Macron est depuis hier soir au Burkina, le pays de Sankara, le pays que le grand Sankara, le créateur des CDR, le grand révolutionnaire qui a lutté contre l"impérialisme et le capitalisme.
Le pays de celui qui a été assassiné par ceux dont Macron est l'héritier Franceàfric.
Un héros anti impérialiste assassiné parce qu'il voulait que toutes les richesses de son pays soient partagées entre tous les Burkinabè et que plus un centime n'entre dans les poches de ces vautours Franceàfric....
Macron est dans un pays les plus pauvres au monde et il vient en colonialiste.
RMC Kaboré le président Burkinabè voleur de la révolution de 2014, en bon valet du colonialisme a fermé les écoles du pays pour la visite de Macron.
Macron est tout de suite à l'Université de Ouagadougou et il y fait un discours.
Un discours. Pourquoi ?
Parce qu'il craint la révolution, il craint que les Burkinabè reprennent le véritable programme de Sankara et ne mettent en place l'humanocratie.
Lui qui a gardé Le Drian le ministre de la défense de Hollande qui a remis au pouvoir les terroristes MNLA et les jihadistes Ansardine au Mali...
Avec le jihadiste Ahmada Ag Bibi pro charia à Kidal devenu député RPM de l'Internationale Socialiste
Avec la ministre terroriste Nina Wallet Intalou protégée par Serval et Barkhane après avoir organisé les attaques terroristes de 2012
Le chef d'état major qu'il a nommé a, lui, participé au génocide au Rwanda....
Et Macron voudrait faire croire au Burkinabè que la Franceàfric c'est fini !!!!!
Il ne parle
pas aux pauvres majoritaires au Burkina mais à la proto-formoisie compradore et à leurs profs membres de la haute Formoisie. Une
minorité qui a la chance d'aller à l'Université et qu'il incite à venir
en France étudier...
Macron fait comme Stolypine il veut développer une classe intermédiaire qui trahit les pauvres.
Stolypine
après la révolution de 1905 avait développé une petite classe de
propriétaires dans les campagnes avec pour objectif de développer une
classe traitre à la population majoritaire pauvre
De
la même manière Macron veut créer une nouvelle bourgeoisie de start-up en recrutant dans cette proto-formoisie compradore étudiante des universités coloniales. Une bourgeoisie traitre aux
pauvres. Il choisit de parler aux étudiants burkinabè dans cette
optique. Parmi ces petits miliciens de l'impérialisme - dont beaucoup des médiocres MPP -, Macron veut recruter des anti Sankara, anti humanocrate qui préserveront
les intérêts impérialistes.
Les étudiants présents dans la salle sont les étudiants qui veulent bien pactiser avec l'impérialisme.
Sur les réseaux sociaux des Burkinabè expliquent que la plupart des étudiants ont refusé de participer à cette mascarade.
Il rend hommage dans le même discours à Sankara pour plaire à la jeunesse africaine et au criminel Franceàfric Chirac.
Un peu plus loin dans le discours on l'entend rendre hommage à Chirac au moment où il parle de la santé en Afrique.
Chirac qui était au pouvoir en 1987 avec Mitterrand, Chirac un des assassins de Sankara avec Foccart, Houphouet et Kadhafi !
Macron veut faire croire que le colonialisme est fini et que lui ne l'aurait pas connu.
Le colonialisme n'a jamais cessé d'exister.
De Gaulle a organiser de fausses indépendances. L'Afrique subsaharienne n'a jamais cessé d'être un territoire sous esclavage...
La mortalité infantile en zone Franceàfric est QUINZE FOIS PIRE qu'en "métropole esclavagiste" !
Un bébé meurt en France, quinze bébés meurent en Afrique - pour un même nombre de naissance.
Les présidents et hommes politiques qui ont tenté de rendre leur pays indépendant ont tous été tués, Sylvanus Olympio au Togo en 1963, Thomas Sankara au Burkina Faso en 1987, Patrice Lumumba au Congo en 1961, Amilcar Cabral au Cap Vert en 1973..... Le président de Côte d'Ivoire Laurent Gbagbo est à la Haye il n'était pas assez coopératif avec la Franceàfric et refusait de laisser la totalité du port d'Abidjan à Bolloré.
Et Yves Guéna a avoué avant de mourir qu'il savait depuis cinquante ans que De Gaulle tentait d'assassiner Sékou Touré...... en l'accusant de paranoïa !!!!
L'Afrique subsaharienne est un territoire d'occupation esclavagiste.
Pour payer des salaires de misères, il faut réprimer les populations et empêcher toute révolte.
Les troupes françaises sont là pour cela...
Et elles n'ont jamais été aussi nombreuses qu'au pire moment de la colonisation.
Le comportement de Macron dit l'inverse de ce qu'il veut montrer. Il tutoie les étudiants qui lui posent des questions. On l'entend dire "
Les terroristes ont été envoyé au Mali par Sarkozy et mis au pouvoir par Hollande. 58 millions de dollars leur a été donnés.
Iyad Ag Ghali a été protégé par Hollande et Le Drian (son ministre des affaires étrangères) qui est allé le cacher à l’hôtel Laïco au Burkina chez Compaoré quand celui ci était menacé....
Pour le réchauffement climatique, il faut être gonflé quand on est un pays gros consommateur de carbone d'oser parler du réchauffement climatique sans dire que ce sont les pays européens qui sont responsable de réchauffement du sahel ...
C'est les pays consommateur de carbone qui doivent payer les dégâts des pays non consommateur
M. Macron nous parle d'aide de la France à l'Afrique :
C’est
ce changement de méthode que je proposerai demain au sommet UE Afrique.
Nous devons être plus efficaces, plus au contact des besoin du terrain,
en ayant davantage une culture de l’évaluation; parfois notre aide
publique au développement ne correspond pas aux besoins, elle fait
plaisir au gouvernement, mais c’est une mauvaise méthode. Elle doit être
évaluée. Si elle est efficace il faut la poursuivre, sinon il faut la
rediriger.
CONCLUSION
Macron veut tout faire pour préserver les intérêts Franceàfric en Afrique.
Les bénéfices des patrons français sont colossaux. En versant des salaires 20 fois inférieurs aux salaires français on peut faire beaucoup d'argent, pour exemple, Bolloré qui fait 80% de ses profits en Afrique en payant 50€/mois dans ses plantations en Afrique Subsaharienne.
C'est avec l'argent volé aux Africains que Vincent Bolloré a acheté Canal Plus !
La Révolution a commencé au Togo depuis le 19 août 2017, elle a commencé de façon rampante en 2012, elle va forcément renverser le dictateur Gnassingbé et donc s'étendre ....
Le Burkina c'est le pays de Sankara donc les pays des CDR et de l'humanocratie...
C'est en réalité de cela dont a le plus peur Macron, les CDR, le vrai pouvoir du peuple et sa véritable autonomie...
C'est pour cette raison qu'il a choisi le Burkina Faso, le Pays des Hommes Intègres....
Mais Macron ne s'adresse pas à la population du Burkina mais à l'élite du pays, les étudiants. Les étudiants sont membres de la proto formoisie compradores, certains sont destinés à devenir des proto hauts formois.
Macron comme Stolypine l'avait fait un Russie en 1905 suite à la révolution ratée, annonce vouloir créer une classe sociale allié au pouvoir... Une nouvelle bourgeoisie capitaliste.
Il veut développer cette haute formoisie, la cajoler, lui proposer des cadeaux (ce qu'il a fait dans son discours) pour qu'elle trahisse le grande majorité de la population, pauvre...
Mais il s'y prend mal...
Ce président Franceàfric veut faire croire à ces proto hauts formois qu'il n'est pas un "colonialiste"... en les poussant à se mentir.... et à mettre dans leur poche les discours de Sankara....
Mais ces actes sont révélateurs de son racisme et de son colonialiste. Après le discours, dans les questions réponses, il tutoyait les étudiants et leur parlait de manière irrespectueuse pour un Président de la République
"vas - y" "
t'en a qu'une de question".
Édité par Yanick Toutain
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COMPLÉMENT : DISCOURS ENTIER DE MACRON
A OUAGADOUGOU (SOURCE : JEUNE AFRIQUE)
Le président français a délivré un long discours "à l'Afrique", ce
mardi 28 novembre devant des étudiants de l'université de Ouagadougou,
qui devrait faire date, tant les sujets abordés ont été nombreux. Nous
vous livrons ici l'intégralité de cette intervention.
C’est un discours fleuve que le président français à délivré ce
mardi à l’université de Ouagadougou. Sécurité, éducation, démographie,
assassinat de Thomas Sankara, culture, francophonie… La palette des
sujets abordés dans ce texte préparé en lien direct avec le Conseil
présidentiel pour l’Afrique installé fin août par Emmanuel Macron est
vaste.
Nous vous proposons ici le texte complet de ce discours :
« Je voudrais tout d’abord exprimer ma profonde reconnaissance au
président Kaboré et à Monsieur le président de l’université et à vous
tous, mesdames, messieurs, de m’accueillir ici dans votre pays, dans
votre région et dans ce lieu où votre présence et vos visages me donnent
une vision pleine de promesses d’avenir et qui se construit ici. Merci,
Monsieur le président, de l’accueil qui nous est réservé depuis hier
soir dans votre pays, de cette journée que nous allons passer ensemble
et de m’avoir permis de m’adresser à vous dans ce cadre.
Je suis également reconnaissant à chacun d’entre vous d’avoir
suspendu pour quelques heures la tâche la plus précieuse au monde : la
construction de l’avenir que vous osez inventer selon la belle formule
d’un de vos compatriotes. « Cet avenir que vous osez inventer », vous
l’avez reconnue, c’est une formule de Thomas SANKARA à qui je souhaite
solennellement rendre hommage.
Il n’y a plus de politique africaine de la France !!
Alors on m’a dit, ici c’est un amphithéâtre marxiste et panafricain.
Donc je me suis dit : « C’est peut-être l’endroit où je dois aller pour
m’exprimer. »
Parce que je ne vais pas venir vous dire que nous allons faire un
grand discours pour ouvrir une nouvelle page de la relation entre la
France et l’Afrique. Ou je ne suis pas venu ici vous dire quelle est la
politique africaine de la France comme d’aucuns le prétendent. Parce
qu’il n’y a plus de politique africaine de la France !!
Il y a une politique que nous pouvons conduire, il y a des amis, il y
a des gens avec qui on est d’accord, d’autres non. Mais il y a surtout
un continent que nous devons regarder en face. Alors, il n’est jamais
aisé, compte tenu de notre histoire partagée pour un président français
de venir parler comme cela de l’Afrique, et je n’aurais pas la
prétention ici d’exprimer la complexité et la diversité d’un continent
de 54 pays.
