Les sculptures de Chalsea Manning, Julian Assange et Edward Snowden, du sculpteur Davide Dormino |
Par Julie Amadis
Le 25/03/16
Julian Assange, Edward Snowden, Chelsea Manning, Antoine Deltour, Sylvia Garcia, Céline Boussié, Stéphanie Gibaud et moi même savons qu'on paie cher le fait d'avoir dénoncé des injustices.
Lanceurs d'alerte médiatisés et lanceurs d'alerte inconnus du grand public (beaucoup plus nombreux que les premiers) recevons de nombreux coups pour avoir osé parler.
Pas étonnant que la très grande majorité des salariés se taisent lorsqu'ils sont témoins de "scandales"...
"Selon l'étude du cabinet d'expertise, alors que 36% des salariés français se sont déjà trouvés confrontés à des pratiques frauduleuses sur leur lieu de travail en 2015, la même proportion n'ose pas en parler de crainte d'éventuelles représailles. " (La tribune)"Avec l'explosion du chômage il est facile de faire "taire" les travailleurs. Le discours direct ou sous jasent des employeurs c'est "si vous ouvrez votre bouche, c'est à vos risques et périls. On en a des milliers derrière qui n'attendent que ça pour prendre votre place."
LE CHÔMAGE OUTIL POUR TRANSFORMER LES TRAVAILLEURS
EN MOUTONS DOCILES
La bande dessinée SOS Bonheur montre très bien cette menace manipulatrice qui pèse sur les épaules de tous les salariés.
SOS Bonheur de Van Hamme : Le chômage comme menace pour les travailleurs
SOS Bonheur est une suite de 7 BD d' «anticipation» écrites par Jean Van Hamme (l'auteur de XIII et de Largo Winch) et dessinée par Griffo, alias de Werner Goelen.
Parue en 1988-89 en trois tomes, elle a été rééditée en un seul volume aux éditions Dupuis-Aire Libre
SOS Bonheur de Van Hamme : Le chômage comme menace pour les travailleurs
La plupart de ceux qui ont un emploi sont constamment placés sous la menace du licenciement. Ce harcèlement est une technique pour imposer la docilité.
"Dans cet épisode le personnage principal François Mortier, a été embauché - après 8 mois de chômage - dans une entreprise, "la CAG", Compagnie d'Analyses Générales .
On lui demande de faire un travail informatique bête et méchant : noter les différences qu'il pourrait y avoir entre plusieurs listes de chiffres.
Sa hiérarchie refuse de lui dire ce que représentent ces chiffres à comparer.
François va chercher à en savoir plus sur l'activité de cette entreprise. La première réponse qui lui sera donnée sera la menace du chômage.
Notre société use et abuse de cette menace. Plusieurs avaient d'ailleurs analysé le fait que Mai 68 avait été le déclencheur de cette nouvelle stratégie bourgeoise : le chômage et la misère.
La logique est simple, le discours cynique :
"On leur donne le plein emploi, de bons salaires et ils tentent de faire une révolution ! Alors, nous allons les écraser dans la misère et ceci servira de modèle pour les autres".
Comme en 1930 en Allemagne, tous les employés qui refusent d'être des moutons, de fermer leur gueule, qui ont une éthique, les trop curieux comme c'est le cas de François dans la bande dessinée seront mis à l'écart.
Bref, tous ceux qui sont rebelles ou seraient en passe de le devenir seront exclus du travail progressivement par divers biais : licenciement, non renouvellement de contrat ou crainte des employeur qui préfèrent les Répétants.
Ça ne marche pas si mal. Beaucoup de travailleurs sont de parfaits moutons. Ils perdent peu à peu leur humanité."
LA LOI EL KHOMRI VA MULTIPLIER LES LICENCIEMENTS
DES LANCEURS D'ALERTE
La plupart des lanceurs d'alerte ont vécu "la descente aux enfers" selon l'expression d'Armand Majde, journaliste.
