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Nicolas Copernic (1473-1543)
Astronome polonais |
Par Julie Amadis
Le 01/08/2015
« Ce nouvel astrologue, ce fou qui prétend
bouleverser l’astronomie ! »1 (source Johann Aurifaber, citant Luther 1566)
Quelques mots
qu'avait prononcé Martin Luther, le père du protestantisme, à
l'encontre de Nicolas Copernic, le grand Astronome polonais, père de l'héliocentrisme.
Quand démarre une révolte ou révolution, les secondes classes
spoliatrices se montrent au côté des spoliatés pour ensuite les
trahir et les réprimer très durement.
L'attitude de Luther dans
le mouvement révolutionnaire du XVIème siècle est un parfait
exemple illustrant cette thèse.
Friedrich Engels, dans la
« Guerre des paysans », montre que Luther, en remettant
en cause l'attitude de l'Eglise - contraire aux préceptes de la
Bible - est le déclencheur de la Révolte Paysanne.
Pour faire
face à l’Église et à l'aristocratie, la Bourgeoisie représentée
par Luther, s'est alliée dans un premier temps avec les paysans.
Mais, craignant de voir ses privilèges détruits par ce
mouvement révolutionnaire des plus pauvres, la Bourgeoisie a choisi
par la suite de s'opposer au mouvement des paysans avec la plus
extrême sévérité.
Le langage utilisé par Martin Luther
pour appeler ses partisans à réprimer la révolte paysanne est
d'une telle cruauté qu'on aurait peine à penser qu'il provient de
celui qui a remis en cause l’Église.
De la même manière,
Copernic sera insulté par Luther. La défense de l'héliocentrisme
remet bien trop en cause l'ordre établi. Luther balaie donc d'un
revers de main tout le travail scientifique de Copernic en le
traitant de « fou ».
Aujourd'hui, il apparaît que, alors même
que la révolution n'a pas encore eu lieu, les secondes classes
spoliatrices ont un discours et des comportements contradictoires.
D'un côté, l'Innovoisie et la Formoisie se montrent
progressistes. De l'autre, elles sont à l'initiative de lois
répressives pour défendre leurs privilèges.
L'analyse du
personnage de Luther qui s'en prend à la fois aux paysans révoltés
et au scientifique progressiste Copernic nous éclaire sur
l'identification des ennemis des représentants des secondes classes
spoliatrices qui sont à la fois les spoliatés et les scientifiques
matérialistes.
MARTIN LUTHER ET NICOLAS COPERNIC :
DEUX ENNEMIS DE LA SOCIÉTÉ FÉODALE
Martin
Luther est celui qui remis en cause la société féodale en
critiquant le fonctionnement de l’Église.
Comme le souligne
Engels, à l'époque féodale, critiquer l’Église c'est critiquer le
féodalisme
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Friedrich Engels
auteur de "La guerre des paysans" |
« Il
est clair que toutes les attaques dirigées en général contre le
féodalisme devaient être avant tout des attaques contre l'Église,
toutes les doctrines révolutionnaires sociales et politiques
devaient être en même temps et principalement des hérésies
théologiques. Pour pouvoir toucher aux conditions sociales
existantes, il fallait leur enlever leur auréole sacrée. » La guerre des paysans Friedrich Engels
Copernic a défendu et développé la théorie astrophysique de l'héliocentrisme. Son travail de scientifique remettait en cause les fondements scientifiques, philosophiques et sociaux de la société de l'époque. Au XVIème siècle, pour tout un chacun la Terre était immobile et situé au centre de l'Univers.
Mais certains redécouvrirent la thèse majeure de Philolaos et de l'école du Puthagoras.
Copernic souligne l'importance prise, dans l'évolution de sa réflexion, par le concept de la Terre en mouvement selon Philolaos :
« D'autres pensent que la Terre se meut. Ainsi, Philolaos le
Pythagoricien dit que la Terre se meut autour du Feu en un cercle
oblique, de même que le Soleil et la Lune. Héraclide du Pont et Ecphantos
le Pythagoricien ne donnent pas, il est vrai, à la Terre un mouvement
de translation... Partant de là, j'ai commencé, moi aussi, à penser à la
mobilité de la Terre. »
— Copernic, Lettre au pape
Paul III, préface à
Des révolutions des orbes célestes, 1543.
Philolaos évalua le mois lunaire à 29 jours et demi, l'année lunaire à 354 jours et l'année solaire à 365 jours et demi.(Philolaos de Crotone sur Wikipédia)
L'héliocentrisme en rendant la Terre mobile et d'une importance égale aux autres planètes (elle n'était plus au centre de l'Univers !) modifiait considérablement les fondements d'une société inégale.