D’abord parce que ça a quelque chose de terriblement arrogant
d’essayer d’expliquer en quelque sorte qu’il y aurait une unité absolue,
une homogénéité complète ; 54 pays, avec autant d’histoire, avec plus
encore d’ethnies et de langues, avec des relations qui ne sont pas les
mêmes à l’égard de la France et un passé des traumatismes bien souvent
différents.
Néanmoins, si je ne veux pas m’improviser historien tout
particulièrement dans l’université qui a pris le nom d’un des plus
grands historiens du continent, je veux m’exprimer ici au pays des
hommes intègres parce que je sais qu’on ne parle pas qu’au Burkina
Faso, ni même uniquement à l’Afrique de l’Ouest, ni même uniquement en
Afrique francophone ; parce que ces barrières qu’on a longtemps mises
dans nos représentations, dans nos lectures politiques, dans nos
analyses, ce ne sont plus les barrières de l’Afrique d’aujourd’hui, de
la vôtre.
Ces barrières entre une Afrique francophone ou une Afrique
anglophone, entre une Afrique du Nord et une Afrique subsaharienne,
entre une Afrique francophone et lusophone aussi, toutes ces
barrières-là sont artificielles, elles ne viennent que plaquer en
quelque sorte un passé qui doit passer, des représentations qui ont
été, des constructions qui doivent évoluer.
Je suis comme vous d’une génération qui n’a jamais connu l’Afrique comme un continent colonisé
Je parlerais donc ici devant vous de l’Afrique comme d’un continent
pluriel, multiple, fort, et comme d’un continent où se joue une partie
de notre avenir commun.
Je vous parlerais avec sincérité mais aussi avec une profonde amitié.
Je suis comme vous d’une génération qui n’a jamais connu l’Afrique
comme un continent colonisé.
Je suis d’une génération dont l’un des plus beaux souvenirs
politiques est la victoire de Nelson Mandela et son combat contre
l’apartheid, chassé par une solidarité panafricaine allant de l’Alger à
Rabat, de Luanda à Conakry. C’est cela l’histoire de notre génération.
Aussi je me refuse à toujours revenir sur les mêmes représentations
d’hier. Il y a eu des combats, il y a eu des fautes et des crimes, il y a
eu des grandes choses et des histoires heureuses. Mais j’ai une
conviction profonde, notre responsabilité n’est pas de nous y enferrer,
notre responsabilité n’est pas de rester dans ce passé et de vivre
l’aventure pleine et entière de cette génération.
Je suis d’une génération de Français pour qui les crimes de la
colonisation européenne sont incontestables et font partie de notre
histoire. Je me reconnais dans les voix d’Albert Londres et d’André GIDE
qui ont dénoncé les milliers de morts du Chemin de fer du Congo, et je
n’oublie pas que ces voix alors ont été minoritaires en France comme en
Europe.
Je suis aussi d’une génération qui a été impressionnée par la
détermination de la jeunesse burkinabè à défendre à deux reprises et
parfois au prix de sa vie les acquis de la démocratie et de l’Etat de
droit.
Je suis d’une génération où on ne vient pas dire à l’Afrique ce
qu’elle doit faire, quelles sont les règles de l’Etat de droit mais où
partout on encouragera celles et ceux qui en Afrique veulent prendre
leurs responsabilités, veulent faire souffler le vent de la liberté et
de l’émancipation comme vous l’avez fait ici.
Et je suis d’une génération qui observe, que partout sur le continent
africain, la jeunesse africaine réclame avec impatience de participer à
la construction du destin de son pays et de la mondialisation. Je suis
d’une génération de Français pour qui l’Afrique n’est ni un encombrant
passé, ni un voisin parmi d’autres. La France entretient avec l’Afrique
un lien historique indéfectible, pétri de souffrance, de déchirements,
mais aussi si souvent de fraternité et d’entraide.
L’Afrique est gravée dans la mémoire française, dans la culture, dans
l’Histoire, dans l’identité de la France et c’est là une force et une
fierté que je veux cultiver, que je veux porter comme un atout de la
France, pour la France et pour l’Afrique dans notre rapport au monde.
Je constate qu’il y a un incident technique. Je voudrais juste
m’assurer qu’il n’y a pas de troubles qui vont au-delà. Tout va bien ?
Que celui qui a pris les étincelles le disent au lieu de se tenir
dignement. (coupure de son)
Nous sommes une génération dont les destins mêlés, qu’on le veuille
ou non, parce que nous avons cette Histoire commune mais parce que nos
parents, nos frères, parfois nos enfants ont fait ce choix d’enjamber
les continents et les mers. Et je suis, comme vous, d’une génération
convaincue que les diasporas africaines de France sont aussi au cœur de
notre ouverture du monde. Et je suis aussi convaincu, comme nombre
d’entre vous dans cette salle, que nous ne pouvons simplement nous
regarder comme étant à des milliers et des milliers de kilomètres, mais
comme étant aussi souvent de sang, d’Histoire et de destins mêlés.
J’entends souvent dire que la force de l’Afrique, c’est sa jeunesse.
Quand je vois les chiffres, qu’il s’agisse du Faso comme de toute la
région, il est difficile de dire le contraire. Mais permettez-moi de
dire que la force de la France, surtout en Europe aujourd’hui, c’est
aussi sa jeunesse. Et sa jeunesse, elle est en partie issue de cette
Histoire commune. Sa jeunesse, pour partie, elle regarde aussi
l’Afrique. Elle nous écoute quand nous parlons d’Afrique parce que nous
lui parlons à elle-même. La jeunesse française est aussi pour partie une
jeunesse sénégalaise, ivoirienne, guinéenne, burkinabé, nigérienne,
malienne ; elle est aussi tout cela. Et donc lorsque je vous parle de
vous, je vous parle aussi de moi.
Enfin, je suis d’une génération profondément européenne. D’une
génération qui est fortement attachée à son pays mais aussi à ce qu’il
peut construire avec les autres. J’en tire la conviction intime que ce
n’est pas simplement un dialogue franco-africain que nous devons
reconstruire ensemble, mais bien un projet entre nos deux continents,
mais bien une relation nouvelle, repensée à la bonne échelle, où l’Union
européenne saura parler et construire avec l’Union africaine et avec
l’Afrique tout entière. C’est bien à cette échelle que les choses
aujourd’hui se jouent.
C’est pour toutes ces raisons que j’ai tenu à être devant vous
aujourd’hui, ici au Burkina Faso, et dans ce lieu. Un lieu où on ne peut
pas tricher, un lieu qui résume les deux visages de l’Afrique : celui
de ses formidables opportunités mais aussi celui de ses difficultés, des
épreuves, du combat quotidien que chacun d’entre vous mène avec courage
pour forger son propre destin. Je ne serai pas du côté de ceux qui
voient dans l’Afrique le continent des crises et de la misère, mais je
ne serai pas non plus du côté de ceux qui vantent une Afrique enchantée,
une Afrique soudainement parée de toutes les vertus et érigée en
modèle.
L’Afrique est le continent central, global, incontournable car c’est ici que se télescopent tous les défis contemporains
Je ne serai pas de ceux qui se voilent la face et ignorent la
difficulté de votre quotidien. De ceux qui ignorent les grèves, les
années blanches, les difficultés d’accéder à des manuels, à une bourse,
parfois tout bonnement à une vie simple et heureuse. Je serai du côté de
ceux qui portent un regard lucide. Ceux qui considèrent que l’Afrique
n’est ni un continent perdu, ni un continent sauvé. Je considère que
l’Afrique est tout simplement le continent central, global,
incontournable car c’est ici que se télescopent tous les défis
contemporains.
C’est en Afrique que se jouera une partie du basculement du monde. Si
nous échouons à relever ces défis ensemble, alors l’Afrique tombera
dans l’obscurité, c’est possible. Elle régressera, elle reculera. Mais
avec elle, l’Europe aura les mêmes difficultés, parce que s’ouvrira une
longue période de migration, de misère, des routes de la nécessité et de
la douleur plus encore qu’aujourd’hui.
Mais si nous parvenons à relever ensemble ces défis, si nous sommes à
la hauteur de ce grand moment de bascule que nous sommes en train de
vivre, alors ici se jouera une partie de la croissance du monde. Alors
ici, cette jeunesse sera une jeunesse de réussite et de conquête parce
qu’il y a tout à conquérir. Alors ce sera une ère de développement, de
croissance et d’opportunités nouvelles pour les Africains comme pour
toutes celles et ceux qui voudront à leurs côtés mener cette aventure.
Ce grand moment de bascule, c’est celui où en Afrique, nous devons
justement relever tous les défis. Le terrorisme qui a frappé deux fois
notre capitale mais qui chaque jour, de manière insidieuse, bouscule les
équilibres et la stabilité du pays. Le changement climatique qui ravage
le Sahel plus que toute autre région dans le monde, qui au lac Tchad,
dans toute la bande sahélo-saharienne, bascule des populations entières,
plonge dans la pauvreté la plus complète des femmes et des hommes qui
vivaient de l’agriculture, de la vente du poisson ou de routes
commerciales qui vivaient depuis des siècles et des siècles.
La démographie, avec 450 millions de jeunes à insérer sur le marché
du travail en Afrique d’ici 2050 ; l’urbanisation puisque l’Afrique sera
dans quelques années le continent des mégalopoles ; et enfin la
démocratie, combat que vous avez ici mené et gagné et qui reste le
combat d’une grande partie de la jeunesse africaine. Surtout, vous
connaissez ce qu’aucun autre continent n’a connu, ce qu’aucune autre
génération n’a connu : le cumul en même temps de tous ces défis.
Votre génération a une responsabilité immense, celle de devoir le
plus rapidement possible relever ces défis tous ensemble. Vous ne pouvez
pas simplement gagner le défi du changement climatique en oubliant les
autres, vous ne pouvez pas simplement gagner la bataille contre le
terrorisme si, dans le même temps, vous ne gagnez pas celui du
développement économique et de la stabilité. C’est tout en se (coupure
de son)… beaucoup d’autres ont échoué, là où beaucoup d’autres se sont
dit : « Ce combat n’est pas pour nous. Nous pouvons en faire
l’économie », là où beaucoup d’autres s’étaient habitués.
Si je suis venu m’adresser à vous, c’est que beaucoup de choses
résident en vous. Je vous en dois quelques-unes. Vos gouvernants vous en
doivent aussi beaucoup, mais c’est en vous que réside une partie de la
solution. Dans votre volonté de prendre ce chemin, dans votre force de
caractère et votre détermination à réussir ce temps de bascule, dans
notre capacité ensemble à relever ce défi. La solution ne viendra pas de
l’extérieur, mais elle ne viendra pas non plus du statu quo ou des
vieilles habitudes.