« C’est une question qui n’est pas neuve, mais qui devient avec les années de plus en plus complexe et de plus en plus brûlante : la question des lanceurs d’alertes. » C’est ainsi qu’Amaëlle Guiton, journaliste de Libération en charge de l’animation de l’atelier « Lanceurs d’alerte : état des lieux, préconisations, actions » aux Assises du journalisme, le jeudi 10 mars 2016, ouvre la discussion. Parmi ses invités, il y a deux lanceurs d’alerte : Stéphanie Gibaud, ancienne responsable marketing d’UBS France qui a révélé les activités de blanchiment et de fraude fiscale de la banque suisse, et Rémy Garnier, ancien inspecteur des impôts qui fut le premier à soupçonner l’existence du compte à l’étranger non déclaré de Jérôme Cahuzac. Tous utilisent la même expression pour qualifier la vie de ceux qui osent dénoncer leur administration ou leur entreprise : une « descente aux enfers ». Harcèlement, « placardisation », et tôt ou tard, exclusion." (Buzzles)Quand j'ai décidé de témoigner auprès de la directrice de la maternelle où je travaillais de la violente fessée que j'avais vu l'ATSEM mettre au petit Kevin 3 ans dans les toilettes quand je suis passée dans le couloir, j'avais peur.
L'ANGOISSE, LA PEUR : LE QUOTIDIEN DE TOUT CEUX QUI SONT TÉMOINS D'INJUSTICE ET DÉCIDENT DE PARLER
Peur pourquoi ?
Je disais pourtant une vérité. Je témoignais.
Oui, mais, je pressentais que derrière ce témoignage, je risquais d'être harcelée moralement et peut être plus.
J'avais raison de pressentir cela. Puisque j'ai non seulement été harcelée mais en plus j'ai été virée.... Et 6 ans plus tard, l'inspecteur
qui m'avait traitée de "menteuse" a réglé ses comptes en organisant une opération de calomnies et un harcèlement professionnel....
Soutenue par la hiérarchie, il a réussi à me suspendre et je suis actuellement exclue 2 ans.
Dans l'école dans laquelle je me trouvais 6 ans plus tard, l'école Valmy, un instituteur de CE2/CM1 tapait ses élèves régulièrement et depuis plus de 20 ans.
141° jour d'exclusion d'une prof des écoles pour avoir dénoncé des violences à enfants
La Rectrice qui protégeait les agresseurs d'enfants dans les écoles est soupçonnée de "détournement de fonds"
La ministre Vallaud Belkacem en visite dans mon école Valmy où un instit a tapé ses élèves pendant 20 ans
Depuis mon exclusion, nombreux sont les gens qui m'ont écrit, parents d'élèves, enseignants. Des enseignants ont subi un harcèlement moral tellement important qu'ils ont atterri à l’hôpital ou ont fait une tentative de suicide (directrice d'école ayant fait une tentative de suicide dans le bureau de Patrick Deplanque). Tous ces témoins sont effrayés à l'idée de parler publiquement de ce qu'ils ont subi.La chape de plomb qui pèse sur ceux qui sont témoins de scandale est bien plus importante qu'on ne l'imagine. L'angoisse est très présente et elle va au delà de la crainte d'être licencié.
QUAND VOUS DÉNONCEZ UN SCANDALE VOUS DEVENEZ UNE CIBLE A ABATTRE
Parce que quand vous dénoncez un scandale, vous devenez la cible de nombreuses personnes et il n'y a plus de limite pour vos ennemis pour vous détruire socialement et moralement.
Vous subissez une attaque très puissante de discrédit. Vos adversaires cherchent partout dans votre vie privée, votre passé, par quel moyen nuire à votre image. Ils ont avec eux des soutiens nombreux. Il y a d'abord tous vos collègues qui ne veulent pas culpabiliser leur lacheté. Ensuite, toutes les instances étatiques qui font bien souvent l'autruche sur le problème sur lequel vous avez mis le doigt, se sentant sur le banc des accusés, vont mordre et chercher à vous transformer médiatiquement en coupable.
Comme le dit Stéphanie Gibaud « On ne mesure pas à quel point notre vie personnelle et professionnelle va finir en miettes. On croit agir pour l’intérêt général et on subit un enfer, une extrême solitude » (alterecoplus)
"Intelligence avec une puissance étrangère" une insulte couramment utilisée contre les anti esclavagistes du 18° au 21° siècle
LES LANCEURS D'ALERTE SONT SOUVENT EXCLUS OU LICENCIES
PAR LEUR EMPLOYEUR
Les lanceurs d'alerte sont plus exposés au licenciement que les autres salariés. Chacun sait bien que "donner son avis" ou encore plus grave "dénoncer un dysfonctionnement" ou encore une grave "révéler un scandale" dans une entreprise ou une administration, ça veut dire être licencié.