Martin Luther comme Nicolas Copernic transformait la société
féodale du début du XVIème siècle.
Tous les deux étaient les ennemis du
Vatican et de la classe dominante, la
noblesse.
LUTHER S'EN PREND POURTANT
DE MANIÈRE ACHARNÉE A COPERNIC...
Alors Pourquoi Martin Luther s'en prend-il de
manière acharnée à Copernic ?
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Martin Luther (1483-1546) |
Luther insultait Copernic de "fou" :
« Ce nouvel astrologue, ce fou qui prétend
bouleverser l’astronomie ! »
Luther est représentant
d'une certaine Bourgeoisie progressiste.
Copernic de par sa
découverte va beaucoup plus loin que Luther dans la remise en cause
de l'ordre établi.
Mettre le Soleil au centre de l'Univers et y
faire tourner les planètes autour, c'est changer d'échelle.
Tout
paraissait petit à l'égard de cette grande découverte
scientifique. Les planètes tournent autour du Soleil. Les hommes ne
sont donc qu'un élément dans un système gigantesque.
LES HUMAINS APPARAISSANT COMME DES FOURMIS
Et
tout paraît tout à coup minuscule.
Les minuscules humains paraissent tous identiques vus
du cosmos comme les fourmis nous paraissent toutes identiques vues du haut de nos 1 mètre 65.
Alors
dans ce nouvel ordre, les dominants exploiteurs qui veulent faire
croire au petit peuple qu'ils sont très importants n'ont plus de prétexte pour spolier les autres.
Luther voulait bien
remettre en cause l’accaparement des biens de l'Eglise, le
clientélisme et la corruption des membres du clergé.
LUTHER REPRÉSENTANT DE LA BOURGEOISIE
NE VEUT PAS DE LA REMISE EN CAUSE
DE L'ORDRE ÉTABLI DE COPERNIC
Mais Luther ne voulait pas mettre à bas
l'ordre établi. Parmi
ses adeptes, il y avait des seigneurs et
propriétaires terriens. Luther est le digne représentant de la Bourgeoisie naissante.
« (...) sous
la bannière de la Réforme luthérienne bourgeoise-modérée
se
rassemblent les éléments possédants de l'opposition, la masse de
la petite noblesse, la bourgeoisie, et même une partie des princes
séculiers, qui espéraient s'enrichir par la confiscation des biens
de l'Église et voulaient profiter de l'occasion pour conquérir une
indépendance plus grande à l'égard de l'Empire.
Enfin, les paysans et les plébéiens constituaient le parti
révolutionnaire,
dont les revendications et les doctrines furent exprimées avec le
plus d'acuité par Thomas Münzer. » La guerre des paysans Friedrich Engels
La preuve en est son attitude répressive face à
la révolte des paysans. Martin Luther appelle à
"égorger et passer au fil de l'épée" les paysans qui se rebellent contre les seigneurs !
« Luther, voyant la révolte
paysanne se retourner contre ses appuis seigneuriaux,
condamna les
soulèvements de 1525 dans une courte brochure d'une rare violence,
véritable appel au massacre, intitulée Contre les bandes
pillardes et meurtrières des paysans, dans laquelle il écrit1:
« (...) tous ceux qui le peuvent doivent assommer,
égorger et passer au fil de l'épée, secrètement ou en public, en
sachant qu'il n'est rien de plus venimeux, de plus nuisible, de plus
diabolique qu'un rebelle (...). Ici, c'est le temps du glaive et de
la colère, et non le temps de la clémence. Aussi l'autorité
doit-elle foncer hardiment et frapper en toute bonne conscience,
frapper aussi longtemps
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Thomas Müntzer
Leader de la révolte des paysans de 1523 |
que la révolte aura un souffle de vie. (...)
C'est pourquoi, chers seigneurs, (...) poignardez, pourfendez,
égorgez à qui mieux mieux". » wikipédia Guerre des paysans allemands
La révolution Copernicienne de Copernic portait en elle-même l'égalisme. Les humains, tous minuscule et en mouvement permanent n'avaient pas de raisons de vivre dans des conditions différentes.
LA BOURGEOISIE, SECONDE CLASSE SPOLIATRICE
AU XVIème SIÈCLE S'EN PREND AUX PLUS PAUVRES
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Supplice d'un meneur de guerre des paysans
(Jäcklein Rohrbach) |
Luther
est le représentant de la classe bourgeoise. Et c'est en tant que
représentant de la seconde classe spoliatrice de l'époque qu'il
s'en prend à la fois à Copernic et aux paysans pauvres.