Je veux être à vos côtés. Celui qui aidera l’Europe à saisir cette
chance, celle d’écouter la jeunesse africaine, d’en tirer le meilleur et
de mettre son potentiel au profit de l’ensemble du monde. Et cela
commence en venant devant vous, à votre écoute, à l’écoute de toutes les
voix. J’irai écouter la jeunesse partout où elle se trouve, partout où
elle s’exprime. Cet après-midi ensemble dans une école, demain en Côte
d’Ivoire puis après-demain au Ghana sur des terrains de football. J’irai
partout écouter ce qui s’exprime, ce qui se dit, ce qui se veut. Mais
d’autres m’aideront aussi pour entendre votre message et j’ai tenu à ce
qu’ils soient présents à mes côtés aujourd’hui.
J’ai pris l’engagement d’avoir une France au rendez-vous du défi de développement
Ce sont les membres du Conseil présidentiel pour l’Afrique. Pour
l’Afrique car ils seront un lien permanent avec vous comme le sont les
organisations que je n’oublie pas, qui œuvrent au quotidien sur le
terrain aux côtés des populations. Et présidentiel car votre voix me
sera restituée sans filtre, sans intermédiaire, sans concession. C’est
ce qu’ils ont commencé à faire il y a quelques jours, lorsque nous avons
préparé ensemble ce déplacement.
Ce sont des jeunes femmes et de jeunes hommes qui ont accepté de
prendre sur leur temps pour venir être, en quelque sorte, vos
porte-voix, pour venir à la rencontre, pour venir écouter, partager leur
expérience. Non pas me dire ce qu’il faudrait me dire ou ce qu’on dit à
un président de la République depuis parfois bien longtemps. Non ! Me
dire ce qui se dit, ce qui se ressent, ce qui se veut, ce qui est
attendu, ce qui est nécessaire. C’est ce qu’ils continueront de faire en
veillant au respect des engagements pris devant vous.
Parce que je suis venu pour prendre des engagements et j’en ai déjà
pris. J’ai pris l’engagement d’avoir une France au rendez-vous du défi
de développement. Beaucoup de ce que je viens de rappeler et de ce que
je vais dans un instant détailler ne serait pas possible si la France
n’était pas à la hauteur de ce défi et ne décidait pas d’être à la
hauteur en termes d’aide publique au développement. Je sais que c’est
très attendu. Aussi ai-je pris l’engagement, dès le début de mon mandat,
d’atteindre à la fin de celui-ci les 0,55 % du revenu national brut en
termes d’aide publique au développement. C’est un engagement ferme, il
est exigeant.
Il est exigeant. Il supposera des efforts, nous les ferons. Parce que
ces efforts, c’est la contribution française à la réussite de tout un
continent, de nombreux pays, parce que c’est une part de notre réussite
aussi. Et donc, dans les prochains mois, une stratégie sera détaillée,
préparée par le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, qui
année après année, expliquera très précisément comment nous y
parviendront avec des engagements financés et avec des financements à la
clef.
Mais je ne veux pour autant pas que nous nous arrêtions aux chiffres.
L’aide publique au développement, nous savons parfois ce que ça peut
dire, ce que cela a pu dire. Un argent qui va trop peu sur le terrain,
trop peu justement aux jeunes ou ceux qui en ont le plus besoin. Et
donc, cette philosophie qui a été changée il y a plusieurs années en
France sous l’autorité de Jean-Michel SEVERINO dont je salue ici la
présence, et qui est aujourd’hui portée à la tête de l’AFD, l’Agence
Française de Développement par Rémy RIOUX, également à mes côtés, c’est
cette transformation que nous avons conduite depuis plusieurs années,
conduisant à avoir une politique de développement française plus proche
du terrain, plus à l’écoute des besoins, travaillant de manière plus
délocalisée au contact des besoins.
Parfois, notre aide publique au développement ne répond pas aux besoins
Nous devons passer une nouvelle étape, franchir encore un nouveau
seuil. Je souhaite que nous réfléchissions dans les prochains mois avec
vous peut-être à un nouveau nom, à une nouvelle philosophie, à des
nouvelles modalités d’action, comme ce que nous avons su faire ensemble
il y a quelques semaines au Sahel avec l’Alliance pour le Sahel.
C’est-à-dire savoir avoir une aide publique au développement plus
spécifique où nous nous mettons ensemble autour de la table, de manière
directe, avec les étudiants, avec les ONG, avec les associations, avec
les entreprises et où la France, avec ses partenaires africains, se met
en situation d’agréger l’aide multilatérale, l’aide d’autres puissances
européennes pour être plus efficace.
Non pas pour avoir des cathédrales que nous construisons à notre
gloire, non. Pour poursuivre des projets dont les Africains ont besoin.
L’Alliance pour le Sahel lancée en juillet dernier, elle associe
l’Allemagne, l’Union européenne, la Banque africaine de développement,
la Banque mondiale et le PNUD avec l’ensemble des membres du G5 Sahel.
Et elle permet de manière beaucoup plus efficace, avec méthode,
d’intervenir ainsi sur le terrain.
C’est ce changement de méthode que je proposerai à tous demain au
sommet entre l’Europe et l’Afrique à Abidjan. C’est ce changement de
méthode que nous avons commencé mais qui doit se poursuivre de manière
indispensable, où nous devons être plus efficace, plus au contact des
besoins du terrain, en désintermédiant parfois notre organisation et en
ayant davantage collectivement une culture de l’évaluation.
Parfois, notre aide publique au développement ne répond pas aux
besoins. Elle fait plaisir à des gouvernements français ou africains.
C’est une mauvaise méthode. Elle doit être évaluée ; elle doit être
évaluée. Si elle est efficace, il faut la poursuivre. Si elle ne l’est
pas, il faut la réorienter vers des projets portés sur le terrain et des
projets que nous accompagnerons. C’est cette nouvelle philosophie,
cette nouvelle volonté qui accompagnera l’engagement ferme en termes de
financement pris par la France.
Mesdames et messieurs, chers amis, les mots sont importants parce
qu’ils sont le début d’un choix partagé, d’une histoire partagée, d’un
imaginaire commun. C’est pourquoi la proposition avec laquelle je viens
devant vous, ce n’est pas de décréter seul une nouvelle étape de notre
relation, non. C’est avec humilité de vous proposer d’inventer ensemble
une amitié. Nous avons tout pour y parvenir. Une histoire, des liens,
des aventures familiales, des passions communes avec tout ce qu’elles
emportent. Des déchirements, des volontés folles de faire et surtout une
amitié pour agir. Car il s’agit bien ensemble de peser sur les grands
équilibres du monde de demain.
C’est la responsabilité de dire que les drames qui se déroulent sous nos yeux en Libye sont un crime contre l’humanité
C’est cela aujourd’hui ce que, avec vous, je suis venu faire.
Proposer d’inventer une amitié pour agir. Et le ciment de l’amitié,
c’est de commencer par tout se dire. C’est de ne faire l’impasse sur
aucun des périls qui peuvent emporter, de manière irréversible, la
stabilité de l’Afrique mais aussi avec elle de l’Europe. C’est de les
identifier et chacun de prendre sa part de responsabilité. Le premier
péril qui pèse sur chacune de nos consciences, c’est l’atteinte à notre
dignité humaine. C’est la responsabilité de dire que les drames qui se
déroulent sous nos yeux en Libye sont un crime contre l’humanité.
Elles sont le stade ultime de la tragédie que nous avons laissé
prospérer sur ce que j’appelle les routes de la nécessité. Ces routes du
Sahel, de la Libye, de la Méditerranée, ultimes car elles nous ramènent
au pire désastre de notre histoire partagée : celui de l’esclavagisme,
celui de la traite des êtres humains. C’est une histoire complexe,
millénaire. Une histoire de l’Afrique avec elle-même et de l’Afrique
avec l’Europe. Mais c’est un crime contre l’humanité aujourd’hui sous
nos yeux. Il faut le nommer, non pas pour accuser l’autre comme je
l’entends parfois. Non pas pour dire : « Le problème est ailleurs. »
Non, pour agir avec force, avec vigueur.
Je proposerai demain à Abidjan, lors du sommet rassemblant l’Europe
et l’Afrique, aux côtés du président OUATTARA et du président CONDE, une
initiative euro-africaines pour mettre un terme à cette stratégie
portée par tous ceux qui veulent notre destruction. La stratégie des
terroristes, des trafiquants d’armes et d’êtres humains qui conduisent à
la tragédie que nous voyons sous nos yeux. Une initiative qui doit
commencer par frapper les organisations criminelles, les réseaux de
passeurs qui agissent impunément depuis les centres urbains de la Corne
de l’Afrique et de l’Afrique de l’Ouest jusqu’aux côtes européennes.
Je salue, à ce titre, les actions courageuses qui ont déjà été prises
par les autorités nigériennes. Je proposerai également que l’Afrique et
l’Europe viennent en aide aux populations prises au piège en Libye, en
apportant un soutien massif à l’évacuation des personnes en danger.
C’est un devoir et c’est le nôtre. D’abord, comme nous l’avons lancé le
28 août dernier à Paris, en ayant une action des pays européens et de
l’Union européenne en lien étroit avec l’Union africaine dont je salue
sur ce sujet l’engagement, qui consiste au Niger et au Tchad à aller
envoyer des missions de l’OFPRA mais aussi de tous les équivalents
européens, pour travailler en lien étroit avec le HCR afin d’identifier
les femmes et les hommes qui peuvent bénéficier de la protection du
droit d’asile. Nous devons, dès là-bas, les protéger et les ramener en
Europe.
Nous avons commencé à envoyer les premières missions et je m’engage à
ce que la France et l’Europe à ses côtés puisse être à la hauteur de ce
défi. Mais dans le même temps, nous devons aussi encourager le travail
de l’Organisation internationale des migrations pour travailler avec
tous les Etats africains d’origine et aider au retour dans les états
d’origine. Nous ne pouvons pas laisser des centaines de milliers
d’Africains qui n’ont aucune chance d’obtenir le droit d’asile, qui vont
passer parfois des années en Libye prendre tous les risques dans la
Méditerranée, courir à ce drame. Il est donc indispensable d’œuvrer pour
leur retour et d’aider à cet l’égard l’Organisation internationale des
migrations.
La France a commencé à faire ce travail en lien étroit avec les
autorités tchadiennes et nigériennes. Je veux ici remercier les
présidents DEBY et ISSOUFOU. Mais face à l’ampleur de la tragédie qui
est sous nos yeux, il faut changer d’échelle dans notre mobilisation.
Alors que la Libye cherche encore la voix de sa stabilisation, nous ne
pouvons laisser les autorités libyennes affronter seules ce défi. Nous
avons là l’opportunité, le devoir historique de donner un sens concret
au partenariat entre l’Europe et l’Afrique. La France sera au
rendez-vous. Je souhaite que l’Europe tout entière le soit.
