vendredi 10 octobre 2014

Après CAF et CCAS, CPAM et MGEN (2) Quand on est pauvre on attend

par Julie Amadis
18/9/1
Cet article fait suite à :

Après CAF et CCAS, CPAM et MGEN (1) La santé est un droit humain, pas une aumône de Martine Aubry


Se procurer la CMU suppose en plus d'être sous le seuil de pauvreté et d'avoir du temps pour attendre dans des salles d'attente.
Le pauvre a du temps à perdre pensent nos gouvernants.
Vendredi 12 septembre, j'ai passé deux heures et demie à attendre dans des salles d'attente !

En premier lieu, je suis allée à la MGEN, la mutuelle des enseignants du public. Depuis 4 ans, je suis affiliée à celle-ci. Je n'ai jamais attendu pour être reçu et jamais perdu de temps. La MGEN me prélevait 61 euros tous les mois sur mon salaire et tout roulait.

Ce vendredi, il y avait environ 20 minutes d'attente, c'est  une exception !

Quand on est pauvre, on a le droit d'être dans un endroit moche et d'être mal installé pour attendre

A la différence de la Caisse Primaire d'Assurance Maladie, c'est agréable d'attendre à la MGEN. Vous avez des sièges, une petite table avec des magasines pour adultes et des livres pour les enfants. L'endroit est agréable. Une grande baie vitrée laisse passer le soleil qui illumine la salle.

A la CPAM, c'est moche et triste. Cet organisme est implanté dans les locaux de la CAF. On pourrait comparer l'architecture de ce bâtiment à un grand hangar. A l'intérieur, l'espace de droite est réservé à la Caisse Primaire d'Assurance Maladie.
Ce sont les néons du plafond qui éclaire cet immense espace. Pas de lumière naturelle. Il ne faut mieux pas être claustrophobe pour ce rendre dans ce bâtiment ! Il y a des espaces dédiés aux allocations familiales, d'autres à la CPAM. Mais il n'y aucune indication claire et j'ai rencontré un nombre important de personnes qui comme moi étaient un peu perdu !

. Une partie de l'attente est debout ! Et la salle d'attente prévue pour les gens qui ont rendez vous et pour les autres qui ont déjà attendu à la première file se compose de trois rangées de sièges collés les uns derrière les autres. On ne voit pas le visage de son voisin ! Aucun magasine, pas de petite table... Rien pour rendre l'attente agréable.
On a bien compris qu'on était pas des clients puisqu'on est pauvre. Alors on ne fait pas d'effort pour nous. On attend debout 2h et assis 1H sans aucune distraction et puis c'est tout !

Quand on est enseignant et que l'on gagne bien sa vie, on a le droit au respect. On se soucie de votre opinion. A la MGEN ils n'ont pas envie que les profs viennent se plaindre d'avoir attendu debout une heure. Mais les pauvres, eux, on a pas peur qu'ils se plaignent.
 Par contre, c'est un peu plus compliqué quand vous devenez pauvre et que vous demandez à cette même mutuelle de prolonger votre contrat en CMU.

LETTRE DE RESILIATION MGEN OU PAS ?


La personne qui m'a reçue à la MGEN ne semblait pas sûre d'elle concernant la démarche à suivre. Les gens comme moi qui passe de fonctionnaire à RSAiste CMUIste ça ne court pas les rues ... Elle m'a demandé de faire une lettre de résiliation de contrat, ce que j'ai fait sur place.
Mais d'après l'employé de la CPAM je n'aurai pas dû résilier le contrat puisque la législation prévoit que la sécurité sociale soit gérée par la MGEN pendant un an (J'ai recherché cette législation sur internet, je ne trouve rien).
Il me fallait aussi une carte de mutuelle pour la CMU. A la MGEN ça n'existe pas, l'employé MGEN m'a remis une attestation - attestation que l'employé de la CPAM était sur le point de refuser parce que n'était pas le formulaire indiqué dans les documents obligatoires !

La CPAM (la Caisse Primaire d'Assurance Maladie) et ses interminables files d'attente

Me voici maintenant à la CPAM.

Il y a des gens partout, beaucoup attendent, d'autres cherchent et certains demandent des informations.