La première classe spoliatrice au XVIème siècle est la noblesse. Elle exploite la paysannerie.
La Bourgeoisie n'a pas le pouvoir politique. Mais elle a un pouvoir économique et financier important sous la Renaissance.
Le souhait de la Bourgeoisie, en tant que seconde classe spoliatrice, est de prendre la place de la
première classe spoliatrice, la noblesse.
POUR PRENDRE LA PLACE DE LA PREMIÈRE CLASSE SPOLIATRICE LA SECONDE A UN DISCOURS PROGRESSISTE
EN FAVEUR DES SPOLIATÉS
Pour prendre la place de la noblesse, la Bourgeoisie a besoin de l'appui des plus pauvres, des paysans...
Elle va donc développer un discours progressiste. Ce discours peut prendre une forme rebelle voir révolutionnaire contre la classe sociale au pouvoir.
Martin Luther au début avait un discours véhément contre les rois, les princes et les prêtres. Il apparaissait révolutionnaire.
Engels décrit le Luther du début du mouvement pour la
Réforme :
« Lorsque,
en 1517, Luther attaqua tout d'abord les dogmes et la constitution de
l'Église catholique, son opposition
n'avait pas encore de caractère bien déterminé. Sans dépasser les
revendications de l'ancienne
hérésie bourgeoise, elle n'excluait aucune tendance plus radicale
et ne le pouvait d'ailleurs pas.
Car il fallait unir tous les éléments d'opposition, déployer
l'énergie la plus résolument révolutionnaire
et représenter l'ensemble de l'hérésie antérieure en face de
l'orthodoxie catholique. (...)
La forte
nature paysanne de Luther se manifesta au cours de cette première
période de son activité de la manière
la plus impétueuse.
«
Si le déchaînement de leur furie devait continuer, écrivait-il en
parlant des prêtres romains, il me semble
qu'il n'y aurait certes meilleur moyen et remède pour le faire
cesser que de voir les rois et les princes
intervenir par la violence, attaquer cette engeance néfaste qui
empoisonne le monde et mettre fin
à leur entreprise par les armes et non par la parole. De même que
nous châtions les voleurs par la corde, les
assassins par l'épée, les hérétiques par le feu, pourquoi
n'attaquons-nous pas plutôt ces néfastes
professeurs de ruine, les papes, les cardinaux, les évêques et
toute la horde de la Sodome romaine, avec
toutes les armes dont nous disposons, et ne lavons-nous pas nos mains
dans leur sang ? » la guerre des paysans Friedrich Engels
Les secondes classes spoliatrices d'aujourd'hui, l'
Innovoisie (classe détentrice de droits d'auteur) et la
Formoisie (classe détentrice de diplômes), agissent exactement comme la Bourgeoisie Luthérienne du XVIème siècle. Ces deux classes sociales usent à la fois d'un discours progressiste et de la répression quand il s'agit de protéger leur part du butin.
L'Innovoisie se montre solidaire des pauvres en organisant des actions type Resto du Cœur, et en même temps, elle organise le flicage généralisé d'internet (ADOPI) pour protéger ses droits d'auteur !
La Formoisie développe des actions et un discours en défense des spoliatés Palestiniens pendant que ses représentants pactisent avec la Franceafrique ! On peut citer Stéphane
Hessel qui dénonçait Israël pendant qu'il faisait la propagande du dictateur Compaoré qu'il appelait "mon ami".
Ces classes spoliatrices secondaires utilisent les « valeurs
progressistes humanistes » pour avoir la caution du peuple. Une
caution (ou soutien) nécessaire pour prendre le pouvoir et la place
de la première classe spoliatrice.
...MAIS LES VÉRITABLES ENNEMIS DES SECONDES CLASSES SPOLIATRICES SONT LES SPOLIATÉS ...
Mais
leurs véritables ennemis sont bien sûr les spoliatés. Ces spoliateurs secondaires veulent
continuer à les spolier pour pouvoir garder leur niveau de richesse
ou les spolier encore davantage pour augmenter leur niveau de
richesse. Ils savent que l'injustice découlant de cette inégalité
criante amènera inexorablement à des révoltes contre eux. Ils savent
aussi que leur véritable allié dans une situation de révolte est
la première classe spoliatrice
Ceux qui portent la parole des
spoliatés, leurs représentants sont combattus avec un acharnement
sans aucune mesure avec celui utilisé pour « combattre »
la première classe spoliatée.