L’armée française fait partie des rares armées européenne qui a la possibilité d’agir en si peu de temps
Le deuxième impératif c’est la lutte contre le terrorisme. Je le dis
ici parce que nous avons ce destin tragique en comment ; nos deux pays
durant ces dernières années ont été bousculés, frappés meurtrie par le
terrorisme.
Nos deux pays ont été frappés et meurtris par un terrorisme
islamiste qui s’est construit dans la zone irako-syrienne, qui s’est
construit aussi aujourd’hui dans la bande sahélo saharienne.
La France a été à vos côtés au rendez-vous, et je salue ici la
décision courageuse prise par mon prédécesseur François HOLLANDE
lorsqu’il a décidé de manière extrêmement rapide d’intervenir au Mali
pour stopper l’avancée des terroristes.
C’était la bonne décision et l’armée française fait partie des rares
armées européenne qui a la possibilité d’agir en si peu de temps. Nous
l’avons fait parce que la France a toujours été aux côtés de l’Afrique
lorsque sa stabilité, lorsque sa vie était en jeu. Comme l’Afrique a
toujours été aux côtés de la France lorsqu’il en était de même pour
nous ; est cela notre histoire.
Mais aujourd’hui nous continuons à être présents. Au-delà de la
présence de la Minusma c’est bien la force Barkhane présente dans la
bande sahélo-saharienne, qui assure la stabilité où des milliers de
Françaises et de Français que je veux ici saluer et remercier risquent
chaque jour leur vie pour lutter contre le terrorisme dans la région,
pour protéger vos enfants, pour vous aider et pour gagner cette bataille
contre le terrorisme. Je veux ici avec vous les remercier pour leur
courage et avoir une pensée pour leur famille et pour les victimes.
Mais vous le savez, l’ambition des jeunes soldats français de
Barkhane c’est de permettre à leurs frères d’armes burkinabés,
nigériens, maliens, mauritaniens, tchadiens de rejoindre leur poste et
de protéger leurs populations. C’est cela ce qu’ils veulent, c’est cela
ce que je veux.
C’est pour cela que nous avons d’ailleurs lancé ensemble la force G5
Sahel. Ces forces ont pour objectif de coordonner les forces armées des
pays membres du G5, de pouvoir agir sur le terrain sur les zones
frontalières les plus difficiles et répondre au défi comme celui que
vous visez ici au Burkina Faso.
Nous devons accélérer ce travail lancé en juillet dernier. La France a
apporté son soutien financier, militaire, notre coopération est
exemplaire ; nous avons aussi formé, organisé un état-major maintenant
intégré.
Les premières expériences ont été faites avec succès. Je veux
aujourd’hui que nous puissions conduire les premières victoires des
forces du G5 Sahel. Il est indispensable, dans les prochaines semaines
et les prochains mois, que ces forces communes en particulier dans le
fuseau qui vous concerne conduisent à terrasser ces terroristes, à
mener les premières victoires, elles sont indispensables pour vos
armées, pour votre population et pour ce chemin que nous menons ensemble
contre le terrorisme.
C’est un fardeau que nous partageons et demain ce sont en effet des
organisations régionales plus fortes et plus réactives qui ont vocation à
prendre le relais. Je sais que c’est aussi la volonté profonde du
président de l’Union africaine Alpha CONDE à qui je veux rendre ici
hommage et qui n’a jamais ménagé sa peine sur tous les conflits
africains pour rendre l’Afrique plus présente dans le règlement de ces
conflits.
Mais pour que l’Union africaine soit en effet plus présente et plus
crédible encore il faut ces forces régionales militaires crédibles,
construites, organisées comme celles que nous sommes en train d’édifier
pour le G5.
Et je veux saluer à ce titre la volonté aussi du Rwanda, du Sénégal et d’autres pays africains d’accélérer cette évolution.
C’est le sens de l’histoire. C’est aussi pourquoi je soutiendrai au
Conseil de sécurité des Nations Unies l’initiative de l’Union africaine
visant à assurer un financement autonome et prévisible aux opérations
militaires africaines.
La France poursuivra bien sûr pour accompagner ce travail, les
actions de formation que nous menons pour renforcer les capacités
sous-régionales.
L’Afrique n’a jamais connu autant de blocages, autant d’impasses autour de ces constitutions ou de ces élections
La troisième menace qui peut miner l’Afrique ce sont les conflits
politiques. Les plus optimistes diront que l’Afrique n’a jamais connu
aussi peu de conflits entre Etats. Les plus réalistes – parmi lesquels
je me compte – observeront que l’Afrique n’a jamais connu autant de
conflits internes, autant de blocages, autant d’impasses autour de ces
constitutions ou de ces élections.
Dans ce domaine je vous l’ai dit, et je ne vous donnerais pas de
leçon. Le président de la République française n’a pas à expliquer dans
un pays africain comment on organise la Constitution, comment on
organise des élections ou la vie libre de l’opposition.
Je n’attends d’ailleurs pas cela d’un président africain pour ce qui
concerne l’Europe. Mais c’est son rôle d’être aux côtés de ceux qui
travaillent au quotidien, à rendre la démocratie et l’Etat de droit
irréversible. Je pense à ceux qui agissent pour l’éducation, les Droits
de l’homme, la justice, la liberté de la presse, je pense aux Etats qui
le font et aux gouvernements et je salue l’action du président KABORE,
je pense aux ONG, aux journalistes, aux universitaires, à toute cette
collectivité du pluralisme démocratique, indispensable pour l’Afrique.
En venant ici, au Burkina Faso, j’ai une seule certitude, que le
changement, le renouveau générationnel dans un continent dont 70 % de la
population a moins de 30 ans, ce n’est pas une option, c’est une loi
mathématique. Et ceux qui pensent que, aujourd’hui, en Afrique, on peut
avoir la même politique qu’on a parfois eue depuis des décennies et des
décennies, qui voudraient retarder le cours de l’histoire, n’ont pas
regardé le Burkina Faso à coup sûr, mais n’ont pas compris qu’il y avait
un ferment essentiel à ce changement, leur propre jeunesse, la jeunesse
africaine, qui elle est en train de tourner une page.
Alors, j’appliquerai à mes interlocuteurs la même exigence que celle
que je me suis fixé à moi-même, celle de préparer l’avenir, celle de
faire une place à la jeunesse, celle d’investir en elle, je serai aux
côtés de ceux qui font le choix de la responsabilité et pas celui du
déni, partout où j’aurai de tels partenaires, je travaillerai avec eux
sans calcul. Et c’est le cas ici, cher ROCH. Et partout où cela ne sera
pas le cas, la France ne se privera pas d’un lien direct avec la
jeunesse, les universités, les ONG, les entrepreneurs pour avec eux
construire l’avenir.
Le quatrième péril, c’est l’obscurantisme, c’est l’emprise de l’extrémisme religieux sur les esprits
Le quatrième péril, c’est l’obscurantisme, c’est l’emprise de
l’extrémisme religieux sur les esprits, et là aussi, je n’aurai aucune
naïveté. C’est une menace bien plus redoutable parfois que le
terrorisme, car elle est massive, diffuse, quotidienne, elle s’immisce
dans les écoles, dans les foyers, dans les campus, dans la vie
politique. Cette menace n’a pas de frontières, ni de continent, tout
simplement, parce qu’elle s’attaque à ce qu’il y a de plus intime, la
foi et la religion, pour en détourner le sens, pour en transformer la
transcendance en négation de l’autre.
Je n’ai, là-dessus, pas de leçon à donner, moi, qui suis le président
d’un pays qui est aussi confronté à un défi de ce type à l’intérieur de
mes propres frontières et dans un pays laïc, où la séparation de l’Etat
et de la religion est complète, mais je veux ici parler à toutes les
consciences, aux vôtres, vous pouvez être totalement athée, laïc, et le
revendiquer, vous pouvez croire dans l’islam, la religion catholique,
dans l’animisme ou tout autre, vous pouvez être musulman, évangéliste,
ne laissez jamais la religion dans laquelle vous croyez faire ce
pourquoi elle n’a jamais été faite, ne laissez jamais la religion vous
convaincre que c’est une aventure de destruction de l’autre.
Ne laissez jamais, au nom de votre religion, certains faire croire
qu’ils pourraient dominer, voire détruire ceux qui ne croient pas ou ne
croient pas pareil, ne laissez jamais, au nom de votre religion,
asservir les consciences ou les individus. Toutes les religions sont des
religions construites sur un message d’amour et d’espoir, elles ont des
différences, elles se sont parfois combattues, mais nous avons un
devoir, celui de construire des Etats libres, séparés du religieux et
d’assurer l’exercice libre des consciences et adultes, mais chaque
conscience a un devoir, c’est sa part de responsabilité, c’est de ne
jamais laisser sa religion détournée de sa fonction première, je vous le
dis, parce que, ici, aussi, votre responsabilité est immense.
Je veux ici remercier le prince héritier d’Arabie Saoudite qui s’est très clairement exprimé sur ce sujet
Il est temps aujourd’hui de faire barrage à l’extrémisme religieux,
il ne faut lui laisser aucun espace en le combattant partout, dans les
écoles, dans les universités, dans toutes les formes de citoyenneté, le
combattre au quotidien, le combattre dans les discours politiques, et
dans l’action. Je veux rendre ici hommage au roi du Maroc pour le rôle
éminent qu’il joue, et pour les mots qu’il a su trouver pour provoquer
cette prise de conscience, compte tenu du rôle éminent qui est le sien.
Mais la priorité doit être pour nous d’aller encore plus loin dans ce
combat, nous devons éradiquer le financement de l’extrémisme et de ses
chemins détournés de la religion, c’est le message que j’ai fait passer à
nombre d’Etats, qui parfois sont intervenus pour financer, qui des
fondations, qui des écoles, qui des mouvements prétendus libres pour
parfois conduire au pire. L’Arabie Saoudite a rejoint ce combat, et je
veux ici remercier le prince héritier d’Arabie Saoudite qui s’est très
clairement exprimé sur ce sujet lorsque je l’ai vu il y a quelques
semaines.
Je soutiens sa détermination à fermer toutes les fondations qui
pendant plusieurs décennies ont entretenu l’extrémisme en Afrique et en
Europe, c’est un mouvement courageux qui aura tout mon soutien, nous le
suivons de près, je compte aussi sur le Qatar, la Turquie et l’Iran pour
s’engager fermement dans ce combat ; ce sera l’enjeu de notre lutte
commune dans les prochains mois. Nous ne devons plus accepter que
quelque réseau que ce soit finance dans nos pays de manière directe ou
détournée des fondations, des organisations qui nourrissent
l’obscurantisme ou l’extrémisme.