"Pour autant, la récente condamnation par la justice suisse de l'ex-informaticien d'HSBC Hervé Falciani -à l'origine desSwissLeaks- tend à prouver que ceux qui parlent ont, aujourd'hui, plus de chances de rencontrer un juge que ceux qui "se taisent". (La tribune)Et, en plus du reste, les lanceurs d'alerte ne peuvent avoir aucun espoir dans la justice de ce pays, plus occupée à refaire une virginité à vos agresseurs qu'à vous défendre et à défendre la cause que vous défendez.
Stephanie Gibaud, journaliste écrit " Si « le point commun c’est l’isolement, la détresse, la précarité pour certains, le nœud gordien c’est la justice », remarque Stéphanie Gibaud. « Il n’y a pas un seul avocat qui veuille nous défendre », et même quand un avocat est disponible, les frais sont exorbitants. En face, leurs adversaires « ont une puissance financière infinie, et appuient partout là où ils peuvent appuyer », ajoute Rémy Garnier. Il évoque aussi un moyen facile de se débarrasser d’un lanceur d’alerte : « vous risquez aussi de tomber sous le coup d’un expert psychiatrique qui va vous dire que vous êtes atteint d’un délire de Kretschmer ». Comme Stephanie Gibaud, il a perdu toute confiance en la démocratie et sa justice : « on est dans un Etat de non-droit absolu », s’indigne-t-il.
Nous n’aurions pas dit mieux ."
http://www.mediacoop.fr/…/lanceurs-dalerte-le-milieu-medico…
LEUR SITUATION FINANCIÈRE DEVIENT RAPIDEMENT CATASTROPHIQUE
Eloise Lebourg a enquêté sur les lanceurs d'alerte et a réalisé un documentaire "Lanceurs d’alerte, la vie d’après.". Son constat est alarmant :
« Tous les lanceurs d’alerte que je connais sont au RSA et sont inemployables »Et n'imaginez pas que votre situation ne peut pas être pire une fois que vous êtes exclu et que vous finissez après un mois sans aucune ressource, que vous ne pouvez pas tomber plus bas...
Si vous êtes quelqu'un qui a dénoncé un scandale d'état, on ne vous laissera pas tranquille. Toutes les instances étatiques se mobiliseront pour vous faire plonger le plus rapidement possible. Histoire d'être assuré d'en avoir fini avec vous, ou plutôt d'en avoir fini avec le scandale que vous avez révélé et qui tarit leur image.
Pour ma part, un harcèlement constant du Trésor Publique me réclamant des sommes astronomiques, me saisissant.... s'est mis en place suite à mon exclusion.
LIRE :
Répression politique: le fisc persiste à me réclamer le triple de mon RSA soit 1607 euros
100 euros de plus dans les profits de la Caisse d'Epargne. Ils ont volés 1/5° de mon RSA.
L'Education Nationale réclame 668€ à une institutrice anti-violences à enfants exclue 2 ans & condamnée au RSA
LA LOI EL KHOMRI VA PERMETTRE ENCORE PLUS FACILEMENT
DE LICENCIER LES LANCEURS D'ALERTE
La loi El khomri facilite les licenciements.Libération explique en quoi cette loi va permettre aux employeurs de licencier plus facilement.
"Certes, les motifs de licenciement économique restent «difficultés économiques», «mutations technologiques», «réorganisation de l’entreprise nécessaire à la sauvegarde de sa compétitivité» et «cessation d’activité». Mais alors que les difficultés économiques étaient jusque-là laissées à l’appréciation du juge, la réforme rajoute des critères pour justifier ce motif. Et contrairement à ce que dit Valls, ils étaient jusque-là insuffisants au regard de la jurisprudence.