Parmi ces gens se trouvent quelques employés. Ce sont eux sur qui vous vous précipitez quand vous arrivez !...
J'ai rencontré 3 employés et fait trois files d'attente. Il était 13HO0 quand j'ai rencontré le troisième employé, ça faisait 1 heure que j'attendais ! Je lui demande :
C'est pour une demande de CMU
Il répond : vous allez attendre dans l'espace qui est ici. Vous avez bien tous vos documents ?
- Oui mais je peux savoir si ça va aller vite car j'ai rendez vous à l'épicerie sociale les Aubépines dans une demie heure.
- Vous n'y serez pas madame.
- Oui mais ça fait déjà une heure que j'attends.
- Sur mon ordinateur, je vois qu'il y a 1H20 d'attente.
- Serait-il possible de prendre un rendez vous ?
- Si vous prenez rendez vous ce n'est pas avant octobre.
- Ce n'est pas possible j'en ai besoin tout de suite. A quelle heure faut il venir pour éviter l'attente.
- A 8H30
J'ai donc perdu au total 2H de mon temps pour RIEN. Toujours pas de CMU en main.

DEUXIEME ATTENTE LE LUNDI


Je suis donc revenue le lundi à 8H30. J'ai attendu encore. Connaissant les lieux et le fonctionnement je n'ai fait que une seule file d'attente sur les trois de la fois précédente. Mais j'ai quand même attendu une première fois debout après avoir pris un ticket avec un numéro (cette fois ci je n'ai attendu que 15 minutes au lieu d'une heure ). J'ai attendu ensuite 1 heure assise dans la salle d'attente sans confort (voir description plus haut).

C'est un peu sous cette forme qu'est la salle d'attente de la CPAM
Les sièges sont disposés comme dans une salle de projection, les uns derrières les autres (vous ne voyez pas le visage des autres personnes). Il n'y a pas de revues, ni magazines, ni jeux pour les enfants.
Les enfants en bas âge deviennent rapidement insupportables dans ces conditions et on entend des enfants crier, des parents qui ripostent en alternant énervement contre l'enfant et phrase rassurante : "on y va bientôt".

GENS PERDUS DANS LE TUMULTE -
LES SANS DENTS DE HOLLANDE ?
ET LES ILLETTRÉES DE MACRON ?


Des gens perdus dans ce tumulte m'ont posé des questions, on fait quoi là ? On attend où ? On attend comment ?
Une assurée - une jeune femme - se met a dire tout haut :
"Mais ils ne pourraient pas mettre quelqu'un ici pour expliquer aux gens ce qu'il faut faire".
Un monsieur d'un certain âge ne comprenait pas comment fonctionnait la machine de ticket, puis à quoi servait ce ticket.
Comme le personnel semble en sous effectif, ce sont les assurés sociaux qui aident les autres assurés à se retrouver dans cet énorme labyrinthe.

Tout ça pour n'avoir, au final, en main qu'une lettre que la CPAM envoie à la MGEN leur demandant qu'elle prenne en charge la CMU à laquelle j'ai droit !

LES SANS VOIX VIVENT AU QUOTIDIEN
UNE "GALERE" GEREE PAR UN ETAT INCAPABLE

Mon ancien statut d'enseignante qui entre dans le royaume des gens du quart monde me permet de prendre conscience de ce que ces gens vivent au quotidien. Sans que l'on ne les entende se plaindre de quoi que ce soit. Ce sont les sans voix... Il n'y a pas de syndicat qui existe pour eux. Non, ils ont juste le droit d'être traité à longueur de journée "d'assistés". Assistés dans un État incapable de leur filer du boulot, dans un État qui fout à la porte une institutrice dont les parents et les enfants étaient contents (mais pas l'administration ...). On est victime mais comme on nous met dans le crâne que nous sommes des assistés. Personne n'ose l'ouvrir...

LA SOUPAPE VA PETER : 66% LE PREVOIENT

Mais quand tous les sans voix, les sans dents, les sans papiers, les sans domicile vont l'ouvrir, la soupape va péter !
Et ça pourrait être bientôt d'après un sondage IFOP "66 % des français pensent qu'une explosion sociale est possible"

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