Ce sera l’enjeu de la conférence sur la lutte contre le financement
du terrorisme, que j’organiserai à Paris l’année prochaine. Mais il ne
faut pas simplement fermer les écoles qui enseignent la rupture et la
régression. Il faut en ouvrir d’autres qui bâtissent le socle commun de
connaissances, qui nous rassemblent, nous devons bâtir une école qui
libère les esprits et non qui les enferme, c’est pourquoi l’éducation
sera la priorité absolue du nouveau partenariat que je vous propose.
C’est le sens de mon engagement aux côtés du président MACKY SALL
pour co-parrainer la reconstitution du partenariat mondial pour
l’éducation, je me rendrai en février à Dakar pour cela. Et j’aurai deux
priorités, d’abord, je veux que la France s’engage massivement pour
contribuer à la formation des professeurs, le ministre de l’Education
nationale qui m’accompagne dans ce déplacement est tout particulièrement
engagé dans ce combat, nous prendrons des engagements concrets, mais il
est indispensable que la France aide tous les Etats d’Afrique qui le
veulent pour réussir cette bataille contre l’obscurantisme, à former les
enseignants, et à construire justement la stratégie qui permettra de
former les esprits partout sur le territoire.
Ensuite, je serai aux côtés de tous les chefs d’Etat et de
gouvernements africains qui feront le choix de la scolarisation
obligatoire des jeunes filles. Je défendrai leur choix, et je demanderai
à l’Agence française de développement de soutenir en priorité les
programmes visant à la scolarisation des jeunes filles, je fixerai, à
nos ambassades, l’objectif d’attribuer des bourses d’études en France en
priorité à des jeunes filles. N’ayez pas peur, je n’ai pas dit qu’il
n’y en aura que pour les jeunes filles, j’entendais cette mâle réaction
visant à protester.
Mais je vous le dis avec la même franchise, je regarde avec
inquiétude, parfois dans certains quartiers de mon propre pays, la
déscolarisation des jeunes filles progresser, et je le vois dans
certains pays africains, si l’Afrique veut réussir, et la France avec
elle, ce grand basculement du monde, nous devons former tout le monde et
éduquer tout le monde, et nous devons éduquer les jeunes filles, nous
devons avoir des jeunes filles et des femmes libres, libres de choisir.
Et je vous le dis pour vous, jeunes hommes qui êtes-là, c’est bon
pour vous, la société que vous, vous préparez, la société que nous
allons construire, ça ne doit pas être celle d’hier, et parfois encore
trop souvent celle d’aujourd’hui, ça ne doit pas être une société où ce
sont les hommes qui vont dire ce qui est bon pour les femmes, qui vont
leur choisir leur destin, qui vont dire : l’éducation est bonne pour
moi, mais très peu pour elle. Ce n’est plus acceptable.
Il y a pas de vecteur de progrès plus puissant pour une société que
l’émancipation des jeunes filles, le Soleil des indépendances, celui
qu’a fait briller Ahmadou KOUROUMA, est porté par une héroïne africaine,
qui incarne tous les espoirs d’un continent. Ce sera ma fierté que la
France aide à faire briller le Soleil des indépendances de cette
nouvelle génération de femmes africaines.
Cela m’amène à un cinquième défi, que nous ne pouvons pas éluder,
c’est celui de la démographie. Y a-t-il des voix qui veulent
s’exprimer ? Ne pas en parler, c’est irresponsable, dire : tout va bien,
Madame la Marquise, c’est formidable, il n’y a pas de problème, on va
continuer ensemble comme on a toujours fait, et on va s’apercevoir qu’il
y a une démocratie extraordinairement dynamique, mais dans nombre de
pays qui déjà n’ont pas la croissance pour faire vivre une génération,
une démographie qui fait basculer encore de l’autre côté, c’est ne pas
partager une préoccupation que nous devons avoir en commun.
70 % de jeunes, c’est ça l’Afrique, alors, oui, c’est une chance, je
vous l’ai dit, j’y crois, si je n’y croyais pas, je ne serais pas là.
Mais c’est surtout une immense responsabilité. Alors la démographie, ça
ne se décrète pas, et là aussi, ça ne se dicte pas, aucun président ne
va dire : ma démocratie doit être celle-ci ou celle-là, et a fortiori
pas un président français pour l’Afrique, mais elle renvoie à des choix
personnels, intimes, dans lesquels personne ne doit s’immiscer. Et c’est
là le cœur du sujet.
7,8, 9 enfants par femme, est-ce qu’à chaque fois, dans
chaque famille, vous êtes bien sûr que c’est le choix de cette jeune
femme ?
Elle doit être un choix, en particulier pour les jeunes filles et
pour les femmes, et posez-vous bien la question, partout, vous avez fait
7,8, 9 enfants par femme, est-ce qu’à chaque fois, dans chaque famille,
vous êtes bien sûr que c’est le choix de cette jeune femme ? Il y a
dans mon pays des familles qui ont fait ce choix, il y a en France des
familles où il y a 7, 8, 9 enfants par femme, c’est leur choix, c’est
très bien, je n’ai pas à en juger, je n’en parle d’ailleurs jamais. Et
je n’ai pas à en juger pour une famille et une femme africaine, mais je
veux être sûr que partout en Afrique, ce soit bien le choix de cette
jeune fille ou de cette femme.
Je veux le choix pour une jeune fille de pouvoir, si elle le
souhaite, continuer ses études, de continuer à se former, de trouver un
emploi, de créer une entreprise, de pouvoir faire ce choix, elle et
personne d’autre, je veux partout en Afrique qu’une jeune fille puisse
avoir le choix de ne pas être mariée à 13 ans ou à 14 ans et commencer à
faire des enfants, non pas parce qu’un président de la République
l’aura voulu, parce que vous l’aurez voulu, parce que vous l’aurez
voulu, mais nous devons avoir ce débat responsable, fort, celui de la
liberté du choix, celui qui va avec la démocratie, celui qui va avec la
route que vous avez choisie.
C’est une conviction profonde qui m’a poussé à faire de l’égalité
femmes/hommes la grande cause de mon mandat, en France d’abord, où nous
avons encore d’énormes progrès à accomplir pour assurer une égalité
réelle dans notre société, et c’est une cause que je porte aussi dans
mon action internationale, et que je partage avec vous, aujourd’hui, la
démographie peut être une chance, mais donc, à condition que chaque
jeune fille, chaque femme ait la possibilité de choisir son destin dans
nos sociétés, quelles qu’elles soient.
Le défi démographique, c’est bien sûr aussi l’accès de tous à la
santé, essentiel combat, dans ce domaine, la France est et restera le
deuxième contributeur du Fonds mondial pour la lutte contre le sida, la
tuberculose et le paludisme, je peux vous confirmer ces engagements. Et
je tiens ici à rendre hommage à l’engagement du président CHIRAC qui a
permis à la France de contribuer aux résultats spectaculaires dans la
réduction de ces pandémies. Mais la santé, ce n’est pas seulement
l’accès aux médicaments, c’est la mise en place d’un véritable système
de santé, comme ont réussi à le faire des pays, comme le Rwanda, et là
aussi, dans ce domaine, il faut changer de modèle, l’Afrique n’a pas
besoin uniquement qu’on lui envoie des médecins ou des infirmiers
étrangers, il le faut parfois, et nous continuerons à le faire, mais ces
médecins existent, ils sont formés, et souvent bien formés en Afrique,
je pense au Sénégal, je pense à la Tunisie.
Ce dont l’Afrique a besoin, ce sont de financements pour ouvrir des structures de soins
Ce dont l’Afrique a besoin, ce sont de financements pour ouvrir des
structures de soins où ces médecins pourront exercer avec les meilleures
technologies, c’est de développer la télémédecine, les infrastructures
indispensables, je demanderai pour cela aux fonds d’investissements
privés français, aux assureurs français, de proposer aux pays africains
de devenir les actionnaires privilégiés des champions africains de la
Santé. Concrètement, je veux que des financements privés français
servent demain à ouvrir des cliniques de qualité à Abidjan, Dakar,
Ouagadougou. La France doit aussi avoir ce rôle.
Enfin sur la santé, nous nous trouverons aussi aux côtés de ceux qui
combattent contre le trafic de faux médicaments, ce fléau parcourt toute
l’Afrique, il touche non seulement les malades, mais bien souvent les
plus pauvres, dans une injustice au carré, ce combat que la France a
initié avec plusieurs autres à Cotonou, en 2009, je souhaite que nous
puissions le poursuivre, l’accroître, pour éradiquer ce fléau.
Enfin, la menace qui peut amplifier toutes les autres et les rendre
hors de portée, c’est le changement climatique, le changement climatique
n’est pas une lubie pour pays développés, ça n’est pas une
préoccupation dont certains simplement devraient s’attacher à passer
leur quotidien, non, le changement climatique, c’est vital, c’est ce qui
peut transformer, bousculer des régions entières, dans le Pacifique, ou
en Afrique, l’Afrique, des rives du lac Tchad au bassin du Congo, est
tout entière en première ligne des effets du changement climatique, elle
peut aussi, mes amis, être à l’avant-garde des solutions, elle peut
aussi réussir là où l’Europe n’a pas toujours su apporter les bonnes
réponses.
La secrétaire d’Etat m’accompagne ici, et elle mène aux côtés du
ministre d’Etat ce combat, c’est pour cela que j’ai souhaité que
l’Afrique soit à nos côtés lors du sommet du 12 décembre prochain à
Paris. Nous aurons des projets concrets, et en particulier des projets
africains, face auxquels nous mettrons des financements concrets,
publics et privés, pour permettre d’avoir des résultats rapides.
Je souhaite que la France par ses entreprises et ses opérateurs soit
le partenaire privilégié de l’Afrique, dans le domaine de l’adaptation
aux changements climatiques. Je pense en particulier aux énergies
renouvelables, c’est le sens que je donnerai en inaugurant demain, avec
le président KABORE, la centrale solaire de Zagtouli. Avec ce projet,
j’ai la fierté de penser que la France et d’autres pays européens
pourront ainsi contribuer aux côtés du gouvernement burkinabè à changer
un peu la vie, à changer le quotidien des coupures d’électricité, à
rendre l’énergie plus accessible, mais aussi plus propre.
Je veux que l’Afrique soit un lieu de financement de ces innovations radicales dans la lutte contre le réchauffement climatique
La lutte contre le réchauffement climatique doit être le terrain de
l’innovation, de l’entreprenariat, d’un défi commun où nous devons
réussir ensemble, où les formations doivent se multiplier, où les
investissements nouveaux doivent se multiplier, ça n’est pas simplement
quelque chose que vous allez avoir à subir, comme la planète entière,
non, c’est un défi dans lequel nous devons ensemble réussir.
C’est pour cela que je veux que l’Afrique soit un lieu d’innovations
radicales, de financement de ces innovations radicales dans la lutte
contre le réchauffement climatique, et que l’Afrique prenne toute sa
part, non seulement le 12 décembre prochain à Paris, mais dans le cadre
du pacte mondial pour l’environnement, que la France a lancé et qui doit
être porté dans le cadre de l’ONU. Je pense aussi à la ville durable,
500 millions d’urbains en plus sur le continent en 2025, personne n’a
jamais relever un tel défi. Ce sera votre défi, le nôtre. Cela peut être
une chance et cela peut être une catastrophe.
Pour ma part, j’ai la conviction que c’est en Afrique qui est en
train d’être inventée la ville durable de demain. C’est pourquoi je
ferai de la ville durable l’enjeu du prochain sommet entre l’Afrique et
la France, que j’ai accueillerai en France, en 2020. Ce sera pour moi
l’opportunité, non seulement de réunir les chefs d’Etat et les
gouvernements, mais d’élargir cette rencontre à d’autres acteurs, comme
les maires des grandes agglomérations françaises et africaines, les
entreprises, la société civile, pour que, là aussi, il en ressorte des
partenariats concrets, qui nous permettront de réussir ce défi de la
ville durable, qui nous permettront d’inventer avec innovation ce défi
de la ville africaine du 21ème siècle, c’est indispensable.
Mesdames, Messieurs, chers amis, face à ces menaces, vous le voyez,
il y a une réponse, celle d’une action résolue, lucide partagée, sur
chacun des défis que je viens d’évoquer, en vous présentant avec
franchise, l’importance de ce qui est à faire de part et d’autre, moi,
je ne vous donne pas de leçon, je vous dis quelle sera ma part, je vous
dis aussi avec beaucoup de franchise, quelle sera la vôtre, les
habitudes qu’il faudra parfois rompre, les faux discours dans lesquels
nous nous étions parfois enfermés.
Mais il y a aussi quelque chose d’inédit, un chemin que jamais
jusqu’alors nous n’avons emprunté ensemble, celui d’une émancipation en
partage, celui d’un risque pris, d’un risque qui était jusque-là caché,
que j’évoquais tout à l’heure en creux, celui de la jeunesse, c’est
cette part de risque qui nous permettra de créer, d’oser inventer
l’avenir, et de faire ensemble deux révolutions fondamentales pour le
continent africain, celui de la mobilité, cette révolution profonde,
qu’il nous faut repenser, et la révolution de l’innovation.
La révolution de la mobilité, c’est celle qui nous permettra de
repenser nos liens, mais aussi la circulation des femmes et des hommes
en Afrique, et entre l’Afrique et l’Europe. La mobilité, c’est d’abord
celle des étudiants, et je sais ici vos attentes. La France est bien
souvent la première destination, je veux qu’elle soit la première
destination, non pas par habitude, mais par choix, par désir, pas
nécessairement pour l’ensemble des études, mais pour nourrir les
échanges entre nos pays, pour cela, je veux que la France vous accueille
mieux, cela veut dire offre des places et des formations dans les
filières qui correspondent à vos besoins, cela veut dire aussi, offrir
les conditions d’une véritable circulation dans la durée. Et j’en prends
devant l’engagement aujourd’hui.
Je souhaite que tous ceux qui sont diplômés en France
puissent y revenir, quand ils le souhaitent et aussi souvent qu’ils le
souhaitent
Je souhaite que tous ceux qui sont diplômés en France puissent y
revenir, quand ils le souhaitent et aussi souvent qu’ils le souhaitent,
grâce à des visas de circulation de plus longue durée, parce qu’étudier
en France, c’est une relation privilégiée qui doit se prolonger et qui
ne doit pas se soumettre à une date couperet. C’est l’ensemble de cette
mobilité que nous devons repenser. Je vois trop souvent des jeunes
Africains qui viennent étudier ou en fait demander un visa d’étudiant
pour rester en France, ça n’est pas une bonne voie, ça n’est pas une
bonne méthode, et la France, dans la durée, ne peut pas les accueillir.
Et là-dessus, je serai intraitable, parce que c’est un contournement,
je vois des étudiants qui veulent accéder à des formations en France,
pour cela, je leur dis : nous allons mieux adapter les filières pour
répondre à vos besoins. Et puis, je vois deux aberrations, une fois
qu’ils ont été formés, qu’ils ont étudié en France, que nous avons
investi, soit, il y a une date couperet, et ils doivent revenir, alors
même qu’ils voulaient poursuivre leurs études en France. Nous devons en
finir avec cela et faciliter les carrières, la fluidité et leur
permettre de rester plus souplement, même si des améliorations ont été
faites ces dernières années.
Mais ils ont parfois peur de revenir dans leur pays, parce qu’ils se
disent : si je reviens, je ne pourrai plus revenir en France. Je perds,
en quelque sorte, cet avantage d’être déjà là, et ils ne font pas
bénéficier leur pays, ils ne font pas bénéficier l’Afrique de ce qu’ils
ont appris, et là aussi, c’est une erreur pour tout le monde. Ce visa de
circulation de longue durée, c’est celui qui permettra ces allers
retours choisis, organisés c’est celui qui permettra cette mobilité de
liberté plutôt que cette mobilité de nécessité, et ces chemins terribles
que j’évoquais tout à l’heure.
C’est pourquoi mon projet aussi est de contribuer à renforcer la
présence de nos établissements ici, en lien et en partenariat avec vous.
Renforcer vos établissements et vos cursus universitaires, c’est
multiplier les partenariats, les échanges, les formations croisées, les
doubles diplômes, qui répondront à vos attentes, et qui nous permettront
mutuellement de mieux apprendre l’un de l’autre. J’ai demandé à mes
deux ministres, de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur,
de la Recherche et de l’innovation, de travailler au doublement des
partenariats universitaires que nous avons avec l’Afrique.
Si l’Ecole Polytechnique lance des partenariats en Côte d’Ivoire,
d’autres écoles, d’autres écoles françaises, d’autres universités
peuvent aussi le faire, et je me félicite, ici, des efforts entrepris
pour un rapprochement entre un établissement d’enseignement supérieur
français et l’Ecole d’ingénieurs de 2iE de Ouagadougou. Ce rapprochement
– et je vous réaffirme tout notre engagement derrière ce projet – ce
rapprochement permettra de renforcer son statut de grande école
d’ingénieurs de référence sur le continent africain, dans les domaines
de l’eau, de l’énergie et de l’environnement.
J’appelle donc les universités et les écoles françaises de commerce,
d’ingénieurs, de management à ne pas perdre davantage de temps et à
venir à votre rencontre pour développer ces parcours croisés auxquels
aspirent nos deux jeunesses.
Et ce changement profond qui consiste à revoir, à révolutionner toute
notre façon de penser est indispensable. Moi je ne veux pas qu’un jeune
Burkinabè dès qu’il se dit « je vais faire des études » n’ait qu’un but
: aller faire des études en France ! Non. Je veux qu’il puisse mener
toutes ses études au Burkina s’il le veut. Nous devons donc lancer tous
ces partenariats ; nous devons multiplier les cours en ligne, les
partenariats, les doubles diplômes qui permettront ici à Ouagadougou
d’avoir un diplôme d’une université française parce qu’il y aura un
partenariat ; et que si il veut et doit aller en France c’est pour faire
une formation spécifique ou c’est parce qu’il l’a choisi, pas parce
qu’il y est contraint.
Ce changement profond c’est celui que nous vous devons parce que nous
vous devons l’accès au même contenu. Si la francophonie a un sens – et
c’est le projet qu’elle doit porter – c’est celui de permettre à tous
les étudiants francophones d’avoir accès aux mêmes supports pour mener
leurs projets et leurs études. C’est pour cette raison que j’ai demandé à
l’Agence universitaire de la francophonie d’être à mes côtés, je veux
qu’elle devienne la porte d’entrée pour vous donner accès à tous à une
bibliothèque numérique des savoirs et des formations.
Nous construirons l’accès à cette bibliothèque à partir des campus
numérique francophone. Je sais qu’il y en a, il y en a un ici même à
l’université Joseph Ki-Zerbo. Et nous allons les renforcer en impliquant
les opérateurs de téléphonie mobile et les fournisseurs d’accès pour
vous apporter dans ces campus des meilleurs points de connexion pour un
accès de haut débit.
Je souhaite que la France puisse accueillir 1000 nouveaux talents africains chaque année
Et l’objectif c’est de pouvoir accéder aux mêmes manuels, aux mêmes
contenus à Lyon, à Bordeaux, à Bobo-Dioulasso où à Ouagadougou. La
mobilité ce ne sont pas seulement les études c’est une circulation plus
large, une circulation croisée, la circulation choisie des talents.
C’est pourquoi je souhaite que la France puisse accueillir 1000
nouveaux talents africains chaque année dans le domaine de la création
d’entreprises, dans la recherche, dans l’innovation dans la culture,
dans le sport.
Je vous rassure : pas pour dire qu’ils doivent uniquement aller
réussir en France ! Non, pour que la France accélère leur réussite, mais
pour qu’ensuite ils puissent revenir, démultiplier leurs efforts, leur
réussite ; et que ce passeport Talents et le visa qui va avec, qui
permet cette liberté de mobilité permettent à toutes celles et ceux qui
sont dans cette salle – qui veulent réussir, transformer – d’avoir accès
à la plateforme de la francophonie, d’avoir accès à toutes les
facilités de la réussite en France pour démultiplier et revenir tirer le
continent africain.
En parallèle, je souhaite que plus de jeunes Français puissent aussi
venir travailler en Afrique. Business France augmentera dès 2018 le
nombre des jeunes volontaires français travaillant dans des entreprises
en Afrique. Et je demanderai également à nos ambassades de recruter
davantage de volontaires en privilégiant les candidats qui parlent ou
ont commencé l’apprentissage d’une langue africaine.
Le point d’entrée de cette mobilité croisée ce sera ici à
Ouagadougou ; La Maison de la Jeunesse que j’ai décidé de créer, un lieu
accessible à tous au centre ville de votre capital qui vous sera
spécifiquement consacré. Je remercie les autorités burkinabés pour leur
appui dans la mise en œuvre de ce projet. Nous allons accélérer
fortement dans les prochains mois les choses.
Cette maison de la jeunesse elle sera ouverte avant le 14 juillet
prochain et vous pourrez l’inaugurer officiellement à cette date.
Elle rassemblera Campus France, France Volontaires, les instituts de
recherche, un incubateur pour les jeunes créateurs d’entreprise ; tout
ce qui est à destination de la jeunesse et permettra non seulement de
l’accueillir mais de réussir, d’étudier, de faire, d’entreprendre, de
s’informer, de se projeter vers le reste du monde. Ce sera pour vous.
La deuxième révolution que nous pouvons conduire ensemble, cette
révolution qui permettra le sursaut de la jeunesse, c’est celle de
l’innovation et avec elle de l’entreprenariat. C’est la seule révolution
qui peut apporter les 450 millions d’emplois dont l’Afrique aura besoin
d’ici 2050.
Concrètement la France sera au rendez-vous en consacrant plus d’un
milliard d’euros pour soutenir les PME africaines. Au travers de cette
initiative, l’Agence française de développement, la Banque publique
d’investissement – et je remercie les deux dirigeants qui m’accompagnent
– mais aussi je le souhaite que les fonds d’investissement privés
français seront les premiers partenaires des jeunes entreprises
africaines.
Concrètement ce fonds que nous allons créer permettra avec l’Agence
française de Développement et la Banque publique d’investissement de
faire même peut-être plus qu’un milliard d’euros, je veux que nous
puissions multiplié par 10 cet objectif en associant des fonds privés,
d’autres partenaires européens, des fonds privés européens pour avoir
une enveloppe qui permettra de financer les projets des entrepreneurs,
des innovateurs africains.
D’abord dans le numérique, c’est le sens du programme Digital Africa
qui permettra d’identifier les start-up africaines les plus prometteuses
et accompagnera leur croissance ; mais aussi dans l’agriculture dont
l’Afrique a profondément besoin. C’est plus que 60% de la population
active, c’est le secteur dans lequel nous allons continuer et nous
devons investir, et cette initiative financera des PME africaines qui
accéléreront la transformation de l’agriculture africaine. Partout nous
devons par cette initiative et l’aide que nous apportons accélérer ces
transformations et ces transitions.
Je veux que l’Afrique soit une priorité de la diplomatie économique française
De manière générale, cette initiative s’adressera tout particulièrement -vous l’avez compris aussi – aux femmes entrepreneuses.
La France sera également au rendez-vous en investissant dans les
infrastructures africaines de demain. C’est le sens des efforts qui ont
été menés pour financer de grands projets d’investissement comme le
train urbain de Dakar, le métro d’Abidjan où celui de Casablanca.
C’est aussi le sens du fonds doté de 300 millions d’euros pour le
soutien à des projets d’infrastructures en Afrique qui conduira ses
premiers investissements dans les toutes prochaines semaines.
C’est aussi ce que l’Union européenne et l’Union africaine en
particulier avec des opérateurs comme la BAD doivent continuer à
développer sur le terrain ; nous devons partout en Afrique développer
les infrastructures de la croissance, les infrastructures numériques,
les infrastructures de transports et les infrastructures de l’énergie.
Ce combat initié pour partie par la France il y a quelques années doit
maintenant connaître une nouvelle phase, non plus celle des grandes
déclarations, celle de la mise en œuvre avec les grands bailleurs
régionaux, avec les banques régionales pour que partout où c’est
nécessaire sur le terrain ces infrastructures soient déployées.
Je veux que l’Afrique soit une priorité de la diplomatie économique
française que les entreprises françaises investissent davantage en
Afrique, pas seulement les grands groupes que vous connaissez mais aussi
les PME, les entrepreneurs et plusieurs d’entre eux accompagnent
également ma délégation. Plus exactement la constitue.
Pour plusieurs raisons ; parce que je veux là aussi qu’ils changent
leur propre regard sur l’Afrique mais qu’ils changent le vôtre. Je veux
que le monde économique français et européen qui se déploie, qui
investit en Afrique puisse le faire aussi différemment comme le font
déjà certains fonds d’investissement ou certains acteurs qui ont initié
ce changement de méthode il y a quelques années ; parce que le soutien
de l’Etat français, indispensable et qui continuera à leurs côtés, ne
sera pas accordé sans contrepartie En effet, je souhaite que les
entreprises françaises soient porteuses d’un partenariat exemplaire, un
partenariat exemplaire qui refuse la corruption, qui se plie aux appels
d’offres, qui se plie aux règles édictées par les institutions
africaines qui comme l’OADA font progresser la bonne gouvernance.
Les entreprises françaises qui viendront investir en Afrique et se
développer et qui auront le soutien de l’Etat français seront
exemplaires car je leur demanderai aussi d’investir dans la formation
professionnelle, ce sera une condition que je fixerai à nos
entreprises.
Pour bénéficier du soutien de l’Etat français, elles devront
s’engager dans la durée, financer des bourses, s’engager à développer
des offres répondant aux besoins de formation et enfin privilégier
l’emploi local. Ne vous trompez pas, et je dis à la jeunesse africaine,
ne commettez pas les erreurs que nous avons ensemble commis par le
passé, il n’y a pas d’Eldorado de l’investissement et de la croissance
unilatérale, il n’y a pas de bon investissement d’un Etat ou
d’entreprise quand ce ne sont que les intérêts de cet Etat qui sont le
but.
La France, elle n’investira plus uniquement pour faire des opérations
de gouvernement à gouvernement où il n’y a aucune retombée sur la
population locale ; elle n’investira plus pour que des grands groupes
participent parfois à des opérations de corruption organisée ; elle
n’investira plus pour que la jeunesse n’ait aucune retombée de ce qui se
passe et qui s’investit ; elle n’investira plus et leurs entreprises
avec pour qu’il n’y ait pas un développement de l’emploi local et des
engagements pris ; mais elle sera vigilante avec vous monsieur le
président, avec tous les dirigeants et la jeunesse africaine pour faire
en sorte que d’autres ne répliquent pas aujourd’hui, parfois avec une
forme de fascination étonnante les erreurs que nous avons commis
ensemble hier et qui arrivent à de nouveaux investisseurs, avec des
entreprises qui proposent des milliards mais pas un emploi pour les
Africains, qui proposent des milliards avec la répétition des mêmes
erreurs du passé et qui peuvent sembler être des solutions de facilité
pour aujourd’hui mais en répliquant les troubles, les erreurs parfois
les crimes d’hier. Cette exigence que j’aurai pour la France je veux que
nous l’ayons ensemble pour les investisseurs du monde entier, pour tout
le continent africain.
Et la condition de cette innovation c’est la recherche ; je souhaite
que les conditions soient créées pour permettre aux chercheurs africains
et européens de travailler ensemble des programmes communs. Ce qui a
été fait avec succès dans le cadre de l’Union européenne avec le Conseil
européen de la recherche doit pouvoir être étendu aux universités
africaines.
Nous devons donner les moyens financiers de structurer des réseaux de
chercheurs européens et africains. C’est un des sujets que je porterai
dans le cadre du sommet d’Abidjan où je serai avec le président KABORE
dès demain.
Je veux que d’ici cinq ans les conditions soient réunies
pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain
en Afrique
Mesdames et Messieurs, je terminerai par ce qui doit nous permettre
ensemble d’écrire cette nouvelle relation d’amitié dans la durée au-delà
des menaces, des craintes et de nos intérêts partagés. Aujourd’hui,
nous sommes orphelins, nous sommes orphelins en quelque sorte d’un
imaginaire commun, nous souffrons d’un imaginaire qui nous enferme dans
nos conflits, parfois dans nos traumatismes, d’un imaginaire qui n’est
plus le vôtre, n’est plus le nôtre, et je veux reconstruire cet
imaginaire commun et d’avenir autour de trois remèdes.
Le premier remède c’est la culture, dans ce domaine, je ne peux pas
accepter qu’une large part du patrimoine culturel de plusieurs pays
africains soit en France. Il y a des explications historiques à cela
mais il n’y a pas de justification valable, durable et inconditionnelle,
le patrimoine africain ne peut pas être uniquement dans des collections
privées et des musées européens. Le patrimoine africain doit être mis
en valeur à Paris mais aussi à Dakar, à Lagos, à Cotonou, ce sera une de
mes priorités. Je veux que d’ici cinq ans les conditions soient réunies
pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain
en Afrique.
Ça supposera aussi un grand travail et un partenariat scientifique,
muséographique parce que, ne vous trompez pas, dans beaucoup de pays
d’Afrique ce sont parfois des conservateurs africains qui ont organisé
le trafic et ce sont parfois des conservateurs européens ou des
collectionneurs qui ont sauvé ces œuvres d’art africaines pour l’Afrique
en les soustrayant à des trafiquants africains, notre histoire mutuelle
est plus complexe que nos réflexes parfois !
Mais le meilleur hommage que je peux rendre non seulement à ces
artistes mais à ces Africains ou ces Européens qui se sont battus pour
sauvegarder ces œuvres c’est de tout faire pour qu’elles reviennent.
C’est de tout faire aussi pour qu’il y ait la sécurité, le soin qui soit
mis en Afrique pour protéger ces œuvres. Donc ces partenariats
prendront aussi toutes les précautions pour qu’il y ait des
conservateurs bien formés, pour qu’il y ait des engagements académiques
et pour qu’il y ait des engagements d’Etat à Etat pour protéger ces
œuvres d’art, c’est-à-dire votre histoire, votre patrimoine et, si vous
m’y autorisez, le nôtre.
La culture c’est aussi ce qui doit permettre de changer les regards
que nous portons l’un sur l’autre et c’est avec cette ambition que j’ai
décidé de lancer en 2020 une Saison des cultures africaines en France.
Qu’est-ce que c’est cette Saison ? C’est un constat simple, ce que me
disait l’un des membres du Conseil présidentiel, plutôt l’une des
membres, c’est de dire c’est formidable en France si on veut connaître
l’Afrique on peut aller au musée dit du Quai Branly ou dans beaucoup
d’autres musées, on voit l’Afrique que moi je n’ai jamais connue, on
voit l’Afrique d’il y a 500 ans ou mille ans mais on ne voit pas la
scène artistique contemporaine de l’Afrique et c’est vrai !
Et donc on ne connaît pas l’Afrique, la jeunesse française connaît
très mal l’Afrique, elle commence à en connaître la littérature, j’y
reviendrai, mais elle en connaît mal la peinture, la vitalité théâtrale,
cinématographique, sculpturale, la richesse de toute la création
artistique. Et donc cette Saison des cultures africaines en France,
inédite, doit permettre de faire connaître à la France, aux jeunes
Français la création des jeunes générations africaines dans la mode,
dans la musique, dans le cinéma, dans le design.
Je souhaite aussi que cette Saison des cultures soit l’occasion de
valoriser une autre forme d’histoire et je le dis avec beaucoup de
solennité dans cette université. L’histoire de l’Afrique ne peut pas
être seulement écrite par des spécialistes européens de l’Afrique, il
convient de valoriser, de poursuivre et d’aider au parachèvement d’une
histoire de l’Afrique écrite par les Africains. Je pense d’une part
évidemment à l’histoire et l’historiographie africaine qui est
indispensable et encore une fois votre université porte le nom d’un de
ses artisans éminents mais je pense aussi à l’histoire de l’Afrique par
son cinéma.
Les pionniers du cinéma africain de Paulin SOUMANOU VIEYRA à Ousmane
SEMBENE se sont battus pour faire émerger la voix d’une Afrique
indépendante, libre de porter son propre regard sur elle-même et nous
devons continuer d’avoir une culture, une volonté de porter justement ce
regard libre. La France en conserve précieusement la trace au sein de
la cinémathèque Afrique qui rassemble près de 1.700 films coproduits par
la France dans plus de 30 pays. Cette mémoire de l’Afrique et de son
cinéma je veux la mettre à la disposition à la fois de la jeunesse
africaine et de la jeunesse française, ce sera un des grands objectifs
de cette Saison des cultures africaines.
Le deuxième ciment de cette aventure commune c’est le sport, en 2024
la France accueillera le monde entier à Paris et je souhaite que les
sportifs français y brillent, je vous rassure, mais je souhaite
également que ces Jeux olympiques puissent valoriser l’excellence
sportive africaine. Pour cela, les sportifs africains de haut niveau
doivent disposer des moyens de pleinement développer leur potentiel.
C’est pourquoi j’ai demandé au Comité d’organisation des Jeux olympiques
de prévoir dès à présent un plan pour permettre aux sportifs africains
de venir s’entraîner en France dans les meilleures installations.
Mais je souhaite aussi que l’Afrique puisse se doter des meilleures
installations sportives pour ses sportifs et pour ses jeunes,
d’installations durables qui survivent au seul usage d’une compétition
internationale. Et donc dans le cadre de l’organisation de ces Jeux
olympiques de 2024 je souhaite que nous puissions en lien avec le Comité
des Jeux olympiques et dans le cadre de ce partenariat entre l’Union
européenne et l’Union africaine organiser le développement et
l’investissement dans ces infrastructures sportives et ces
installations.
Cette initiative que je souhaite porter d’envergure européenne
reconnaîtra le sport comme un puissant vecteur de développement et de
croissance des économies africaines. L’économie du sport ce ne doit pas
seulement être la vente des maillots même quand ce sont les maillots des
meilleures équipes européennes, ce qui est parfois et souvent le cas
dans beaucoup de villes en Afrique, même si je ne saurai m’opposer à la
vente du maillot de l’Olympique de Marseille, mais cela doit aussi être
le développement d’une vraie filière économique ici en Afrique.
Et là aussi en matière de sport il est nécessaire que les jeunes
Africains aient les infrastructures qui leur permettent de s’entraîner
pour les Jeux olympiques mais que dans cette période de temps qui nous
est offerte nous puissions avoir une vraie stratégie commune pour
développer ce secteur économique et cette création de richesse. Je
porterai dans les prochaines semaines une initiative rassemblant de
grands acteurs du monde sportif qui encouragera à la fois les
investissements dans le domaine des équipements sportifs et les
investissements des sportifs dans l’économie africaine.
Enfin, en nous retrouvant ensemble par ce qui nous unit par-delà ou
par avant la culture et le sport dans cet amphithéâtre même le ciment
principal qu’il y a entre nous, celui tellement évident qu’on finit par
ne plus le mentionner, c’est la langue, j’allais dire la langue
française. Oui, c’est bien la langue française mais à vrai dire il y a
bien longtemps que cette langue française, notre langue, n’est plus
uniquement française. Elle a parcouru le monde entier et elle est ce qui
nous unit. Notre langue française c’est une chance pour nous et notre
langue a un avenir, ça n’est pas simplement un patrimoine à protéger et
cet avenir se joue pour beaucoup en Afrique, ici.
Son avenir, son rayonnement, son attractivité n’appartient plus à la
France. La francophonie c’est un corps vivant, un corps par-delà nos
frontières dont le cœur bat quelque part pas loin d’ici. Et je veux que
vous ayez conscience de cela, moi j’en suis fier, je suis fier que la
langue dans laquelle je suis né, à laquelle je dois tout, la langue dans
laquelle on m’a fait grandir, par laquelle je peux convaincre, la
langue par laquelle quelqu’un comme moi qui vient d’une famille de
province peut devenir président de la République française parce qu’il
apporte des arguments et des émotions à d’autres qui à un moment le
suivent, ce soit aussi votre langue.
Je veux une francophonie forte, rayonnante, qui illumine, qui conquiert
Soyez-en fiers parce que c’est une langue qui va permettre à une
jeune fille burkinabé de faire la même chose demain, de convaincre les
jeunes de sa génération et de prendre les responsabilités, d’aller
conquérir quelque chose qui n’est pas forcément à elle au début, cela
nous l’avons en partage. Alors je vous le dis très simplement, faîtes le
vivre, ne la regardez pas comme une langue que certains voudraient
ramener à une histoire traumatique, elle n’est pas que cela puisqu’elle
est la langue de vos poètes, de vos cinéastes, de vos artistes, vous
l’avez déjà réacquise, vous vous l’êtes déjà réappropriée ! La langue
française du Burkina-Faso, la langue française du Sénégal, elle n’est
déjà plus seulement française, elle est déjà la vôtre, alors portez-la
avec fierté !
Et cette francophonie, ce n’est pas la francophonie française, non,
elle a depuis bien longtemps échappé à la France. Je veux une
francophonie forte, rayonnante, qui illumine, qui conquiert parce que ce
sera la vôtre, portez-la avec fierté cette francophonie, défendez-la,
mettez-y vos mots, mettez-y vos expressions, transformez-la, changez-la à
votre tour ! Parce que je vais vous faire une confession, le français
que nous avons appris les uns et les autres a été un moment figé par une
académie comme un instrument de pouvoir, même si elle fait un travail
formidable évitant certaines dérives de certains qui confondent le
combat politique avec l’anecdote du temps.
C’était un travail important mais avant ce Français classique de
l’Académie il y avait un français irrigué de tant et tant de patois et
de langues vernaculaires, lisez le français de Rabelais, vous vous
rendre compte ! Mais le français d’Afrique, des Caraïbes, de Pacifique,
ce français au pluriel que vous avez fait vivre c’est celui-là que je
veux voir rayonner, portez-le avec fierté, ne cédez à aucun discours qui
voudrait en quelque sorte renfermer le français dans une langue morte
ou combattre le français comme une langue trop chargée par un passé qui
n’est pas à la hauteur du nôtre ! Non, allez avec une francophonie
conquérante et je serai à vos côtés !
Pour cela, j’ai décidé que le représentant personnel du président de
la République française pour la francophonie ce ne serait pas comme
classiquement un ministre, ce serait une personnalité à part, c’est
pourquoi j’ai demandé, je remercie d’avoir accepté, à Leïla SLIMANI qui
est ici à mes côtés de prendre cette fonction. Parce qu’elle écrit et
qu’elle fait vivre cette langue, notre langue, de part et d’autre de la
Méditerranée dans des imaginaires mêlés et qu’elle appartient à une
génération qui veut cette conquête, qui veut ouvrir cette nouvelle voie
en marche, oui.
Et je lui ai demandé d’abord avec vous et toutes celles et ceux qui
voudront participer à ce défi, de conduire en lien bien entendu avec
l’Académie française dont je veux ici saluer le rôle et l’engagement
tout personnel de madame Hélène CARRERE d’ENCAUSSE qui avec beaucoup de
rigueur et de détermination porte notre langue française et son
exigence, en lien donc avec l’Académie française qu’elle puisse
progressivement construire un dictionnaire de la francophonie plus
riche, plus large que le français de France mais qui est ce français de
la francophonie que nous avons en partage, avec les auteurs, les
intellectuels, les créateurs de toute la francophonie.
Je lui ai demandé aussi en s’entourant de plusieurs intellectuels
africains, je pense notamment à Alain MABANCKOU, de réfléchir à un
nouveau projet pour la francophonie pour en faire un outil de
rayonnement culturel pour la création africaine, un instrument au
service de l’intégration économique, c’est cette ambition que nous
devons avoir pour la francophonie ! La lutte pour la francophonie c’est
la volonté de réinventer dans cette langue que nous avons en commun un
avenir heureux, là où nous aurions pu n’avoir qu’un passé fait de
traumatismes.
C’est cette volonté de dire nous avons des formidables opportunités
de richesses culturelles, de création, d’imaginaire en commun mais aussi
d’opportunités économiques parce que nous aurons un espace linguistique
d’une puissance inédite à travers tous les continents et au premier
chef en Afrique ! Se renfermer sur telle ou telle langue, refuser la
langue française pour avoir un effet de mode pour la langue anglaise
dans le continent africain c’est ne pas regarder l’avenir ! Le français
ce sera la première langue de l’Afrique et peut-être du monde si nous
savons faire dans les prochaines décennies, prenons ce défi ensemble,
allons-y, portons-le !
Mais je vous le dis non pas comme on donne une leçon, non pas en vous
disant « je veux que ce soit ainsi », je vous le dis très simplement,
je crois très profondément que c’est bon pour nous tous, mais ça ne
dépend que d’une chose, votre volonté, votre détermination.
Je voulais vous dire de cette nouvelle histoire de la francophonie
que nous ouvrons avec Leila SLIMANI, de cette nouvelle ambition et
j’aurai l’occasion en début d’année prochaine d’en détailler toutes les
ambitions et d’expliquer cette nouvelle page de la francophonie qu’avec
vous, je veux pouvoir écrire.
Soyons conquérants, soyons ambitieux ; et je serais après demain au
Ghana pour illustrer cette approche dans un pays anglophone qui se
tourne vers la francophonie, qui fait ce choix, qui fait ce pas en
avant.
Je veux ensemble que nous ayons cet esprit de conquête, je veux qu’il y ait une ambition partagée.
Voilà Mesdames et Messieurs au moment de se retirer je crois qu’il
est de coutume ici au Burkina Faso de demander la route. C’est ce que je
vais faire en vous demandant non seulement la route mais aussi les
destinations que nous devons prendre ensemble. Au bout de cette route
nous avons le choix entre l’envie de nous retrouver ou la tragédie de
nous ignorer. Je vous propose non seulement de nous retrouver, mais de
ne plus nous séparer.
Felwine SARR écrit cette belle formule « l’Afrique n’a personne à
rattraper, elle ne doit plus courir sur les sentiers qu’on lui indique,
mais marcher prestement sur le chemin qu’elle se sera choisie ».
Alors marchons ensemble sur ce chemin si vous en êtes d’accord et
apprenons à nous aimer fort de notre histoire partagée et de notre
devenir commun.
C’est la proposition que je suis venu vous faire aujourd’hui avec
beaucoup d’humilité. C’est la même proposition que je ferai demain à mes
homologues africains et européens.
Vous ne lirez jamais chez moi des leçons pour l’autre, vous ne lirez
jamais chez moi non plus des propos faciles pour faire plaisir, vous
l’avez compris, mais vous trouverez toujours une exigence partagée parce
que j’ai la volonté de réussir avec vous ; alors quoi que nous
puissions en dire demain cette route comme cette destination elle est
entre vos mains, parce que c’est vous qui connaissez la route. Je vous
remercie. »