mercredi 20 mai 2015

Réforme du collège 2016 Hollande-Valls-Vallaud-Belkacem : Coup d'État de la bourgeoisie dans les collèges

Manifestation des professeurs contre la Réforme du Collège 2016.
Mardi 19 Mai
Par Julie Amadis
#IpEaVaEaFaF
Le 20/05/15




Ça y est ! Hollande Valls et Vallaud-Belkacem ont osé faire paraitre leur loi au journal officiel.


Article 1

L'article D. 332-2 du code de l'éducation est remplacé par les dispositions suivantes :


« Art. D. 332-2. - Le collège dispense à chaque élève, sans distinction, une formation générale qui lui permet d'acquérir, au meilleur niveau de maîtrise possible, le socle commun de connaissances, de compétences et de culture défini en application de l'article L. 122-1-1 et dont l'acquisition a commencé dès le début de la scolarité obligatoire. »
à la place de
Article D. 332-2
Le collège dispense à chaque élève, sans distinction, une formation générale qui doit lui permettre d’acquérir au moins le socle commun de connaissances et compétences, défini en application de l’article L. 122-1-1 et dont l’acquisition a commencé dès le début de l’instruction obligatoire.
D’autres enseignements sont dispensés au cours de la scolarité obligatoire et complètent le socle commun dont la maîtrise est indispensable pour la poursuite des études, l’exercice de la citoyenneté et l’insertion professionnelle future.
Mais derrière ces subtilités grammaticales, c'est de tout à fait autre chose dont il s'agit : le
complément de la loi de flicage généralisé, c'est l'autoritarisme généralisé.
Et celui-ci, ce sont les chefs d'établissement qui vont devenir les barons locaux de la dictature dans les collèges.

Le chef d’établissement pourra s’appuyer davantage sur des coordonnateurs de discipline, de cycle et de niveau ainsi que des référents, dans la mesure où les missions de ceux-ci sont désormais reconnues grâce à des indemnités pour missions particulières. Ces indemnités de mission particulière peuvent aller jusqu’à 3 750 euros par an.
Les nouvelles modalités de constitution du conseil pédagogique, dont les membres sont désormais désignés par le chef d’établissement sur proposition des équipes pédagogiques, favorisent l’exercice de ses compétences : concertation, réflexion et animation pédagogiques.(Education.gouv)

LES BARONS ET LES BARONNETS
DÉJÀ EN 2008 AU COLLÈGE VARLIN DU HAVRE

On a donc les barons "chef d'établissements" et les baronnets "coordonnateurs de discipline, de cycle et de niveau ainsi que des référents,"


Quartier Caucriauville au Havre
De 2006 à 2008, je travaillais dans un collège "Ambition réussite". Le collège Varlin au Havre. Dans un quartier où sont parqués une partie des pauvres de la Ville.
Ambition réussite, c’était le nom du nouveau projet gouvernemental qui concernait les collèges situés dans les quartiers les plus défavorisés de France.
Le Réseau Ambition Réussite (RAR) est un plan de relance à l'éducation prioritaire lancé en 2006 par le Ministère de l'Éducation en France dont le but était de favoriser l'égalité des chances et l'articulation du projet d'éducation entre l'école, la famille et les partenaires. (Wikipédia)
A la rentrée 2006, je venais d'être embauché comme Assistante pédagogique dans ce collège. J'allais donc participer à la mise en place de ce "plan de relance".

2006: UN MINI COUP D’ÉTAT
DANS LES COLLÈGES AMBITION RÉUSSITE

Collège Varlin du Havre à Caucriauville
A cette époque, en septembre 2006, je n'avais pas encore conscience du mini coup d’État que la bourgeoisie avait fait dans les collèges des quartiers les plus pauvres de France. Je l'ai compris petit à petit, en observant, en allant aux réunions syndicales, en entendant les profs comparer l'année précédente et cette année nouvelle...
J'ai vu de l'intérieur l'autoritarisme d'une chef d'établissement : En septembre 2007, elle avait viré une assistante d'éducation. Cela s'était passé 15 jours après la rentrée. 15 jours après sa mise en fonction et sans motif...

