté dit enquêter pour savoir si elle avait des fournisseurs basés au Rana Plaza. La marque espagnole Mango et l'italien Benetton ont affirmé qu'aucun de leurs fournisseurs bangladais n'était impliqué. Un responsable de la police, Monir Hossain, a indiqué qu'une enquête avait été ouverte à l'encontre du propriétaire du bâtiment, un membre du parti au pouvoir, pour violation des règles de construction. » L'Express
Ces comportements ne sont pas l'exception. Ils sont la règle. Les actionnaires de Walmart ont 111 crimes sur la conscience:
« En novembre 2012, un incendie dans une usine textile fournissant notamment l’américain Walmart avait fait 111 morts à la périphérie de Dacca. Selon des ouvriers, leurs responsables leur avaient demandé de rester à leur poste en affirmant qu’il ne s’agissait que d’un exercice d’alerte incendie » Libération
Tout cela n'aura de fin qu'avec la révolution anti-capitaliste. Elle est sur le point de se déclencher sur toute la surface de la Terre.
Nos cousins bengalis méritent 1000 euros par mois. Ils méritent de pouvoir investir librement 300€/mois.
Et les patrons finiront en prison !

COMPLEMENT
Un communiqué de 2010 de Peuples solidaires donne des précisions sur le niveau de vie esclavagiste dans ce pays."


2 ANS APRÈS LA CATASTROPHE
LES EMPLOYÉS QUI VEULENT CRÉER UN SYNDICAT
SUBISSENT "MENACES,INTIMIDATION, LICENCIEMENTS, AGRESSIONS PHYSIQUES"


Michel Henry, journaliste à Libération, rapporte plusieurs témoignages qui font état de l'énorme oppression qui pèse sur les salariés de ces usines.

Les
employés qui veulent créer un syndicat subissent agressions physiques, licenciement, menaces. Leur quotidien est un calvaire.

Munir, employée de cette usine, raconte les violences physiques qu'elle a subies suite à sa tentative de création d'un syndicat :
"Ils m'ont frappé avec des crosses de hockey, m'ont cassé la jambe droite. (...)Un des gangsters a hurlé que s'il m'entendait prononcer à nouveau le nom du syndicat, il me couperait la langue." (Libération, 23 avril 2015, Rana plaza : les "esclaves"du textile toujours sans droits" Michel Henry)
 Michel Henry cite d'autres cas d'employées victimes de violences parce qu'elles ont tenté de créer un syndicat  :
"Une employée a rapporté qu'elle avait été battue alors qu'elle était enceinte, puis forcée au travail de nuit, et finalement virée, parce qu'elle voulait monter un syndicat. Une autre a reçu la visite, chez elle, de "gangsters"qui ont menacé de lui "briser les mains et les jambes" si elle revenait à l'usine. Un syndicaliste raconte que ses collègues l'interpellent sur le thème : "Même vous, les organisateurs, êtes battus par le management, alors comment comptez-vous nous protéger, et quel sera notre sort si on vous rejoint ?". Un autre, licencié, s'est entendu dire : "Tu cherchais à créer un syndicat et maintenant tu es viré. Pourquoi voudrions - nous en créer un ?"
Et tout cela pour que les patrons des multinationales du textile puissent continuer à payer des salaires esclavagistes.
"63 euros c'est le salaire minimum dans le secteur du textile au Bangladesh depuis la fin 2013. Auparavant, il était de 39 euros." (Libération 23 avril 2015)
 Si le salaire de ces ouvrières a augmenté, c'est parce qu'elles ont durement combattu contre leurs patrons.
En septembre 2013, les ouvrières étaient des milliers à manifester pour demander des augmentations de salaire.
"Rues et routes bloquées, usines incendiées (notamment dans le faubourg de Savar, où l'immeuble s'est effondré) ou fermées… Dacca vit au rythme des manifestations contre les faibles salaires et les mauvaises conditions de travail dans le secteur de l'habillement au Bangladesh, à destination de marques occidentales, notamment.
  La colère est telle que des milliers d'ouvriers ont également attaqué un centre de policiers réservistes à quelque 40 km au nord de Dacca et dans la zone industrielle de la capitale, Tejgaon. Ils se sont confrontés aux forces de l’ordre devant le siège de l'Association des fabricants de textile." (France TV info)

L'INDEMNISATION DES VICTIMES DE LA CATASTROPHE
PAR LES GRANDES MARQUES OCCIDENTALES :
L'ARBRE QUI CACHE LA FORET


Sur les chaînes de télé et de radio, on a tous entendu le petit refrain qui rassure l'acheteur des marques bien connues comme Benetton, C&A, Mango :

"Benetton va indemniser les victimes du Rana Plaza"
Ça y était. Le consommateur en Occident pouvait aller s'acheter un nouvel habit sans culpabiliser pour autant.

Les médias faisant bien sûr leur bon travail de préservation du capitalisme.

Mais heureusement qu'un journaliste un peu différent est allé enquêter sérieusement sur le quotidien de ces employés pour nous conter leur calvaire quotidien.
Tant pis pour l'acheteur compulsif occidental moyen qui voudrait continuer à dépenser en se faisant croire que tout va bien dans le meilleur des mondes.

Tout d'abord l'article de Michel Henry nous révèle que l'indemnisation des victimes est insuffisante :
"Les victimes n'ont reçu que 70 % de leur dû. Après tergiversations Benetton a été le dernier en date à annoncer, le 17 avril, qu'il allait payer 1,1 million de dollars. Mais cette somme, fixée unilatéralement par le fabricant italien après une expertise privée, paraît insuffisante aux yeux des organisations comme Clean Clothes Campaign 'CCC), qui lui réclament 5 millions de dollars. Une dizaine de marques n'auraient toujours pas mis la main à la poche, selon les responsables du fonds d'indemnisation."
Et ensuite, ce journaliste nous montre les méthodes de gangster utilisées pour empêcher tout syndicat et augmentation des salaires de misère.

Les égalitaristes qui militent pour que chaque humain sur Terre reçoive 1000 euros par mois dans le monde de demain, savent que de telles luttes défensives sont souhaitables. Mais à la condition que leurs méthodes d'organisation permette au peuple de prendre lui-même le pouvoir.
Dans chaque grève défensive doivent apparaître des délégués révocables, à commencer par des délégués de bas un pour 25.
Dans chaque grève défensive, les égalitaristes doivent expliquer aux travailleurs que la seule véritable victoire sera l'abolition du capitalisme, des banques, de la riba.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire