samedi 17 mars 2018

Interview de Guillaume Ancel dans Jeune Afrique : un réquisitoire contre une armée criminelle réarmant les génocidaires

Par Julie Amadis
#IpEaVaEaFaF
le 17/03/2018


Je me souviens de la rencontre d'un ex parachutiste français pleurant quand Yanick Toutain parlait des vérités dévoilées dans le livre de François Xavier Vershave. Il avait sauté sur Kolwezi sur ordre de Giscard..
Cet homme juste après avoir écouté Yanick parler m'avait avoué "ne plus pouvoir vivre correctement", rongé par les remords. Yanick Toutain en avait fait une chanson "les larmes du para" (voir les paroles ci-dessous).
Un homme qui participe à des crimes sur ordre et qui ne fait pas plus tard le travail de Guillaume Ancel qui consiste à dénoncer ses chefs est à moitié mort...
Soldats Français, retrouver votre humanité en racontant la vérité !
Faîtes comme Guillaume Ancel !

"Les larmes du para Qui coulent trente ans plus tard Toi qui pars là-bas Il n'est peut-être pas trop tard De Centrafrique au Rwanda Les morts sur la conscience Sur ordre d'un président Les enquêtes de Medhi Ba Les crimes de leur France Les remords de trente ans"
Extrait de la chanson de Yanick Toutain, Les larmes du para

"J’ai aussi été menacé par quelqu’un qui m’a été envoyé par un ancien lieutenant-colonel de la Légion étrangère, qui est intervenu au Rwanda – l’un des défenseurs du “village Potemkine” que je viens de mentionner. Cette fois, il s’agissait de menaces physiques. Enfin, j’ai reçu des menaces très claires émanant de services de l’État, que je préfère ne pas détailler."
Interview de Guillaume Ancel Jeune Afrique





Guillaume Ancel est un des seuls militaires français à avoir osé briser l'omerta sur la participation active de la France dans le génocide au Rwanda en 1994 qui a fait 800000 morts.
Son livre témoignage "Rwanda, la fin du silence" est sorti hier dans les librairies en France.
A cette occasion certains grands médias sont sortis de leur silence sur cet énorme scandale et ont mis en lumière la responsabilité de l'Etat français dans le génocide.
Le monde y consacre un dossier intitulé 'les ambigüités de l'opération turquoise" et Jeune Afrique interview Guillaume Ancel.

Guillaume Ancel avait déjà commencé à briser l'omerta en 2017, il avait été interrogé par la revue XXI puis par France Info.




J'avais écrit un article reprenant son interview.



Génocide au Rwanda : "On nous a demandé de livrer des armes aux génocidaires" l'officier français Guillaume Ancel témoigne

Dans l'interview de Jeune Afrique, l'officier ne fait pas de nouvelles révélations sur les faits impliquant la responsabilité de la France dans le génocide.
  Il ajoute à son premier témoignage les méthodes  de la Franceàfric pour faire taire tous les militaires qui voudraient dire la vérité sur les crimes auxquels ils ont participé.


LES MENACES DES SERVICES DE L’ÉTAT CONTRE GUILLAUME ANCEL



Guillaume Ancel a mis 20 ans avant d'oser dire ce qu'il savait de l'implication de la France dans le génocide. Pourquoi tout ce temps et pourquoi les militaires français ne parlent-ils pas ?

L'explication on l'a à la fin de l'interview.

Guillaume Ancel évoque des menaces qu'il a subies de la part des protecteurs des intérêts Franceàfric.

"
Ils ont exercé sur moi, via des intermédiaires, des pressions d’un autre âge. J’ai, par exemple, été menacé dans mon boulot en des termes qui rappelaient étrangement ceux prononcés par le président du colloque que j’évoquais précédemment. Si je n’avais pas bénéficié du soutien de réseaux soucieux de la transparence démocratique, il est clair que j’aurais alors perdu mon emploi.
J’ai aussi été menacé par quelqu’un qui m’a été envoyé par un ancien lieutenant-colonel de la Légion étrangère, qui est intervenu au Rwanda – l’un des défenseurs du “village Potemkine” que je viens de mentionner. Cette fois, il s’agissait de menaces physiques. Enfin, j’ai reçu des menaces très claires émanant de services de l’État, que je préfère ne pas détailler." Interview de Guillaume Ancel Jeune Afrique

On comprend à travers ces quelques mots que cet officier courageux, qui a brisé l'omerta, a peur,  et qu'il ne nous dit pas tout de ses agresseurs et des menaces reçues. 

Enfin, j’ai reçu des menaces très claires émanant de services de l’État, que je préfère ne pas détailler
A ces menaces s'ajoute un arsenal juridique mis en place par la Franceàfric pour protéger ses crimes.
Les interventions militaires criminelles ont le titre "secret défense" ce qui interdit à quiconque y ayant participé de s'exprimer sur le sujet sous réserve de commettre un délit et d'être puni.

Lorsqu’on a eu accès à des informations ou qu’on a participé à des interventions classifiées, le fait de quitter l’armée ne change rien à l’obligation de confidentialité, qui continue de s’exercer. Ce qui veut dire que si l’opération Turquoise avait été classifiée « secret défense » ou « très secret défense », je ne pourrais pas en parler aujourd’hui sous peine de commettre un délit, voire un crime.
Le problème, c’est qu’en alimentant cette fable d’une opération humanitaire, les autorités de l’époque ont oublié de classifier toute une partie de cette opération. C’est ce qui me donne la possibilité légale d’en parler sans trahir un secret. Interview de Guillaume Ancel Jeune Afrique
En février 2014 Paul Quilès ex-ministre de la défense de Mitterrand menaça Guillaume Ancel en public.
Il était invité à un colloque de la Fondation Jean Jaurès, le think tank du PS.
Il a pris la parole et a témoigné sur le génocide.
Ses propos n'ont pas plu du tout aux intervenants et en particulier à Paul Quilès, l'ancien ministre de la défense de François Mitterrand, qui l'a agressé verbalement.

"Début 2014, à quelques semaines de la 20e commémoration du génocide,  j’ai été invité à un colloque destiné à faire le point sur le rôle de la France au Rwanda, réunissant diplomates, historiens, hommes politiques, juristes… Il était organisé par un grand parti français et présidé par un homme politique qui avait participé très activement à la Mission parlementaire d’information, en 1998 – je ne peux donner davantage de précisions car cet événement faisait l’objet de règles de confidentialité. [Organisé par le parti socialiste, le colloque était présidé par un ancien ministre de la Défense de François Mitterrand, Paul Quilès, par ailleurs ancien président de la Mission parlementaire sur le Rwanda.]
Lorsque j’ai livré mon témoignage, j’ai vu, aux quarante mâchoires qui se décrochaient autour de la table, que mon témoignage n’arrangeait pas du tout la plupart des participants.
Comment ont-ils réagi ?
Le président du colloque s’est levé, il a pointé son index dans ma direction et m’a dit d’un ton comminatoire : « Je vous demande de ne pas témoigner sur ce sujet car vous risqueriez de créer de la confusion quant à l’image que se font les Français du rôle qu’a joué leur pays dans le génocide du Rwanda ! » C’est à ce moment-là que j’ai compris que j’avais bien trop attendu et que mon témoignage aurait dû être mis sur la place publique depuis longtemps."Interview de Guillaume Ancel Jeune Afrique


CE QUE LA DGSE, DGSI, L'ÉLYSÉE NE VEULENT PAS QUE LES MILITAIRES DISENT

  Mitterrand avait décidé de soutenir le régime fasciste rwandais destabilisé par l'offensive des Inkontanyi.
Il s'est appuyé sur un accord de coopération militaire signé par Valéry Giscard d'Estaing en 1975 pour venir en aide aux génocidaires.
Les soldats français ont soutenu les FAR en 1993, le prétexte au début a été de protéger les ressortissants français au Rwanda. Sauf que 680 militaires ont été envoyés pour la protection de 400 civils !
L'objectif était d'empêcher les anti fascistes du FPR d'atteindre la capitale.
Tous les moyens étaient bons pour soutenir les FAR !
"En intervenant aussi directement dans les combats, l'armée française contribuera à modifier le cours de l'histoire rwandaise en maintenant artificiellement au pouvoir une clique aux ambitions génocidaires." Mehdi Ba UN GÉNOCIDE FRANÇAIS 1997
Éditions l'esprit frappeur.

 Guillaume Ancel a dénoncé le fait que l'armée française ait armé les génocidaires.

Lire mon article de Marocleaks où je reprends toute l'interview de Guillaume Ancel en 2017 en la commentant.

Génocide au Rwanda : « On nous a demandé de livrer des armes aux génocidaires » l’officier français Guillaume Ancel témoigne

Le Monde reprend dans un article hier des extraits du livre de Guillaume Ancel qui vient de sortir dans lequel il explique qu'on lui a demandé de détourner l'attention des journalistes pendant qu'un convoi d'armes partait en direction des génocidaires.

"J'attends avec impatience le débriefing du soir auquel assistent tous les chefs de détachement du groupement. Nous sommes une douzaine autour de la table et j'aborde sans attendre le sujet du convoi, pour lequel on m'a demande de détourner l'attention des journalistes. Je sens que Garoh hésite et cherche ses morts :
"Ces armes sont livrés aux FAR qui sont réfugiées au Zaïre, cela fait partie des geste d'apaisement que nous avons acceptés pour calmer leur frustration et éviter aussi qu'ils ne se retournent contre nous."
Je suis sidéré.
"Attendez, on les désarme, et ensuite on va leur livrer des armes, dans des camps de réfugiés, alors que ce sont des unités en déroute, sans doute liées aux milices et, pire encore, au ravage de ce pays ?"
Garoh me répond avec son calme imperturbable.
"Oui, parce que les FAR sont à deux doigts d'implorer et d'alimenter effectivement les bandes de pillards. En donnant ces armes à leurs chefs, nous espérons affermir leur autorité. De plus, nous ne sommes que quelques centaines de combattants sur le terrain, et nous ne pouvons pas nous permettre le risque qu'ils se retournent contre nous, alors que le FPR nous menace déjà.
Lemoine, son adjoint ajoute pour l'aider :
"Ancel, nous payons aussi leur solde, en liquide, pour éviter qu'ils ne deviennent incontrôlables, ce que nous sommes souvent obligés de faire dans ces situations."
Je trouve le raisonnement court-termiste et indéfendable : comment avaler qu'en livrant des armes à ces militaires nous améliorons notre propre sécurité ?
Je leur rappelle que nous n'avons plus vraiment de doutes sur l'implication des FAR dans les massacres de grande ampleur qu'aucun d'entre nous ne comme encore "génocide". Mais Garoh stoppe là le débat, même s'il semble troublé aussi par cette situation." Le Monde

Dans l'interview de Jeune Afrique d'avant-hier,  Guillaume Ancel rappelle qu'il a été témoin direct d'une livraison d'armes.

Durant la seconde quinzaine de juillet, dans un camp de réfugiés au Zaïre, j’ai par ailleurs assisté à une livraison d’armes par la France à ces mêmes forces gouvernementales, alors qu’on savait pertinemment qu’elles avaient commis le génocide.
Interview de Guillaume Ancel Jeune Afrique

Guillaume Ancel n'est pas le seul militaire à avoir témoigné, même si ils sont très peu...

Thierry Prungnaud dans la revue XXI expliquait que sa hiérarchie l'empêchait de porter secours aux rescapés Tutsi du génocide qui se trouvaient à Bisesero.


"
Les jours suivants, il affirme être empêché par sa hiérarchie de se rendre à Bisesero, où se cacheraient de nombreux rescapés tutsi. C'est alors qu'il désobéit.
Arrivé le 30 juin à Bisesero, il voit "des morts partout dans les hautes herbes, certains encore tièdes". Alerté, le commandement dépêche hommes et hôpital de campagne.
Selon le rapport d'un officier consulté par la revue, une patrouille était déjà passée à Bisesero trois jours avant et avait estimé à "environ 2.000" les rescapés tutsi. Le 30 juin, l'armée française ne dénombre plus que 800 survivants, rapporte Thierry Prungnaud. Ultime espoir du gendarme: témoigner de ce qu'il a vu. Convoqué en octobre 1994 au ministère de la Défense, il affirme qu'un général, dont il ne cite pas le nom, lui a dit: "Vous oubliez tout. Vous mettez tout à la poubelle.""

CONCLUSION


Livrer des armes aux génocidaires du Hutu Power, leur laisser le champ libre pour qu'ils puissent massacrer tranquillement, mais aussi former les génocidaires (c'est ce qu'avance Mehdi Ba dans son livre Rwanda : un génocide français).
C'est ce dont est responsable la France de Mitterrand avec le gouvernement Balladur.
Le Monde qui consacre - 24 ans après les faits - un dossier à peu près honnête dénonçant les responsabilités de la France, alors qu'il avait organisé une propagande mensongère sur un pseudo conflit ethnique à l'époque du génocide, écrit :

"L'inaction d'aujourd'hui", c'est l'immobilisme désespérant de la communauté internationale. De fait,  personne n'est intervenu pour stopper le génocide depuis son déclenchement, début avril. Personne, sauf les rebelles du FPR qui, village après village, contemplent avec stupeur le désastre des fosses communes laissées par les bourreaux.
L'"action d'hier", c'est un soutien français sans faille au régime en place. Un soutien qui est allé de la fourniture d'armes lourdes à l'instruction de troupes, en passant par la mise à disposition de conseillers militaires issus des forces spéciales françaises (1er PIMa 8° RPIMa). Dans la continuité de cette politique, il est logique, aux yeux des "faucons" parisiens, d'aider les alliés de la France, même s'ils se sont transformés en gouvernement du génocide."
La France de Mitterrand avec des ministres qui ont tous fait de belles carrières et dont une partie a toujours des postes de pouvoir important actuellement n'est pas juste complice du génocide comme tentent de le faire croire les Médiafric qui, devant l'énormité du scandale, essaient d'arrondir les angles.
Cette France que nous combattons inlassablement et appelons Franceàfric a organisé un génocide qui a fait 800000 morts.
Cette France là organisatrice d'un génocide existe toujours. C'est elle qui organise le génocide sanitaire qui fait 5830 enfants de moins de 5 ans morts chaque jour en Afrique Subsaharienne (chiffre UNICEF 2018).

Guillaume Ancel est un des seuls militaires à avoir osé dire la vérité.
Les pressions de l’État français ne sont rien à côté d'une vie de mensonges et de dénis sur les crimes commis.
Je me souviens de la rencontre d'un ex parachutiste français pleurant quand Yanick Toutain parlait des vérités dévoilées dans le livre de François Xavier Vershave. Il avait sauté sur Kolwezi sur ordre de Giscard..
Cet homme juste après avoir écouté Yanick parler m'avait avoué "ne plus pouvoir vivre correctement", rongé par les remords. Yanick Toutain en avait fait une chanson "les larmes du para" (voir les paroles ci-dessous).
Un homme qui participe à des crimes sur ordre et qui ne fait pas plus tard le travail de Guillaume Ancel qui consiste à dénoncer ses chefs est à moitié mort...
Soldats Français, retrouver votre humanité en racontant la vérité !
Faîtes comme Guillaume Ancel !


Les paroles de la chanson de Yanick Toutain

21 LES LARMES DU PARA

(Paroles et musique : Yanick Toutain 2006)

A FX Vershave et Medhi Ba dont les livres firent couler des larmes... 30 ans plus tard. Ce texte sera aussi dédié au para s'il accepte en guise d'amendement tardif de figurer sur le clip vidéo à visage découvert.



Les larmes du para Qui coulent trente ans plus tard

Toi qui pars là-bas Il n'est peut-être pas trop tard

Les larmes du para Qui sauta à Kolwezi

Sont les yeux qui se lavent

J'avais juste mentionné les dégâts Dans les livres qu'a écrit


François-Xavier Vershave




Les larmes du para Qui coulent trente ans plus tard

Toi qui pars là-bas Il n'est peut-être pas trop tard

De Centrafrique au Rwanda Les morts sur la conscience

Sur ordre d'un président

Les enquêtes de Medhi Ba Les crimes de leur France

Les remords de trente ans




Quand je le revois Le dimanche dans le même bar


Quelquefois Accoudé au comptoir

Il repense à chaque fois Je lis dans son regard

Et tremblent un peu ses doigts

Pour des ordres donnés il y a trente ans par Giscard




Les larmes du para Qui coulent trente ans plus tard

Toi qui pars là-bas Il n'est peut-être pas trop tard


























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