C'est la même principale Carole Hervieu qui m'a virée en juillet 2008 après que j'aie dénoncé des violences en maternelle sur des petits de 3 et 4 ans. (Google n'a pas oublié et place toujours sur sa page ses "exploits" de protection de deux agresseuses de petits)
Car l'autoritarisme de ces chefs d'établissements est parfaitement compatible avec la protection qu'ils accordent aux enseignants qui tapent leurs élèves.

COLLÈGE AMBITION RÉUSSITE 2006
REFORME DU COLLÈGE 2016
LA GENERALISATION DE L'AUTORITARISME

Cette réforme du collège est très proche du projet "Ambition Réussite". Si celui-ci ne concernait que quelques établissements, c'est la généralisation du procédé qui est en cours.

Comme en 2006 avec le collège Ambition Réussite, un pouvoir important est donné au chef d'établissement.
Et comme De Robien l'avait fait, Belkacem enrobe son projet "de dictature du chef d'établissement" avec du beau papiers "pédagogies innovantes".

DONNER L'IMPRESSION QU'ON SE PRÉOCCUPE DE LA JEUNESSE


Le plan Ambition Réussite, c'était 1 an après les émeutes de Banlieue qui faisaient suite à la mort de Zyed et Bouna poursuivis des policiers
Des émeutes qui avait fait "trembler la France" ou plutôt le pouvoir et la classe dominante.

LE GOUVERNEMENT DE VILLEPIN VOULAIT DONNER L'IMPRESSION QU'IL
S'OCCUPAIENT DES BANLIEUES EN METTANT EN PLACE LE PLAN "AMBITION RÉUSSITE"

Le gouvernement De Villepin voulait donner l'impression qu'il faisait quelque chose pour les jeunes des quartiers.
Un projet pour les quartiers défavorisés est sorti. On a appelé le collège et les écoles qui l'entouraient  "réseaux Ambition réussite".

L'objectif était disaient -ils la "réussite pour tous les élèves de l’éducation prioritaire et un même niveau d’exigence pour tous les élèves de l’École de la République".

La réforme du collège 2016 a aussi son lot de grandes phrases à l'apparence humaniste. Il faut bien des beaux discours pour endormir le peuple et faire passer des vessies pour des lanternes.
"Le collège de 2016 devra mieux enseigner les savoirs fondamentaux, former à d'autres compétences et avoir un fonctionnement quotidien assoupli pour s’adapter à la diversité des besoins des élèves." lit t-on sur le site du ministère (éducation.gouv.fr)

LA FIN DE LA CONCERTATION :
UN CHEF D ÉTABLISSEMENT
QUI DÉCIDAIT SEUL DE TOUT

EN 2006 UN "COMITÉ EXÉCUTIF" PRENAIT LES DÉCISIONS
SANS LES PROFS, NI LES PARENTS, NI LES ÉLÈVES

L'organisation de ces collèges "spéciaux" aussi avait changé en 2006.
Les profs n'avaient plus le droit au chapitre comme auparavant.
Les décisions étaient prises au sein des comités exécutifs - Des comités exécutifs excluant les professeurs, les élèves et les parents d'élèves et prenant les décisions pour eux.
Le comité exécutif supplantait le Conseil d'administration dans lequel siège les délégués élèves, les délégués parents et tous les professeurs !
"Pour faciliter le travail en concertation dans les réseaux de l’éducation prioritaire, des “comités exécutifs” seront créés, avant le 1er mai 2006 pour les réseaux “ambition réussite” et d’ici la rentrée 2007 pour l’ensemble de l’éducation prioritaire.
Chaque comité exécutif est constitué du principal de collège, du principal adjoint et de tous les directeurs des écoles élémentaires et maternelles rattachées. L’IEN de la circonscription peut également faire partie de cette structure qui se substitue progressivement à toutes les instances de l’éducation prioritaire en devenant, dès à présent, l’instance de pilotage local de la politique mise en œuvre dans le réseau “ambition réussite”, et à terme, dans l’ensemble des réseaux de l’éducation prioritaire. Le comité exécutif prépare, harmonise, régule les mesures destinées à faire vivre le réseau et rend compte de son activité aux conseils d’administration des EPLE, aux conseils d’école et aux autorités académiques. Il s’appuie sur les compétences d’expertise et d’évaluation des corps d’inspection. Le coordonnateur devient secrétaire de ce comité exécutif, notamment chargé de préparer ses décisions et de les mettre en œuvre." (Bulletin Officiel Education Nationale)