Car le projet de loi «ajoute à la jurisprudence», explique à Désintox l’avocat en droit social Emmanuel Mauger. Notamment sur un point. Le projet de loi El Khomri définit par exemple les difficultés économiques «par une baisse des commandes ou du chiffre d’affaires». Or, la baisse du chiffre d’affaires n’a jamais suffi à justifier un licenciement économique. «S’attacher à un seul chiffre n’a jamais été suffisant», poursuit Emmanuel Mauger. La jurisprudence dispose en effet que «la baisse du chiffre d’affaires d’une société ne saurait suffire, dans son principe, à entraîner la conviction du juge quant au caractère réel et sérieux du licenciement contesté». Avec le projet de loi El Khomri, ça suffira désormais.
Autre changement par rapport à la jurisprudence : la prise en compte de la situation économique du groupe au niveau national. Jusqu’ici, le juge évaluait les difficultés économiques en fonction du secteur d’activité du groupe auquel l’entreprise appartient. Or, le projet de loi prévoit dorénavant de se limiter au contexte national et non plus à l’ensemble du groupe. Si l’entreprise appartient à un groupe, l’appréciation des difficultés économiques se fait «au niveau du secteur d’activité commun aux entreprises implantées sur le territoire national du groupe auquel elle appartient», stipule le projet de loi."libération
Les premiers sur la liste des licenciés seront, comme ça l'est actuellement, les plus indésirables, donc les lanceurs d'alerte.
Et, sous un prétexte bidon de licenciement économique le patron se débarrasse des salariés gênants...
Les pro-loi travail voudraient nous faire croire que la loi protège les salariés "lanceurs d'alerte" avec cela :
Tout est dans le détail...
On est libre de manifester ses convictions à condition qu'elles soient justifiées par "les nécessités du bon fonctionnement de l'entreprise". Quand on dénonce un scandale , on n'agit évidemment pas pour le "bon fonctionnement de l'entreprise" mais pour l'éthique et la justice et par honnêteté.
Quand l'employeur sait qu'il peut se débarrasser des salariés qui ne lui plaisent pas , c'est le rapport de force général patron-salarié qui est changé.
On le voit avec le chômage. Plus il y a de chômeurs, et plus les salariés obéissent à leur patron sans jamais rien revendiquer. ils ont peur de tout, de contester un petit truc, de faire gréve....
Alors dénoncer un scandale.... la très grande majorité sont terrorisés à la simple idée d'être amener à devoir le faire ....
Avec la loi travail, cette menace du licenciement pèsera encore plus sur les travailleurs. Et les scandales révélés seront certainement encore moins nombreux....
C'est ce que veulent les capitalistes.... Le niveau de saloperies et de magouilles où ils sont arrivés leur font redouter par dessus tout les lanceurs d'alerte.
Et, sous un prétexte bidon de licenciement économique le patron se débarrasse des salariés gênants...
Les pro-loi travail voudraient nous faire croire que la loi protège les salariés "lanceurs d'alerte" avec cela :
"6° La liberté du salarié de manifester ses convictions, y compris religieuse, ne peut connaître de restrictions que si elles sont justifiées, par l'exercice d'autres libertés et droits fondamentaux ou par les necessités du bon fonctionnement de l'entreprise et si elles sont proportionnées au but recherché." (Le Monde)
Tout est dans le détail...
On est libre de manifester ses convictions à condition qu'elles soient justifiées par "les nécessités du bon fonctionnement de l'entreprise". Quand on dénonce un scandale , on n'agit évidemment pas pour le "bon fonctionnement de l'entreprise" mais pour l'éthique et la justice et par honnêteté.
Quand l'employeur sait qu'il peut se débarrasser des salariés qui ne lui plaisent pas , c'est le rapport de force général patron-salarié qui est changé.
On le voit avec le chômage. Plus il y a de chômeurs, et plus les salariés obéissent à leur patron sans jamais rien revendiquer. ils ont peur de tout, de contester un petit truc, de faire gréve....
Alors dénoncer un scandale.... la très grande majorité sont terrorisés à la simple idée d'être amener à devoir le faire ....
Avec la loi travail, cette menace du licenciement pèsera encore plus sur les travailleurs. Et les scandales révélés seront certainement encore moins nombreux....
C'est ce que veulent les capitalistes.... Le niveau de saloperies et de magouilles où ils sont arrivés leur font redouter par dessus tout les lanceurs d'alerte.
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