LA REFORME DU COLLÈGE 2016 :
LA TOUTE PUISSANCE DU CHEF D’ÉTABLISSEMENT

Voilà où se cache le vrai projet gouvernemental. Celui dont ni les ministres, ni les médias ne parlent...
Le véritable projet : transformer les principaux en chef d'entreprise autoritaire.
Le chef d’établissement pourra s’appuyer davantage sur des coordonnateurs de discipline, de cycle et de niveau ainsi que des référents, dans la mesure où les missions de ceux-ci sont désormais reconnues grâce à des indemnités pour missions particulières. Ces indemnités de mission particulière peuvent aller jusqu’à 3 750 euros par an.
Les nouvelles modalités de constitution du conseil pédagogique, dont les membres sont désormais désignés par le chef d’établissement sur proposition des équipes pédagogiques, favorisent l’exercice de ses compétences : concertation, réflexion et animation pédagogiques.(Education.gouv)

LES RÉFÉRENTS : LES FUTURS CHOUCHOUS FAYOTS DU PRINCIPAL

On devine déjà que les référents dont parle la ministre seront les enseignants préférés du Principal. En 2006, au collège Varlin, il y avait des "maîtres référents" que les syndicats appelaient "super profs".
La FSU 93 dénonçait à l'époque
Analysons les transformations de pratiques professionnelles engendrées par « ambition -réussite » : les directrices et directeurs des écoles des réseaux ont été sommés de participer aux réunions des comités exécutifs, présidées par les principaux des collèges, afin de rédiger les fiches de missions des « super profs ». En Seine -Saint-Denis, il a été annoncé que les directeurs participeraient à l’évaluation des actions (donc des super-profs), et qu’ils seraient sollicités pour participer aux recrutements des « professeurs expérimentés »... Ces 1000 « super profs » (64 en Seine-Saint-Denis), issus du premier ou du second degré, seront affectés dans ces EP1 dans le cadre d’un mouvement spécifique avec signature d’un contrat individualisé. Nous assistons à une « caporalisation » de la fonction de direction d’école, devant répondre aux injonctions, se mettant à choisir les personnels et les évaluer. Cette « mise au pas » des directions d’école éclaire d’une manière différente la proposition ministérielle de protocole d’accord sur la direction d’école, protocole que le SNUipp vient de refuser de signer

LES PRÉFÉRÉS DE LA PRINCIPALE CAROLE HERVIEU

Ces profs étaient les seuls présents au comité exécutif. C'était les seuls à avoir voix au chapitre sur les grandes des décisions du collège. C'était aussi les préférés de la principale Carole Hervieu qui ne manquait pas de vanter leurs mérites auprès de l'Inspecteur et qui leur proposait les projets les plus en vue du collège.
LA PRINCIPALE DÉCIDAIT DES PROJETS PÉDAGOGIQUES VIA LE COMITÉ EXÉCUTIF INTERDIT AUX PROFS, PARENTS, ÉLÈVES
Quand je lis, en 2015, "Les nouvelles modalités de constitution du conseil pédagogique, dont les membres sont désormais désignés par le chef d’établissement", je me rappelle très clairement comment le comité  exécutif du plan Ambition Réussite de 2006 avait permis selon les dires des professeurs installés depuis plusieurs années dans le collège une "toute puissance de la principale" qui se permettait de décider de tout seule. Elle décidait des projets pédagogiques via le comité exécutif interdit aux profs, aux parents, aux élèves délégués ! Et c'est ce que prévoit la réforme du collège 2016 !

Les enseignants l'ont bien compris. Le Parisien met en lumière cet aspect de la réforme :
"Cette réforme qui fait la part belle à l'interdisciplinarité et à l'autonomie soulève beaucoup d'interrogations. À commencer par les EPI. "Qui va choisir parmi les huit thèmes proposés? Comment va-t-on les préparer? Qui va les encadrer? s'inquiète Francis Parinaud, jeune prof d'histoire-géo" (Le Parisien)

C'est le chef d'établissement qui décidera des EPI et de qui travaille avec qui.

Ce fonctionnement, je l'ai vu êtré pratiqué de 2006 à 2008 au collège Varlin classé Ambition Réussite.

LES FAYOTS ET LES CONTESTATAIRES

Il y avait les enseignants fayots qui étaient dans les petits papiers de la principale et les autres, syndicalistes, contestataires qu'elle n'aimait pas. Les premiers se voyaient proposer des projets intéressants agréables avec la publicité qui va avec, auprès des inspecteurs, des médias locaux... La bonne note administrative aussi...
 Les seconds étaient mis sur la touche, en avaient assez, se rebellaient pour certains, abandonnaient tout projet pour d'autres...

Les principaux syndicats de l’Éducation ont axé leur communiqué intersyndical sur ce point principal de la réforme dont parlent si peu les ministres et la droite contestataire :

"Communiqué intersyndical

Les organisations syndicales SNES-FSU, SNEP-FSU SNALC-FGAF, SNFOLC, SNETAA-FO, CGT Educ'action et SUD Éducation font le constat du maintien d'une réforme du collège contestée par la majorité des enseignants et rejetée au CSE par des organisations syndicales représentant plus de 80 % des enseignants du second degré.
Elles continuent à demander le retrait de cette réforme fondée sur l'autonomie des établissements et la multiplication des hiérarchies intermédiaires sous l'autorité du chef d'établissement et la reprise de discussions sur de nouvelles bases pour la réussite de tous les élèves.
Sans répondre aux véritables besoins du collège, cette réforme ne ferait en outre, si elle était mise en œuvre en 2016, qu'engendrer davantage d'inégalités entre les élèves, aggraver les conditions de travail des personnels, mettre en concurrence personnels, disciplines et établissements.
Dans un contexte déjà largement dégradé pour tous les personnels, elles appellent à poursuivre les mobilisations en cours, débattre en AG des conditions de l'amélioration du collège, multiplier les formes d'action et se mettre massivement en grève le 19 mai." (Demosphère)
En 2006, le plan "Ambition Réussite" était un mini coup d'Etat de la bourgeoisie au sein des collèges.
Des syndicats l'avaient dénoncé.
Mais comme ça ne touchait que quelques collèges, ça n'a pas fait trop de vagues.

Le coup d’État final a eu lieu aujourd'hui avec la parution au journal officiel de la réforme malgré la manifestation des professeurs la veille. Najat Vallaud Belkacem a montré l'exemple de ce qu'elle attend de tous les chefs d’établissements avec la Réforme : un autoritarisme sans faille.

Voir aussi :


141° jour d'exclusion d'une prof des écoles qui a dénoncé des violences à enfants commises par ses collègues

Que valent les déclarations de Najat-Vallaud Belkacem, ministre de l’Éducation Nationale quand elle exclut 2 ans une témoin de violences à enfants ?

5 jours avant ma suspension (puis mon exclusion 2 ans) de mon poste d'institutrice pour avoir dénoncé des violences à enfants, mes élèves avaient participé au projet "La grande lessive"

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